« les morts ne sont pas morts », cette assertion de Birago Diop est d’autant plus vrai qu’il ne se passe pas un jour sans que l’ombre de Ndongo Lo ne plane parmi nous. En effet Ndongo Lo, ce jeune artiste fauché par la mort à la fleur de l’âge est un de ceux qui auront du mal à tomber dans les tiroirs de l’oubli du fait de la dimension de l’héritage qu’ils ont laissé derrière eux . L’enfant de Pikine a quitté ce bas monde la tête haute car marquant son temps et celui d’après à l’encre indélébile . A revisiter ses chansons l’on est tenté de se poser la question de savoir comment en un rien de temps , un jeune de moins de 30 ans a –t-il pu réaliser de telles œuvres . Toutes ses chansons sont pleines d’enseignements.
Ndongo Lo, car c’est de lui qu’il s’agit, est resté un très court instant avec nous, seulement trente ans dont vingt cinq de galère et de lutte pour la survie. Donc l’artiste n’a disposé que de cinq ans pour remplir sa mission du point de vue artistique. Cinq ans relativement courts pour qui ne dispose pas de suffisamment d’arguments ou pour celui qui tergiverse sur les thèmes, les priorités de son temps.
Cinq ans en fait ont suffi au natif de Pikine pour monter à tout le monde que le vrai artiste c’est celui qui innove, qui s’inspire de toutes les situations, avec lui on a appris que ce n’est pas suffisant d’avoir une belle voix mais il était aussi essentiel de la coupler à une inspiration, une intelligence sans faille. Donc l’artiste avait le rare don de disposer de fond et de forme dans ses œuvres ; car nul ne doute de la beauté de sa voix ni de l’extrême rareté de ses thèmes. Porte étendard de la banlieue ,il revendiquait haut et fort sa provenance de la banlieue ,Pikine , ville qui l’a vu naître et grandir et qui lui était tellement chère qu’il disait « loumou goudi goudi loumou leundeum leundeum Pikine laay fanaan ».il fait ainsi partie des premiers qui ont entamé l’œuvre de dédiabolisation de la banlieue ;faire comprendre à qui veut savoir que l’on peut venir du plus profond de la banlieue sans moyen et finir à la plus haute marche du podium et ceci seul le travail peut nous le concéder .
Ndongo Lo Niang est venu apporter la rupture à une certaine tradition , bafouer l’ordre qui semblait préétabli constituant la source à laquelle viennent se désaltérer pas mal d’artistes actuels car ce que l’on note quand on prête attention à ce qui est entrain de se passer cinq après sa disparition que tous font du « Ndongo lo « ;si ce ne sont pas ses paroles , c’est sa voix sinon c’est tout simplement son look vestimentaire qui était propre à lui. Ainsi il avait raison quand il affirmait lors d’une soirée « maan maay gouy gou daargui khaleyi thi maan lagni dianguè yeeg ».
De nos jours le thème de la mère occupe une place centrale dans la chanson c’est grâce à Ndongo , actuellement presque tous les artistes nous gratifier d’une chanson dédié à leur maman .et en vérité ils sont de prés ou de loin été influencé par le fils de Mbagnick Niang qui, dès l’entame de sa carrière de sa carrière rendit hommage à sa mère et dans sa production posthume dans « seuy » qui est un chef-d’œuvre il rend un dernier hommage à sa mère « sama yaay dafdon yanou maat wouti keur baay mbagnick niang. Sama diabar djithi keurgui royaal sama yaay …. »sans compter le tube « beugnaa kou beug yayaam ».
Ndongo lo aura tracé le chemin qui est long et parsemé d’embuches mais comme il le soutient "deukou banekh boo guiss yoonwi dafay tiss boko gnemè banekhou boko gnemewoul doo deem baay banekhou boko gnemewoul doo deem baay banekhou ».il fait partie de ceux qui ont eu le courage de déblayer un terrain aussi cahoteux et si actuellement beaucoup de jeunes ont la latitude de s’affirmer sur la scène musicale ,ils le doivent en partie au disciple de serigne fallou qui affirmait sans cesse serigne fallou gnoun sougnouy mbiir dou diekh ndakh yaaw saay mbir dou diekh tè aam sang dou diekhlè diaam baa dou diekhlè daraa »il a raison car il s’en est allé certes mais son nom sera gravé jamais dans les anales de l’histoire.ce garçon avait un don indéniable car on se rend compte qu’il lui arrivé de créer séance tenante une chanson (conférez-vous au titre « mounoumalla bayi »)et ceci me donne l’occasion de rendre hommage aussi à l’équipe de musiciens qui se trouvaient derrière lui car suivre avec le rythme un artiste aussi talentueux qu’imprévisible n’était pas chose aisée . il avait vraiment un don pour la chanson de par sa voix et de par ses thèmes ,il l’a reconnu et l’a dit dans son morceau « lima done »il disait qu’il est devenu ce qu’il grâce à DIEU et l’autre est ce qu’il est car DIEU en a décidé ainsi « limadoon dou yaaw dou maan yallala »
Ndongo ,tu es certes parti mais tu es à jamais présent parmi nous car le vrai artiste ne meurt jamais dans la mesure où à chaque fois que l’on revisite son œuvre c’est comme une renaissance pour lui ; et toi même ne le disais tu pas dans ton tube intitulé fallou « ndanaan bou dewè dieuf dieu dou null ndakh netaligaa » . les générations contemporaines et celles d’après gagneraient à faire de ton œuvre et de ta vie un cahier de route pour affronter la longue marche que constitue la vie.
Ndongo tu allé certes comme un météore mais comme disait julie burchill « les larmes sont parfois une réponse à la mort. Quand une vie a été vécue vraiment honnêtement ,vraiment avec succès ,ou simplement vraiment ,la meilleure réponse à la ponctuation finale de la mort est le sourire ».Ce qui est à retenir en dernière analyse, sera une assertion de lui-même « ndanan buu danno jefja du nul ndax netaliga » donc tout artiste ou mieux toute personne ou qu’il puisse être doit jouer pleinement sa partition pour que, ultérieurement, quand il ne sera plus de ce monde, qu’on puisse revisiter ses œuvres avec fierté.
Le cas précis de Ndongo nous pousse à donner raison à Jean Cocteau qui affirmait « le vrai tombeau des morts c’est le cœur des vivants » l’artiste sera à jamais dans nos cœurs.
MALICK SAKHO (BERGAMO, ITALIE)
MALICK SAKHO(Italie).