« My Boy » ! Hélas ! Cette appellation, si familière et fraternelle, ne résonnerait plus dans notre salle de rédaction au Soleil, du moins, je ne l’entendrai plus de la voix de notre cher confrère et ami Adama Mbodj, arraché à notre affection, la nuit du jeudi, après être cloué au lit pendant près d’un mois à l’hôpital principal de Dakar. « Ne t’inquiète pas mon frère, je vais mieux maintenant », tenait-il, à me rassurer lors d’une visite durant son hospitalisation. Ce vendredi 25 décembre, il était 8h25mn lorsque mon téléphone sonne, alors que j’étais encore dans les bras de Morphée. J’ai sursauté du lit pour prendre l’appel. Quand j’ai vu le contact « Seck Soleil », qui était au chevet d’Adama à l’hôpital, s’afficher sur l’écran, je sentais déjà quelques frissons traverser mon corps tellement, ayant le pressentiment que ce coup de fil matinal n’annonçait rien de bon. Tout frémissant, j’entends au bout du fil : « Mon ami, tu es un croyant. Adama «nopalouna », (Adama s’est finalement reposé), il faut prier pour lui). Difficile d’y croire. Mais c’est la triste réalité ». Des paroles qui ont l’effet d’un coup de foudre !
Comme tout bon musulman, je m’en remets au Tout Puissant. Lui qui décrète sans demander avis à quiconque. Ses verdicts sont sans appel. Adama est parti. Parti pour toujours. Nous ne verrons plus ton beau sourire toujours logé au coin des lèvres encore moins tes plaisanteries qui nous faisaient oublier nos soucis et stress, le temps d’une journée. Des clichés de souvenirs défilent dans ma tête. Inutile de revenir sur les qualités humaines exemplaires, qui caractérisaient l’homme et qui forçaient son respect d’autant plus qu’elles ont été amplement évoquées par d’autres amis et confrères qui l’ont côtoyés.
Je voudrais plutôt rendre hommage au journaliste économique. Avec ton voyage sans retour, c’est également la presse économique qui perd un de ses plus valeureux représentants. Ta disparition a plongé dans la consternation et l’émoi tes confrères et consœurs du Collectif des journalistes économiques du Sénégal (Cojes). C’est grâce à toi que j’ai pu intégrer ce club précieux pour la formation de ses membres. Tu ne t’es pas arrêté en si bon chemin pour me faire aimer le journalisme économique. Tu m’as également remis dans ton bureau trois tomes du très volumineux livre sur l’histoire de la BCEAO que les services de cette institution t’avaient offerts à l’issue d’une formation.
Même si ta plume s’est asséchée à jamais, tu feras toujours partie de cette génération de journalistes qui m’ont marqués et qui ont écrit les lettres de noblesse de la presse économique. Alors que je venais de démarrer mon stage au Soleil, en juillet 2011, au desk économie, avec Malick Ciss (à l’époque chef du desk Eco), vous m’avez accueilli à bras ouvert avec un encadrement à la hauteur de mes attentes. Tes articles sur l’économie étaient d’une simplicité irréprochable, sans rien céder à la rigueur. Tu savais traiter, avec pertinence et professionnalisme, les sujets économiques notamment la pêche, ton domaine de prédilection. J’ai énormément appris à tes côtés, notamment quand nous allions en reportage ensemble. Avec toi, j’ai cosigné des dossiers, des reportages, des entretiens… Ce fut le cas en décembre 2013, lorsque l’Etat organisait pour la première fois une rencontre sur le Plan Sénégal émergent (Pse). Nous faisions les pieds de grue dans les couloirs de King Fahad Palace pour attendre le communiqué final du Chef de l’Etat sur ce programme qui venait d’être lancé.
Les pages économiques du « Soleil » se montrent déjà orphelines de ta disparition. Car cette belle plume, alerte et avertie, qui faisait partie celles qui animaient le desk Eco, s’est asséchée à jamais. Les témoignages entendus vendredi dernier, lorsque nous t’accompagnions dans ta dernière demeure, nous donnent une raison d’espérer. Nous ne verrons plus cette signature « Adama Mbodj » au bas des articles de l’astre de Hann. Un rayon du « Soleil » s’est assombri pour l’éternité, laissant des confrères, consœurs, amis, parents dans un environnement rédactionnel plongé dans une pénombre
Rest in peace Mon grand Adama
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