Dans le cadre de la campagne en vue du scrutin du second tour prévu le 25 mars, nous avons vu le candidat des FAL2012 axer principalement sa communication politique autour de ses chantiers pour l’achèvement desquels, il dit solliciter un troisième mandat de sept ans dont trois seulement auraient suffi pour son bonheur.

Que le candidat des FAL déploie  tous azimuts ses stratégies pour convaincre certains porteurs de voix que sont les marabouts de lancer les sirènes  du «  ndiguel » pour voler à sa rescousse, est j’allais dire de bonne guerre. Par contre , en tant que citoyen sénégalais ,partisan et adepte même d’un Etat fort et respecté à travers ses institutions, dont du point de vue de l’importance et de la prééminence le Président de la république est au promontoire de la hiérarchie républicaine, le voir dans cette posture penaude suppliant à la limite ses interlocuteurs à le soutenir pour cet ultime combat est d’une insoutenabilité déconcertante.
Abdoulaye Wade, qu’on le veuille ou pas, a joué un rôle éminemment salutaire et positif dans l’affirmation et l’affermissement de notre démocratie. Après 26 ans d’animation de notre opposition démocratique et 12 ans passés au pouvoir par la seule grâce de Dieu et du soutien du peuple sénégalais sans doute irrités et agacés par les 40 ans du régime socialiste plombé par son incapacité à répondre favorablement à la forte demande sociale si prégnante  et contraignante à l’époque, il serait bien inspiré d’observer un temps d’arrêt et de se mouvoir dans les dédales de l’introspection à laquelle il appelait les sénégalais de tous ses vœux et de toute sa verve à la suite  de la bérézina inouïe du  « joola »dont les sénégalais se souviennent et se souviendront encore longtemps jusqu’à la fin des temps. Et qui est à épingler d’un fer rouge dans son bilan de plus d’une décennie passée sous les lambris dorés du palais de la République.
De cette  retraite psychologique, il pourrait en ressortir fort de quelques leçons apprises dont l’intériorisation   lui serait certainement d’un grand coup de jouvence clairvoyante. La première est de se rendre à l’évidence que le pouvoir est corrosif. Par conséquent, il n’est pas indiqué de le poursuivre dans ses arcanes absolument déroutants et engloutissants.D’autres obsédés avant lui l’ont appris à leurs dépens et les exemples foisonnent de dictateurs voulant ériger le forcing comme mode de gestion du destin. On ne peut pas toujours et partout avoir la baraka avec soi. Il a passé allégrement et en roue libre « les premiers battus » du conseil constitutionnel, par une sorte de parapsychologie il doit savoir que toute tentative ou velléité de confisquer les suffrages au second tour lui serait inexorablement fatal.
Le grand général de gaulle dans son esprit chevaleresque disait qu’il fallait mieux quitter le pouvoir plus tôt que de le faire plus tard. Senghor dans un wolof   approximatif lui a emboité la voix en disant que « ngourr kendo ko gnedd ». Wade voue pour tous ces deux icones de la politique africaine un respect presque obséquieux. Leur sentence à propos du rapport qu’on doit instaurer avec le pouvoir pourrait lui être d’un très grand secours.
L’autre leçon sonnant comme un viatique est celle là renvoyant aux principes et règles élémentaires de gestion d’un Etat démocratique. Qui plus que lui et mieux que lui doit être convaincu du truisme et sacro saint principe de la continuité de l’Etat et des services publiques. Lui l’agrégé et ancien doyen de la faculté des sciences juridiques et économiques qui a passé plus de 26 ans de sa vie d’opposant à mener son combat contre le régime socialiste maintes fois sur l’échiquier du droit et des valeurs républicaines.
Quel jugement  va, aujourd’hui, avoir ses nombreux étudiants dont il entretenait magistralement des cours autour de ces concepts qui structurent les fonctionnements de tout Etat moderne ? Tant il est vrai comme soutiennent les experts des enseignements apprentissages qu’on enseigne que ce que l’on est. Mais je lui concède volontiers et en toute toute honnêteté intellectuelle, qu’il est un véritable orfèvre de notre démocratie pour avoir souffert le martyr aux fins de la consolider, je l’ai déjà dit plus haut.
J’ose croire, simplement, qu’il est victime des artifices décervelant du pouvoir et des nombreux prestiges qu’il offre. Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument disait l’auteur de L’ESPRIT DES LOIS. En tant qu’un des icônes de l’intelligentsia sénégalaise et africaine connu et reconnu de la grande communauté des penseurs même s’il faut tempérer cette peinture dithyrambique avec sa stature de bête politicienne concevant la politique comme un simple jeu de gladiateur où en plus d’être un Léviathan ,il faut aussi être un boulanger aux mains expertes à même de toujours rouler ses adversaires dans la blanche farine, il doit avoir mal dans le tréfonds de sa conscience de soutenir polititiquement une telle  ineptie. Que même un indigent étudiant de première année de droit peut avec brio battre en brèche.
Au nom de l’éthique et même de la morale politique, c’est une hérésie que de manière hypocrite on veuille immoler la science sur l’autel de la politique politicienne avec comme seule ambition de se faire adouber par des religieux pour qui vous avez tout au long de cette campagne manifesté un minuscule respect. Comme en atteste d’ailleurs le balancement ,par un agent aux ordres, d’une grenade lacrymogène dans la zawiya  El hadj Malick ,où étaient agglutinés des fideles pour une panégyrie à la seule gloire de Allah et de son prophète.
Pour le symbole c’est un crime de lèse majesté perpétré qui a courroucé toute la communauté des croyants de ce pays. Qui en bloc, l’ont condamné à la hauteur de leur indignation tendue mais contenue.
  Clouant de ce fait au pilori la manœuvre inavouée visant par des moyens détournés de susciter le soutien des mourides pour la cause de sa réélection  en  les dressant subversivement contre leurs frères  tidjanes.
Et c’est l’occasion de saluer ici la hauteur d’esprit et la transcendance avec lesquelles toutes les sensibilités religieuses  ont géré cet opus de plus du régime de l’alternance qui sauf cataclysme pour cause de confiscation des suffrages sera alterné au soir du 25 février pour que très rapidement un plan de sauvetage et de refondation du socle de notre république soit implémenté au grand soulagement du peuple des républicains.
L’unité nationale , la paix sociale et civile commandent et exigent de la part de tous les acteurs de notre champ politique au sens étendu du terme , de poser des actes et de tenir des paroles allant dans le sens de consolider durablement ce qui constitue le ciment et le socle de toute nation à savoir notre commune volonté de vie en commun.
La destruction ou déconstruction d’un tel contrat nous plongerait à jamais dans un chaos sans fond dont on se relèverait difficilement.
Les marabouts comme tout le monde sait au Sénégal constituent une source intarissable en termes de stabilité de notre société. Ils constituent de véritables courroies de régulation sociale. Pour ce rôle ,on doit leur reconnaitre un statut particulier pour continuer à nous servir de rempart contre les démons de la division.
De ce fait, c’est poser des actes d’une immoralité perfide que de vouloir les enrôler comme de simples relais pour assouvir des intérêts propres à des clans ou des groupes. C’est pour nous prémunir contre de telles impertinences, que Kant dans une de ses maximes nous invitant à l’action morale dit : « Nous devons agir de tel sorte que nous traitons l’humanité en nous et aux autres comme des fins en soi et non des moyens. »

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