Au Djoloff la politique est marquée par des tendances et des démissions. Quels commentaires cela vous inspire ?
Je parle sous une responsabilité individuelle qui peut être demain partagé ou critiqué. L’essentiel est que tout ce que je dirai m’engage. Le constat est amer. Les tendances ont de tout temps existé depuis Senghor jusqu’ à Macky Sall en passant par Abdoulaye Wade. Mais si ce sont des tendances non assainies, c’est là où le problème se pose. Je pense qu’au niveau de mon parti, il faudrait que les gens comprennent qu’en dehors de la grande coalition qui s’appelle Benno Bokk Yakaar, notre parti est avant tout une alliance. Les tendances sont possibles mais quand elles sont exploitées à des niveaux où elles se confondent avec de l’inimitié c’est là où le problème se pose d’où il y’a lieu d’assainir, de vivre donc des tendances saines. Malheureusement, ce que nous sommes en train de vivre dans notre parti, est inquiétant et je pense qu’il y’a lieu de corriger immédiatement parce que souvent on le dit : c’est bon d’élargir, de participer à la massification de son parti mais il y’ a aussi un autre principe qui est très important. C’est ce que l’on appelle la fidélisation. La fidélisation des militants ne peut s’opérer que dans un cadre où l’on note de l’inimitié. Cela veut dire que quels que soient les différents leaders politiques que nous avons, ils doivent partager une même vision qui est une vision d’alliance pour la république. Mais ce que je trouve anormal aujourd’hui, c’est qu’un responsable X aille arracher un autre responsable qui était du même parti. Cela n’a pas de sens. Je pense que si on veut dénicher ou si on veut massifier le parti, ce n’est pas en allant récolter d’autres militants qui étaient déjà dans le parti. Malheureusement c’est ce que nous sommes en train de vivre quelque fois dans le département et ça inquiète beaucoup. Je pense qu’à un niveau supérieur, les différents responsables politiques devraient être à la hauteur, se dire que nous avons un objectif commun. Nous sommes en train de soutenir une seule et même personnalité, son excellence, le président de la république, Macky Sall. Je pense que le meilleur moyen de le faire, c’est de montrer qu’il y’a de la cohésion entre nous. Mais, il y’a simplement des manifestions qui peuvent être assimilées à simplement de la désunion. Je pense que si on veut aider son excellence, Macky Sall à réussir son programme et que si nous avons la volonté de le réélire, il faut aller pêcher ailleurs et non au sein de l’Apr. Cela contribue simplement à ternir l’image de notre alliance.
La transhumance est devenue monnaie courante au Djoloff. Etes-vous pour ou contre ce phénoméne?
Personnellement, je ne suis pas contre ce qu’on appelle la transhumance. C’est peut être les formules empruntées qui ne sont pas les mêmes. Mais, quand vous avez des éléments qui peuvent apporter quelque chose au parti et que ces éléments décident d’adhérer au parti, je pense que l’idéal, c’est de les accompagner. Mais il y’a certaines formules qui ne sont pas les bienvenues. Je pense que quand des gens sont connus de par leur expérience, je ne peux pas citer d’exemple mais peut être ça ne se passe pas au niveau de ma localité mais ailleurs. Des gens qui ont eu à faire leurs preuves dans leurs partis, qui n’ont pas apporté beaucoup de chose à ce parti mais aujourd’hui simplement, parce qu’ils ont peur d’être laissés en rade et peut être qu’ils veulent faire une nouvelle vie et qu’ils intègrent le parti, je pense qu’il faut faire très attention. Et si ce sont des hommes de valeurs qui décident de nous rallier il faut les accompagner en tachant aussi d’insister sur la fidélisation parce que c’est facile de récupérer des militants et de procéder à ce qu’on appelle de la massification. Mais quand vous massifiez et qu’au même moment vous créez de la frustration pour les militants de première heure, là, je pense qu’il faut prendre ses gardes, essayer d’équilibrer e et savoir qui est qui. C’est bon chaque fois quand nous avons un nouvel adhérent, c’est un plus pour le parti parce qu’en matière d’élection, ce qui nous incombe plus, c’est des voix et des cartes d’électeurs donc quelle que soit la personne qui arrive et quand une nouvelle carte s’ajoute à notre scrutin c’est déjà important. Mais en politique, ce n’est pas seulement le scrutin qui est important. On dit souvent que les hommes se pèsent mais c’est en élection seulement que, les hommes se comptent. Et puisque nous sommes en politique, il faut aussi un poids politique. En politique, quand vous avez des hommes de grandes dimensions, quand vous avez des hommes d’expérience qui peuvent apporter quelque chose à son excellence le président de la république, Macky Sall, je pense qu’il faut aller vers ces gens-là, les contacter, les emmener dans le parti.
Mais en termes de massification, chaque fois qu’un élément organise un meeting pour dire que voilà on a acquis de grands responsables, ce qui ne correspond pas souvent à la réalité, vous créez en même temps de la frustration au niveau du parti surtout en ce qui concerne les militants de première heure. Il y’a lieu d’équilibrer, de surveiller les différents mouvements. Aujourd’hui, au niveau du parti Apr, la plus grande bataille, est la bataille de la fidélisation qui commence d’abord par une cohésion au niveau du sommet jusqu’à la base il faut que l’ensemble des leaders politiques comprennent qu’ils doivent viser un but commun qui est d’accompagner le président de la république. Mais ça me surprendrait quand-même qu’on reste 4,5 ou 6ans sans organiser la moindre réunion entre les différents responsables politiques. Mais chaque fois, c’est des meetings dispersés. Demain, c’est Monsieur Aly Ngouille Ndiaye qui va rencontrer un Monsieur X ; le lendemain, c’est Me Amadou Ka, dans le même quartier qui va rencontrer un Monsieur Y. Moi je voudrais que les tirs soient groupés. C’est à dire que ces responsables prennent l’engagement par devers eux, de s’organiser au niveau du sommet, d’agir ensemble, de montrer l’exemple, c’est possible, peut être que pour le moment, personne n’ose le faire. Aujourd’hui si quelqu’un est prêt à donner le ton, je suis sûr que les autres vont le suivre malheureusement tel n’est pas le cas aujourd’hui.
Le cumul de mandats occupe le devant de la scène. Comment appréciez-vous la destitution d’Aida Mbodj ?
La destitution d’Aida Mbodj correspond uniquement à une norme. La loi 96-11 l’avait déjà prévu. La loi dit que nul ne peut tenir plus de 02 mandats électifs et à ma connaissance, jusqu’en 2016, cette loi n’est pas encore abrogée. Donc, Aida Mbodj, ayant cumulé 03 mandats électifs, c’est normal qu’elle soit destituée de son dernier poste acquis.
Le chef de l’Etat décide même d’aller jusqu’au bout même pour ceux qui sont de l’Apr comment vous l’appréciez ?
Absolument! On est en démocratie, et quand on est en démocratie, cela suppose qu’on doit être équilibriste. Etre équilibriste veut dire qu’on ne peut pas vouloir protéger les gens de son parti et s’en prendre à d’autres de l’opposition. Le président Macky Sall, en bon démocrate a dit que la loi devra s’appliquer à tout le monde. S’il y’ a des gens visés, c’est une anomalie. Même au sein de l’alliance pour la république, s’il y’a des gens qui cumulé plus de deux mandats, je pense qu’ils doivent subir le même sort et doivent être destitués de leur poste ayant fait l’objet de cumul
Entretien réalisé par Ndéye Mingué SECK