L’actualité internationale semble s’arrêter cette décennie sur la question migratoire de l’Afrique subsaharienne. Des images-choc  et choquantes de CNN exposant de jeunes migrants vendus comme esclaves dans le no man’s land libyen au bras de fer des 79 migrants à bord du Nivin refusant catégoriquement de débarquer sur les terres brulées de Misrata, du regretté Kadhafi, l’Afrique a encore le mauvais rôle dans la marche de l’histoire.

Ces jeunes en mettant en péril leur vie, exigent le droit à la vie qui est universellement reconnu à tout être humain. Face à eux, une Europe égoïste du reste, qui s’enferme et se radicalise. Il semble clair qu’au nom d’un confort de vie et d’un laxisme politique sans précédent, on refuse la vie à d’autres individus.

Les crises socioéconomiques qui se sont succédé dans le monde capitaliste occidental ont viré l’Europe à droite voire l’extrême droite avec comme conséquence  majeure la priorité absolue aux questions sécuritaires. La célèbre phrase de Sartre : « l’enfer, c’est les autres » constituent le refrain d’une élite populiste accédée  au pouvoir grâce à la manipulation de la peur d’honnêtes citoyens. Migrants, réfugiés et demandeurs d’asile sont mis dans le même sac, accusés à tort d’être la source principale du malaise européen qui fait encore rêver.

Au sud du Sahara, la combinaison des mauvaises politiques publiques, le chômage endémique, la corruption, les conflits armés, la dégradation de l’environnement, les  pandémies et la misère ont fini d’installer un désespoir extraordinaire au sein de la jeunesse. Cette masse populaire vulnérable, désœuvrée et humiliée, qui n’a rien à perdre mais tout à prouver, ne recule devant aucun obstacle. Ainsi la chaleur accablante du redoutable Sahara, les violences des gardes frontalières, la furie de la méditerranée, les politiques répressives des pays industrialisés développés et même les insoutenables images  des grandes chaines de télévision n’ont rien pu dans le combat contre ce phénomène qui nargue ostentatoirement  le monde.

Pourtant si l’humanité a été capable de relever les défis du 21e siècle notamment le terrorisme et les maladies comme Ebola, il va sans dire qu’une forte mobilisation permettra sans doute de trouver des solutions inclusives à ce mal de notre siècle.

L’éducation et la formation constituent la première riposte africaine face à ce fléau. En effet le continent a le devoir d’assurer une formation de qualité qui est en adéquation  avec le marché de l’emploi et les exigences des normes internationales. Mais à quoi peut servir  une formation de qualité  dans un espace peu performant  à tout égard ? Etant entendu que le chômage – cause essentielle de départ – est intrinsèquement lié aux performances économiques et sociales d’un pays, le continent devra booster son industrialisation et réorganiser le secteur informel  pour la création massive d’emplois pérennes et décents.

La riposte passera aussi par l’installation de système démocratique adossé sur des Etats de Droits qui érigent la bonne gouvernance en mode de gestion. Le respect des droits humains avec le respect des libertés individuelles et collectives est plus que nécessaire. Dans ce désordre voulu et entretenu, on confond à dessein les différents types de migrants. Même s’il est avéré que la majeur partie fuient la pauvreté et la misère ; il n’en demeure pas moins qu’une bonne partie des migrants  sont contraints de quitter leur pays pour des raisons politiques ou de sécurité.

La riposte passera nécessairement par un changement de paradigme.  Jusqu’ici la logique répressive a été mise  en branle aussi bien dans les pays de départ que dans les pays d’accueil. Il convient maintenant de proposer un dialogue sérieux qui passe par une communication et une conscientisation réelle sur le mythe du mirage économique européen car la plus part des candidats à l’émigration  ne disposent pas d’informations réelles sur ce qui les attend une fois arrivée.

La riposte passera enfin et obligatoirement par la fibre humanitaire. La mondialisation a fait de la terre un village planétaire où tous les espaces sont interconnectés. Notre Humanité est au-dessus de toutes autres considérations d’appartenance communes : politiques, ethniques, géographiques… Lors de la seconde Guerre mondiale, l’Afrique et le reste du monde se sont levés comme un seul homme pour participer à la libération de l’Europe pour conserver notre part d’humanité. Aujourd’hui l’inoxydable et belle citation de Térence « Homo sum : humani nihil a me alienum puto» ainsi traduit « Je suis Homme, rien  de ce qui est humain  ne m’est étranger » devrait pousser l’Europe et le reste du monde en collaboration parfaite avec les dirigeants africains à aider sa jeunesse à se sortir de cette situation.

Sahir NDOYE

 

 

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