Pour son troisième numéro de référence, Mbeuleukhé.net va à la découverte d’un autre homme de Dieu, El hadji Maniang Arame Niang né en 1896.Ce numéro vous invite dans le monde invisible, mais aussi dans les faits historiques et religieux de ce Saint homme. Voici la vie et les œuvres de El Hadji Maniang Arame Niang racontées par ses fils, ses neveux, petits fils…
Fils ainé de MABOURY et d’ARAME KHOUDIA NIANG, EL HADJI MANIANG est venu au monde en 1896 à MBEULEUKHE. Ce petit fils de SA KHEWAR (roi céédo de la localité) est issu de la tige de NGONAK. Le nom « NGONAK » est une déformation de gonaké, mot wolof désignant un arbre épineux de taille grande qui faisait la particularité d’un marigot. Et lorsque SA KHEWAR décida de quitter guilé (lieu de culte situé à 1km du sud de MBEULEUKHE), il vint s’installer auprès de cet arbre qui porta, désormais, le titre de sa grandeur.», nous relate FATY BINAME DIOP (nièce du marabout). Cependant, Ngonak, qui s’employa, autrefois, pour désigner la gloire de sa khéwar, est aujourd’hui utilisé pour glorifier les œuvres du marabout instituteur.
A la suite de sa fameuse rencontre avec le diable sur la piste MBEYENE-MBEULEUKHE, le vieux aveugle ABLAYE THIABY, qui avait des dons de voyance, prédisait sa longévité et son avenir prodigieux. C’était le jour où il entama la sourate 72 (AL-JINN ou les DJINNS) que son maitre l’envoya chez son père. Alors qu’il n’est il n’est pas coutume de sortir ce jour là, surtout dans l’après midi ou au crépuscule. En effet, sur son passage, il apercevait une femme assise sur une roche mais lorsqu’il s’approchait d’elle, celle-ci disparaissait totalement de sa vue. Puis, à l’approche du village une bourrasque l’encercla. Ne pouvant pas tenir la pression du vent il resta sur ses quatre appuis. Cette bourrasque le frappa tel qu’il ne put plus marcher. Il se pencha alors sous un arbre. Sauvé par un passager, son traitement fut confié à une femme qui ne ménageait aucun effort pour son rétablissement. Mais cette dernière ne résista pas au sacrilège du diable. Une telle bourrasque la croisa sur le chemin du marigot et qui fit renverser le bassin qu’elle portait sur sa tête avant d’emporter son pagne. Toute nue, elle se pencha sous les haies vives de calatopis procera (paftone) en criant au secours. Par la suite, elle fit le tour de la famille pour se disculper avant de tirer sa pipe. L’histoire nous a été racontée par DAME MADOUNE (un de ses fils), repris par ATTA YACINE NIANG (une de ses veuves) et FATY BINAME DIOP (une de ses nièces).
Durant sa tendre jeunesse, l’illustre fils de MABOURY NIANG a eu à se déplacer dans tous les coins du DJOLOFF pour apprendre le coran, nous révèle son fils AMADOU NIANG surnommé DAME MADOUNE. Selon lui, il fut d’abord confié au « DAARA » (école coranique) d’AYIBE NGARANE à MBEYENE (village situé dans la communauté rurale de MBOULA, à l’ouest de MBEULEUKHE). Après une maitrise parfaite du livre saint, il découvrit d’autres horizons pour acquérir d’autres connaissances et approfondir ainsi ses études. C’est ainsi qu’il déposa ses balluchons chez MAKHARY DIA qui lui donna le « LAKHDARI » et le « RISSALA ». Ensuite, il séjourna deux ans à NDIANE (village situé à 15km à l’est de MBEULEUKHE) chez MATAR ALLESSANE pour continuer ces études. A l’âge de 39 ans (en 1935), il décida de rentrer afin de se rapprocher du MOUKHADAM d’EL HADJI MALICK SY. Arrivé en 1935, en 1936, il recevait la bénédiction d’EL H. DAOUDA DIA qui lui délivra le « LIDIASSA » et lui recommanda d’ouvrir un DAARA.
Débutant les cours avec ses fils et ses neveux dont ALI FAMA, MABOURY YEUMOU, LAMINE BOURY, KABOU DIOP…sous indication du KHALIF, il a été surpris par l’arrivée des fidèles qui venaient de tous les coins du village et même des villages environnants. Cependant, son DAARA n’était pas le seul implanté par EL H DAOUDA DIA, les autres DAARA que nous avons retenus sont ceux d’IDY SY et d’AMATH NEGUE à NDIANE (« quartier des premiers disciples d’EL H DAOUDA DIA ») et celui de DAME SAKHO à SANTHIE (« nouvelles habitations comme son nom l’indique en wolof »).
Ainsi, dans le but d’assurer la transmission du message divine, ordonné par le prophète dans son propos ci-après : « transmettez, sur mon ordre, même un verset seulement », de transmettre les préceptes de la religion dont le dogme fondamental est l’unicité de Dieu, la véracité de la prophétie et le caractère inéluctable du jugement dernier et grâce à son esprit d’ouverture, il rassemblait, tous les jours (à l’exception de jeudi et vendredi), sous son toit des jeunes garçons et filles, tous considérés comme ses fils ou petits fils.
Cet illustre homme a persisté dans cette mission qu’il a assuré durant presque 50 ans avant de le confier à son fils cadet MOUSSA ATTA NIANG.
Parmi ces disciples, on compte actuellement plusieurs imams et maitres coraniques répartis à travers le pays.
Par ailleurs, ce grand serviteur de l’islam accomplissait trois mois successifs de jeûnes et le « IKHTIKAF » pendant 11ans, nous explique ATTA YACINE NIANG. Le « IKHTIKAF » s’effectue pendant les 10 derniers jours du mois de ramadan. C’est une pratique qui se tienne dans une mosquée, un acte qui peut sauver, sur un espace de 2km2, tous les musulmans vivants et même inhumés dans cette zone. C’est dans la mosquée de « POKHO » (quartier occupé par les alliés de SA KHEWAR) qu’il débuta cette pratique. Mais deux ans après, EL HADJI LAMINE DIA (le KHALIF de l’époque), ayant compris l’importance de cet acte, lui recommande de le transférer dans la grande mosquée afin que toute la population puisse en bénéficier.
EL HADJI MANIANG est aussi connu pour ses œuvres menées sur le traitement de fractures, de déboitement… un pouvoir qu’il importa à son maitre AYIB NGUARANE.
En 1962, il décide de se rendre au pèlerinage à la Mecque.
Il tire sa révérence le jeudi 12 septembre 1996 et est inhumé dans la mosquée de POKHO.
Gallo Dame Niang