L’armée égyptienne a destitué, mercredi 3 juillet, dans la soirée, le président Mohamed Morsi et suspendu à titre provisoire la Constitution afin de trouver une solution à la crise que traverse le pays, reprenant la place qu’elle a longtemps occupée au centre du jeu politique en Egypte.
Le juge Adly Mansour, président du Conseil constitutionnel depuis deux jours, a été désigné par l'armée pour diriger le pays le temps de la transition. Il prêtera serment, jeudi 4 juillet, dans la journée.
Mohamed Morsi, premier président démocratiquement élu, investi il y a un an à peine, a été arrêté et conduit dans la nuit au ministère de la Défense. D'autres cadres dirigeants de la confrérie des Frères musulmans ont également arrêtés.
Les Etats-Unis, les Nations unies et d'autres pays n'ont pas qualifié le renversement de Mohamed Morsi de "coup d'Etat militaire" mais ont exprimé leur inquiétude et appelé l'armée égyptienne à restituer aussi vite que possible le pouvoir à un gouvernement civil.
A l'annonce de la destitution de Mohamed Morsi, après l'expiration de son ultimatum, la foule en liesse a salué cette décision.
De nouvelles élections
Le chef d'état-major a appelé de ses voeux l'organisation d'une élection présidentielle et d'élections parlementaires ainsi qu'à la création d'un comité de réconciliation nationale incluant les mouvements de la jeunesse.
Il a également prévenu que l'armée et la police répondraient à toutes les violences. Ses déclarations ont été accueillies par des cris de joie et des scènes de liesse sur la place Tahrir où sont rassemblés les opposants à Mohamed Morsi.
Aucun incident majeur n'a été a déploré dans la nuit dans la capitale égyptienne. De violents affrontement ont fait en revanche 14 morts et des centaines de blessés à Alexandrie, la deuxième ville du pays, Marsa Matrouh, également sur la côte méditerranéenne, et à Minya, à 250 km environ au sud du Caire.
L'armée quadrille la zone
L'armée égyptienne a déroulé des fils de fer barbelés autour de la caserne où se trouve le président Mohamed Morsi.
Des blindés et des véhicules de transport de troupes ont par ailleurs été déployés autour du site où se tient le principal rassemblement des partisans du chef de l'Etat pour les empêcher de marcher vers le palais présidentiel.
Dans un communiqué, l'armée nie vouloir s'en prendre à eux et assure qu'elle ne fait que sécuriser la zone.
Interdiction de quitter le territoire
Le président égyptien Mohamed Morsi et d'autres responsables des Frères musulmans se sont vus interdire, mercredi 3 juillet en fin de journée, tout déplacement hors d'Egypte.
Une liste de 40 noms qui a été remise aux services de sécurité des aéroports comprend ceux de Khaïrat al Chater et d'Essam el Erian, membres de la direction de la confrérie.
Plusieurs centaines de militaires égyptiens ont par ailleurs défilé près du palais présidentiel. Un conseiller de Mohamed Morsi avait auparavant annoncé qu'un coup d'État militaire était en cours.