Dans le but de renforcer la lutte contre la maladie à virus Ébola en Afrique de l’ouest, les Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO (Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest) ont tenu, le 6 novembre 2014 à Accra, une Session extraordinaire, au cours de laquelle, les États membres ont été invités à lever« les restrictions et interdictions sur les mouvements des personnes et des biens en direction ou en provenance des pays affectés, tout en assurant le contrôle sanitaire requis au niveau des frontières ».
Passée la réaction ambiguë du Ministre de l’Intérieur, le Président de la République, au cours de sa rencontre avec quelques responsables d’organes de presse, a clairement annoncé la décision du gouvernement de se conformer à la décision de la CEDEAO.

Certes, la fermeture de nos frontières avec les pays voisins touchés par l’épidémie a causé des désagréments de part et d’autre ; mais elle était nécessaire, vu que l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) avait déclaré à l’époque (8 août 2014) que la progression du virus Ébola en Afrique de l’Ouest échappait à tout contrôle. Il aurait été imprudent de la part des autorités sénégalaises de ne prendre des mesures de restriction fortes, compte tenu de la porosité de nos frontières.
Aujourd’hui le contexte est en train de changer favorablement, du fait d’une meilleure riposte des pays frappés par l’épidémie, une progression des connaissances sur le virus et surtout l’espoir que sous peu un vaccin contre le virus sera disponible.

A cela, il faut ajouter le professionnalisme de notre personnel de santé, qui a réussi à traiter et guérir au Sénégal un malade d’Ébola, là où d’autres pays mieux outillés ont échoué.

Maintenant, notre esprit de solidarité doit être réactivé, comme nous y invite la réunion d’Accra.

Aussi voulons-nous modestement proposer une méthode de gestion de la réouverture de notre frontière avec la République sœur de Guinée.
D’un commun accord, la Guinée et le Sénégal doivent procéder à la création de postes de contrôle et d’isolement aux points d’entrée officiels limités à deux ou trois. Pour le personnel de santé des deux pays, des résidences sommaires en bordure de frontière devraient être construites avec toutes les normes de sécurité. Le financement des installations devrait être assuré par les partenaires multilatéraux et bilatéraux, dont l’OMS et la CEDEAO.

Le même dispositif devrait être mis en œuvre à l’Aéroport Léopold Sedar Senghor.

A l’arrivée aux points de passage à la frontière, le personnel de santé des deux pays procède au contrôle des voyageurs.

Toute personne contrôlée et présentant des signes suspects comme la fièvre, serait placée au poste d’isolement. Au bout d’une période déterminée par le personnel sanitaire, si la personne ne développe pas le virus, l’autorisation de traverser la frontière lui est accordée.
En revanche, s’il est constaté que la personne développe le virus, les dispositions nécessaires seront prises pour son transfert par des moyens appropriés dans un centre de traitement spécialisé, doté d’un personnel de santé bien formé et bien équipé en Guinée. Aucun malade, ou personne susceptible de développer la maladie ne doit entrer dans le territoire du Sénégal.

Le virus étant réapparu au Mali, le même dispositif devrait aussi être mis en œuvre à la frontière avec ce pays frère.
Le dispositif ne garantissant pas l’imperméabilité de nos frontières, il se pourrait que des voyageurs tentent d’entrer au Sénégal, sans passer par les postes officiels. Il faudra donc, au préalable, mener une campagne de sensibilisation dans les différents pays, pour inciter les voyageurs à passer par les voies officielles, sous peine de reconduction immédiate à leur pays d’origine dès qu’ils seront appréhendés.

Habib Sy
Ancien Ministre

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