Très grosse perte pour le Sénégal et notamment le monde de la culture. Le célèbre tambour-major Doudou Ndiaye Coumba Rose est décédé, ce mercredi, à l’hôpital Aristide Le Dantec. L’homme qui a fêté récemment son 85e anniversaire, est rappelé à Dieu des suites d’une courte maladie. Doudou Ndiaye Coumba a assisté, hier, à la cérémonie de levée du corps de Vieux Sing Faye, qui ne l’aura finalement devancé que de 24 heures. Leral présente ses condoléances à la famille de l’illustre disparu.
Musicien percussionniste sénégalais , il a consacré sa vie au tambour .
C’est l’un des musiciens africains les plus célèbres du XXe siècle, « le mathématicien des rythmes, le grand maître des tambours, capable de diriger cent batteurs sur plusieurs rythmes en même temps »2.
Son instrument de prédilection est le sabar traditionnel, ainsi que ses nombreuses variantes (saourouba, assicot, bougarabou, meung meung, lamb, n’der, gorom babass et khine).
D’origine wolof, né en 1928 3 à Dakar, plus exactement dans un ancien quartier appelé Kaye Findive (l’actuelle Médina), il est issu d’une famille de griots. Son père qui est comptable ne l’encourage pas particulièrement dans cette voie. Cependant il manifeste son intérêt pour le tam-tam et les percussions traditionnelles africaines dès l’âge de 7 ans et a la chance de rencontrer El hadj Mada Seck, le meilleur tambour-major du pays, qui sera son maître pendant plusieurs années. Néanmoins il fréquente l’école française et travaille d’abord comme soudeur.
Passionné de cinéma, il va aussi voir, dans les années 1950, tous les films de Tino Rossi. L’orchestre symphonique, les cinquante violons et violoncelles qui accompagnent le chanteur l’impressionnent et il rêve d’en faire autant, à sa manière, dans son pays.
En 1959 il est remarqué par Joséphine Baker venue à Dakar, qui aurait confirmé sa vocation en lui disant : « Tu seras un grand batteur ».
L’occasion de se distinguer lui est donnée le 4 avril 1960 – jour de l’indépendance du Sénégal – lorsqu’il joue devant le président Senghor, dans le grand stade de Dakar, accompagné de 110 tambourinaires. Il entreprend alors un périple à travers le pays afin de consulter les anciens et bénéficier de leur connaissance des rythmes traditionnels.
Il exerce plus tard comme pédagogue de rythmique à l’Institut National des Arts de Dakar et sera chef-tambour des Ballets nationaux, au point d’être remarqué par le chorégraphe Maurice Béjart.
On le découvre en France en 1986 lorsque Doudou N’diaye Rose se produit lors du festival Nancy Jazz Pulsations, avec sa troupe composée d’une cinquantaine de batteurs. Il conquiert alors une notoriété au niveau international. En 1988 il collabore comme percussionniste à la bande-son de La Dernière Tentation du Christ de Martin Scorsese. L’année suivante il participe à Paris aux manifestations du Bicentenaire de la Révolution française, puis monte sur la scène du Zénith avec France Gall, Sénégalaise de cœur.
En 1993 il enregistre un disque avec Alan Stivell et d’autres artistes. Il s’est également produit avec Dizzy Gillespie, Miles Davis, les Rolling Stones, Peter Gabriel et Kodo, un groupe de percussions japonais.
Il revient au cinéma en 2000 et compose la musique du film Karmen Geï du cinéaste sénégalais Joseph Gaï Ramaka, un long métrage inspiré de la nouvelle de Prosper Mérimée, dans lequel il joue aussi son propre rôle.
En 2005 la carrière de ce griot talentueux qui a créé des centaines de rythmes et inventé de nouveaux instruments de percussion est couronnée dans son pays avec éclat lors du deuxième Gala de Reconnaissance.
En 2007, il est crédité sur l’album Year Zero Remixed du groupe de rock industriel Américain Nine Inch Nails pour un remix du morceau « The Warning » en collaboration avec Stefan Goodchild.
Compositeur et chercheur, il a inventé sans cesse de nouveaux rythmes dont celui de l’hymne national !
Il a créé la première école de percussion à Dakar où il enseigne les rythmes et forme pour la première fois un orchestre de femmes qui « battent tambour ».
Discographie
Son album le plus connu est probablement Djabote (Real World CDRW43), qui comprend 12 titres enregistrés sur l’île de Gorée en mars 1991. L’enregistrement a été réalisé en une semaine avec son groupe de cinquante tambours et la chorale de Julien Jouga, un chœur réunissant quatre-vingts interprètes, exclusivement des femmes.