Madiba vient de tirer sa révérence. Le moment reste symbolique. Il coïncide avec le Sommet de l’Elysée où on prétend discuter de paix durable en Afrique. C’est comme s’il demandait encore aux politiques africains présents à ce Sommet de commencer à s’inspirer de son combat pour ne pas se faire avoir une énième fois.

S'il y a quelqu'un qui a bien compris que la grandeur de l'être humain ne se résume pas par le nombre d'années qu'il a vécues mais par ce qu'il a réalisé de positif avant d’être rappelé au tout puissant Dieu, je pense que c'est bien Madiba. Face à l'injustice il a vendu sa liberté, il a failli mourir jeune comme son compatriote Steve Biko sauvagement assassiné par la police de l'apartheid.

A Robben Island, le méchant et roublard colonialiste qui se gargarisait d'être la crème de l'humanité alors qu'il n'en est pour rien avait voulu faire de lui une véritable machine efficace pour  écraser des cailloux mais il n'est pas parvenu à briser son esprit. La diva Brenda Fassie dans Black president n’a pas tort. Madiba s’était inspiré de l’histoire des Aborigènes, il a tenu bon pour défendre son peuple, la vérité a fini par triompher. Il a surpris l'ennemi ensuite. Ce dernier devrait surement s'attendre au retour du bâton mais on l'a gracié. En fait, avec beaucoup d’humilité et un esprit de dépassement il a misé sur la carte dialogue et réconciliation pour prendre sa revanche. Qu'est ce que c'est humain!
Maintenant lui rendre hommage par des mots seulement ne suffit pas. Ce n’est pas ce qui l’intéresse pour ceux qui connaissent l’homme. Vue les difficultés dans lesquelles patauge l'Afrique et particulièrement la partie francophone: mal gouvernance, corruption, instabilité politique, chômage endémique et humiliation de la part de l’Occident, je pense que la meilleure façon de lui dire merci et prier pour le repos de son âme est de continuer son combat en commençant par s'inspirer de lui. J’utilise bien le verbe commencer car jusqu'ici il me semble que nous ne nous sommes pas encore appropriés de son oeuvre qui est courage et volonté d'être libre. Ceux qui nous gouvernent aujourd'hui n'en n'ont une once.  

On joue sur leur sentiment, on leur fait signer une paperasse dont ils ne maitrisent point les tenants et les aboutissants. En témoigne l'argument brandi il y a quelques semaines pour quitter la cour pénale internationale même si il y a quand même lieue de se rebeller contre cette cour: « le tribunal pénal international ne s’acharne que sur les dirigeants africains ». Pourquoi n’ont–ils pas pris les dispositions nécessaires avant de signer et ratifier le statut de cette cour à l’aveuglette comme un Ronaldinho des grands soirs au Camp Nou qui distille ses passes sans regarder ses équipiers?  Quelle risée!
Osons le dire aussi, quand il s’agit de tester les fonctionnalités des “last cri“ de Apple ou encore Samsung pendant les réunions importantes où se scelle le sort économique et politique de la planète pour les prochaines décennies, ils rendent de bonnes copies. Dans le larbinisme aveugle pour protéger leur pouvoir despotique, ils livrent aussi des prestations XXL. Au finish, c’est toujours la puissance colonisatrice qui atteint son objectif puis revient en mission salvatrice pour duper encore. Si ce n’est pas l’opération Epervier c’est celle Licorne ou encore Serval. L’opération Sangaris  vient de voir le jour, elle est en marche au grand bonheur de ceux qui l’ont instiguée. En fait, ils verront bientôt leur nouveau laquais prêter serment puis présider aux destinées de leurs propres intérêts.

La dernière sortie de Tabou Mbéki laissant comprendre que dans le passé il a subi la pression de Tony Blair afin que Robert Mugabe soit conduit à la potence est salutaire mais le fer devrait être battu quand il était chaud afin que ça rime d'avantage avec la longue marche vers la liberté inspirée par un seul phonème: courage.

Cette longue marche vers la liberté n'est pas encore finie car d'après l'instigateur même, nous, peuples d'Afrique, nous ne sommes pas encore libres, nous avons seulement atteint la liberté d'être libres. 

Des obstacles, il en reste. Nos politiques doivent les franchir sans délais.

A mon humble avis ça passe par une seule solution : s’unir. Un seul gouvernement pour négocier sérieusement et librement avec le monde ; un seul passeport pour que du Cap au Caire les frontières sautent pour faire valoir la liberté de mouvement des peuples d’Afrique en Afrique et dans le reste du monde ; une seule armée composée de guerriers nombreux comme des fourmis dont la première mission sera la défense des ressources naturelles immenses du continent contre l’impérialisme et une constitution africaine qui garantit l’emplois aux peuples d’Afrique en exigeant fermement une transformation sur place des ressources de l’Afrique.

Après, Madiba reposera définitivement en paix.
 

Mamadou Mbengue

 

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