DAHRA ta ville-mère, te parle
Cher(e) enfant,
C’est avec le cœur meurtri que je t’écris pour te faire part de la situation désastreuse que je vis depuis que tu m’as laissée entre les mains des pires de mes enfants ; des plus égoïstes, ceux qui n’ont aucune pitié, ni envers moi, ni envers vous.
Moi qui étais si gaie, si populeuse grâce à mon syncrétisme culturel, je suis devenue une esclave. Je suis assise seule dans mon coin ressemblant à une veuve. Je pleure, je pleure dans la nuit, mes larmes inondent mes rues : personne parmi vous mes autres enfants pour me consoler. Je ressemble à un cimetière hanté, le vide, le rien occupent une grande partie dans mon environnement. Voilà pourquoi je pleure, mes yeux fondent en larmes. Mes enfants m’ont trahie. Pourtant ils entendent mon malheur mais ils jubilent car c’est vous qui m’avez livrée à eux. Je ne trouve pas de repos, ils me persécutent, me surexploitent jusque dans ma détresse.
Ils ont fait main basse sur mes biens. Ils ont transformé mes rues en océan d’ordures, ils ont corrompu une partie de ma jeunesse avant de les utiliser comme chiens de garde. Mon nom rime maintenant avec l’insécurité ; le litige foncier fait partie de mon quotidien ; les élèves de mes écoles primaires se cotisent pour payer leur facture; mon unique stade ne peut résister à une pluie de mangues ; à la simple vue d’une tornade, mon marché est inondé ; les boys de mon maire ont plus de pouvoir que certains de mes conseillers ; l’honneur de mes valeureux enfants est attaqué (feu capitaine Abdoulaye Ngom), mes lieux de culte sont profanés( Mosquée de montagne, derrière Lycée ex-CEM) ; mes terres sont accaparées par une minorité de personnes ; mon foyer de jeunes est dépourvu d’électricité ; mes poteaux solaires sont distribués arbitrairement( politiciens de même parti, commerçants, sœur du ministre…) laissant de côté les plus méritants( lycée, les alentours de l’hôpital , du garage, l’enceinte de la ville et certains quartiers populaires).
Je suis impuissante face à leurs complots et murmures de tous les jours. Malade est mon cœur, je souffre. Que dois-je faire ? Le médecin-chef de mon district est un fantôme, il n’est jamais présent quand j’ai besoin de lui.
Mon assurance a disparu et l’espoir qui me venait du Seigneur depuis que mon digne fils Mamadou Mouspha Ngom est décédé.
Mon enfant, cela ne te révolte pas de voir ta pauvre ville-mère dans ces conditions ? Ne suis-je pas celle qui t’a donné naissance ? Pourquoi donc ce silence, cette passivité ? Es-tu donc complice ? L’adage dit : « qui ne dit rien consent ».
Tu sais bien que pour que le mal persiste il faut juste que les gens de bien se taisent. Je sais que tu fais partie de mes meilleurs enfants. Grâce à l’amour que tu portes envers moi, je me permettrais d’espérer. Je ne te demande pas grand-chose, je te demande juste de te réveiller, de dénoncer cette injustice, cette médiocrité, de secouer les choses pour me sortir de cette galère. Je ne te pardonnerais jamais si tu uses de la violence car celle-ci n’a jamais rien réglé. Si tu veux m’aider, laisse de côté les appartenances politiques, ethniques et religieuses. Mets en avant mes intérêts. Utilise tous les moyens légaux pour me sortir du gouffre.
Je souffre mon enfant ! Oh que je souffre ! J’ai mal partout !
Ne me dis pas que tu ne m’as pas comprise parce que mon langage est simple et claire.
Je vais te quitter avec ces quelques conseils :
– Occupe-toi de mon environnement ; ne participe jamais à ce qui le pollue ou le salit ;
– Ne fais jamais profil bas sur les questions qui me concernent ;
– Evite d’être corrompu par mes détracteurs ;
– Lutte contre mes ennemis quel que soit le prix. Les grands hommes, on célèbre leur mort et non pas leur naissance.
– Participe toujours à ma vulgarisation ; glorifie-toi d’être mon enfant
– Sois très vigilant et observe bien autour de toi parce qu’il y a certains parmi mes ennemis qui, après m’avoir causé toutes ces souffrances, sont en train de se mettre dans les rangs d’autres prétendants à ma
municipalité pour perpétuer ma souffrance. Protège-moi contre ces gens-là.
Mon avenir, ma survie est entre tes mains ! Il n’y a que toi qui peux me sortir de cette situation !
Réveille-toi mon enfant, réveille-toi !
Je t’aime fort ! Que le bon DIEU te garde !
Ta ville-mère DAHRA