La question liée à l’organisation du pèlerinage suscite véritablement des assises afin de mettre fin aux nombreuses irrégularités liées son organisation. Ainsi, dans cette interview, l’imam de la grande mosquée « Al falah » sise dans la commune de Dahra, Aboubacry Ka, par ailleurs propriétaire de l’agence de pèlerinage « Al Haramayni » donne son point de vue sur l’organisation du pèlerinage, les difficultés qui y sont inhérentes et préconise toutefois une conduite à suivre.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussées à créer une agence de pèlerinage à la Mecque ?
Tout d’abord, je rends grâce à Dieu le tout puissant. J’ai constaté qu’il y’a beaucoup de problèmes dans l’organisation du pèlerinage. Nous avons senti aussi que les pèlerins ne sont plus satisfaits des conditions dans lesquelles elles sont soumises avant, pendant et après le pèlerinage. D’où l’idée de créer une agence dénommée « Al Haramayni »(les 02lieux saints, traduits en français), dont j’ai obtenu l’agrément en 2005, par le biais du ministère des affaires étrangères, et dont le seul objectif est d’accompagner nos frères musulmans à l’organisation de leur pèlerinage dans de meilleures conditions.
Comment appréciez-vous l’organisation du pèlerinage au Sénégal ?
Nous avons constaté qu’il y’a une pléthore d’agences de voyages et on ne peut pas avouer que toutes ces dernières fonctionnent à merveille car il y’a certaines entreprises qui ont été sanctionnées à vie, d’autres pour des années pour la simple raison qu’elles ne remplissent pas pleinement leur rôle. Certains ont créé leurs propres agences dans le souci d’aider la population. Par contre, pour d’autres, c’est tout à fait le contraire. C’est un chiffre d’affaire qui les intéressent ; à tel point qu’ils ne se soucient guère du bien être des pèlerins. Ils ne maîtrisent pas l’Arabie Saoudite et parfois certains aléas du pèlerinage.
L’Etat du Sénégal a décidé de privatiser le pèlerinage qu’est-ce que cela vous inspire?
La privatisation du voyage aux lieux saints a toujours existé. La structure gérée par l’Etat était beaucoup plus privilégiée que celle du privé. Parce que les commissaires au pèlerinage qui se sont succédé ont tous montré leur détermination à contrecarrer le privé. Et, ce n’est qu’à l’intervention de Djibo Leyti Ka, jadis ministre des affaires étrangères que la privatisation du Hadji a été acceptée au Sénégal mais avec des quotas très réduits. Je me rappelle en 2003, le quota, alloué aux privés était au nombre de 1883 pèlerins. Mais, au fil des années, ces derniers ont senti qu’il n’y’a même pas copie entre l’organisation gérée par l’Etat et celle du privé, par rapport aux conditions de traitement du client. C’est ainsi, que le gouvernement l’a constaté et jugé nécessaire d’augmenter le nombre qui était alloué au privé. Ce qui a fait que cette année, le gouvernement du Sénégal a diminué son quota qui passe de 2000 à 1500, soit 500 pèlerins versés dans le secteur privé.
L’Etat du Sénégal a reconnu certes les performances du secteur privé mais il faut préciser que ce sont les pèlerins qui préfèrent eux-mêmes, le plus au privé que de la commission nationale d’où la confiance gagnée chez les autorités étatiques.
Le drame qui s’est produit à Munna l’année dernière est –il imputable de la mauvaise gestion des autorités ?
Le drame c’était produit le 24 Septembre 2015 aux environs de 9h 30mn. J’étais témoin des faits. La première chose que nous pouvons dire c’est de l’assimiler à une volonté divine. Il faut que nous l’acceptions. Cet accident ne s’est jamais produit et l’année dernière Dieu avait voulu que cela se produise, on ne pouvait rien contre ce destin. Mais, après tout cela, il faut que les gens prennent les devants avec les organisateurs qui sont sur place, une fois arrivés sur les lieux saints pour le souci de se conformer aux horaires établies.
On remarque chaque année des couacs dans l’organisation du pèlerinage. Selon vous c’est quoi le véritable problème ?
Le manque de moyens de transport est devenu un casse-tête. Il est difficile de trouver un avion. Le visa pose aussi un sérieux problème aux usagers. Parfois la demande de visa est rejetée par conséquent, on ne peut plus avoir la possibilité de l’introduire à nouveau, ce qui fait que le client manque dès fois son vol. Actuellement le principal problème est l’utilisation du portail électronique qui est désormais l’outil par lequel se font les inscriptions. Dieu merci, nous sommes parmi les rares agences de voyages qui savent l’utiliser. Et pour preuve c’est nous qui avions aidé beaucoup de pèlerins, notamment les maures d’Arabie Saoudite à obtenir leur passeports via ce portail.
L’absence d’encadrement des pèlerins qui ne peuvent pas utiliser des ascenseurs, encore moins, la non maîtrise de la monnaie étrangère posent un problème majeur au pèlerinage.
C’est pourquoi j’invite les autorités étatiques à organiser des séances de formations aux convoyeurs de pèlerins. La limitation des agences privés au nombre de dix en est un autre problème. Car dans ces conditions on risquerait de revivre les mêmes conditions qui ont valu à la privatisation. Parce que plus de 1000 pèlerins vont encore partager un seul bâtiment qui bien entendu se révélerait très exigu à les contenir. D’autres problèmes vont encore surgir comme la concurrence entre propriétaires d’agence car chacun sera préoccupé que du bien-être de ses clients dans l’avion, au niveau des hébergements et même à la gestion financière. Donc je propose à ce que le quota soit compris entre 200 et 400 pèlerins pour éviter que les mêmes difficultés ne refassent surface dans l’organisation du pèlerinage.
Quels profils doit avoir un propriétaire d’agence de pèlerinage à la Mecque ?
Tout d’abord il faut savoir ce qu’est le « hadj ». Je pense qu’il est inadmissible qu’on pense ouvrir une agence de pèlerinage et ignorer les règles du 5ème pilier et la place qu’il occupe dans l’islam. Malheureusement, beaucoup s’adonnent à cette activité mais ignorent royalement les préceptes de l’islam. Ensuite, on ne peut pas être guide de voyage et ignorer par quelle voie s’y rendre. Raison pour laquelle, le responsable de l’agence de voyage doit impérativement maîtriser la Mecque, Médine et entre autres localités où se déroule le pèlerinage. Il doit, en outre, connaitre les moments les plus appropriés pour la sortie des pèlerins mais aussi pour l’occupation d’un lieu quelconque de peur de subir un accident.
Entre autres comportements du propriétaire de l’agence de voyage: l’honnête. Le chef de l’agence doit être une personne digne de soi qui ne doit pas se focaliser sur la recherche de profit. Il doit en fin être disposé aux services de ses clients de quelques natures que ce soient.
Comment appréciez-vous la nomination d’Abdou Aziz Kébé comme étant Délégué général au Pèlerinage aux Lieux Saints de l’Islam?
C’est avec beaucoup de satisfaction que l’ai apprise. En tout cas j’ose affirmer qu’avec le soutien de Docteur Khadim SYLLA, Islamologue,nommé lui aussi délégué général Adjoint au Pèlerinage, ils pourront relever les défis. Je leur souhaite un plein succès dans leur mission. Je sais que la mission est certes difficile mais je les exhorte à collaborer avec les voyagistes mieux leur faciliter la tache.
Ndéye Mingué SECK
imam Aboubacry Kaa

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