L’affaire Lamine qui a éclaboussé la classe politique continue de faire des vagues. Des vagues tumultueuses qui peuvent faire tanguer notre pirogue nationale: le Sénégal. Un scandale qui confirme une vérité implacable dans notre pays. Lorsqu’on mêle la famille à la gestion des affaires publiques, les scandales sont garantis. Les déboires politico-judiciaires de Karim WADE et de son père, les poursuites de Lamine et Massata DIACK en sont une illustration.
L’ancien Président de l’IAAF rattrapé par une sombre affaire qui, comme des montagnes russes, ces trains des jeux des parcs d’attraction parcourent des pentes sinueuses à une vitesse inouïe, a embarqué tout le monde dans des dédales escarpés.
Lamine DIACK qui a blanchi sous le harnais de l’olympisme a trahi le “coubertisme“. Il s’est servi gracieusement de l’argent sale du dopage et pour se couvrir il a jeté des miettes, quelques espèces sonnantes et trébuchantes à certains opposants besogneux. Les prétendues sommes remises par DIACK (15 millions) sont dérisoires par rapport à un candidat à la présidentielle qui a versé une caution de 50 millions. Mais l’argent sale c’est comme le sang contaminé il suffit d’une goutte pour empoisonner tout l’organisme. En tout état de cause DIACK a inoculé l’argent sale du dopage dans le jeu politique sénégalais. Ce qui a faussé les règles du jeu et dopé certains opposants. Il a sali et compromis la classe politique. DIACK est comme les chefs traditionnels yoroubas d’Ife qui ne meurent jamais seuls car enterrés avec des vivants. Et c’est l’effet domino garanti: un qui tombe et entraîne tout le monde dans sa chute. Une sorte de moi sacrificiel dans le contexte d’une ordalie moderne. Pour mourir Lamine DIACK a choisi la roulette russe. Ce jeu de hasard potentiellement mortel consistant a mettre une cartouche dans un barillet de revolver, à tourner de façon aléatoire puis à pointer le revolver sur sa tempe avant d’actionner la détente. Si la balle est placée dans l’axe du canon contenant cartouche, elle est percutée et le joueur meurt. Dans le cas contraire la partie continue. Seulement ici Lamine DIACK a braqué cette roulette russe sur l’ensemble de la classe politique sénégalaise. En vrac. Sans distinction. Et la balle perdue a fauché d’un coup tout le monde, ouvrant la porte à des accusations à peine allusives aux règlements de compte politiques les plus sordides. Là gît la lâcheté de DIACK. En avouant ses forfaits à demi-mots il jette en pâture l’honorabilité de certaines personnes au dessus de tout soupçon à la vindicte de politiciens revanchards. Si lamine DIACK a financé des responsables, qu’il le dise à haute et intelligible voix. Au lieu des démentis bucoliques qui ne font qu’ajouter la confusion à la confusion. Du coup les hommes sénégalais sont ravalés au rang de poupées russes. Ces poupées en bois qui s’ouvrent revêtant à l’intérieur une figurine similaire mais de taille plus petite. Cette figurine renferme elle même une autre figurine et ainsi de suite. Une série peut comporter 3 à 10 poupées.
Par ailleurs il convient de noter que l’affaire Lamine DIACK a montré que la mondialisation de la presse est une porte ouverte à toutes les formes de manipulation. Et toutes les manipulations sont, dans cette affaire, utilisées pour entretenir la désinformation, la rumeur, le dénigrement. La reprise automatique des sites étrangers, des tweeds comme dans un réflexe de Pavlov (ce russe dont les expériences sur les chiens ont développé le réflexe conditionnel) sans vérifier l’info à la source participe assurément à la propagande de la manipulation de l’information. Le rédacteur en chef d’Afrique Monde Serge Michel a-t-il procédé à un hacking, un bidouillage en modifiant la version électronique du premier article de Stéphan MANDARD? Si Serge Michel est un hacker, il mérite d’être déchu de son titre de rédacteur et être poursuivi vulgairement de piratage informatique. Dans ce contexte de presse mondialisée balisée par les nouvelles autoroutes de l’information, les réseaux sociaux comme Tweet sont devenus de véritables agences de presse en ligne, des grossistes de l’info que nos détaillants locaux reprennent sans sourciller. L’information arrive par flots et dans tous les sens. Dans ce contexte nos journalistes doivent prendre plus de recul pour ne pas devenir la caisse de résonance des média internationaux.
Malheureusement dans la course effrénée du scoop certains journalistes sont devenus des Lucky Luke de la presse tirant plus vite que leur ombre en reprenant certains sites sans aller a la source. De qui précède il s’ensuit que les balles perdues de la roulette russe de Lamine DIACK outre l’opposition sénégalaise de 2010 a aussi touché la presse. Il a montré les travers et les limites d’une certaine presse.
C’est vrai: il est écrit dans tous les frontispices des écoles de journalisme que les faits sont sacrés, les commentaires libres. Mais on oublie souvent si les faits sont déformés ou biaisés, les commentaires ne sont plus objectifs. Et au moment où nous assistons à une reconfiguration de chaîne de communication il est bon que nos journalistes fassent sienne cette disposition de la Charte de Munich de 1971 «Publier seulement les informations dont l’origine est connue ou le cas échéant les accompagner si c’est nécessaire de réserves qui s’imposent, ne pas supprimer les informations essentielles et ne pas altérer les textes et documents.»
ACHILLE NIANG
Journaliste Louga
LOUGA WEB MEDIAS