S’il y’a au Sénégal des symboles d’une paix durable et d’un dialogue interreligieux, le cimetière marin de Joal-Fadiouth (petite commune situé à environ deux heures et demie de route de Dakar), en est bien un.

Un endroit paisible, où repose en paix de nombreux catholiques et musulmans, depuis 1977

Sa renommée est fondée, sans aucun doute, sur son histoire et l’identité des figures mythiques qu’elle a vu naître, comme Léopold Sédar Senghor (prestigieux poète et premier président du Sénégal), ou encore Yakhya Diop dit Yékini, incontestablement le plus grand nom de la lutte sénégalaise (un sport qui pourrait, en certaines circonstances, ravir la vedette au football dans le cœur des sénégalais).

Aux côtés de ces symboles humains se trouve le cimetière mixte de Joal Fadiouth, l’un des rares au monde, où reposent les âmes des disparus chrétiens et musulmans. Cet espace réservé à ceux qui nous ont précédés, est une fierté pour les habitants de la petite commune de Joal-Fadiouth. Majoritairement catholique, dans un pays où près de 95% de la population est musulmane, les habitants y partagent un quotidien paisible. Preuve de cette tolérance, où la religion n’a de place que dans les « cœurs », le cimetière de qui ce n’était autrefois que deux petits villages (Joal et Fadiouth), a la particularité d’être un symbole de la tolérance religieuse au Sénégal, ouvert à tous. Il n’est donc pas anormal d’assister au même moment à l’enterrement dans le cimetière d’un musulman et d’un chrétien. « Comme pour nous rappeler que face à la mort il n’est point question de religion ou de classe sociale ».

Cette tolérance, a fini par conquérir les cœurs, non seulement des sénégalais, mais aussi ceux des milliers de visiteurs occidentaux qui y vont chaque année. Joal- Fadiouth est parmi les endroits les plus sollicités en matière de tourisme au Sénégal, nous apprend-t-on. « Aujourd’hui, nous sommes surpris par le nombre de personnes qui nous appellent pour avoir des informations sur cet endroit. Surtout à pareil période, jusqu’en décembre. Certes les visiteurs (européens, américains, africains), veulent en savoir plus sur les origines du Poète président Léopold Sédar Senghor, mais ils désirent également découvrir le cimetière. Sa beauté en a fait un site touristique par défaut. », Commente Rosalie Ndiaye, conseillère voyage à la plate-forme Jumia Travel, dont le bureau régional est basé à Dakar.

Le cimetière est un lieu très important pour les habitants et aussi étonnant que cela puisse paraître, il se « visite ».
Les habitants encouragent les visiteurs à s’y rendre. Accessible en pirogue ou par le petit pont. Bien aménagé et très propre.

« C’est une fierté d’appartenir à cette commune, quand les gens arrivent ici, ils sont tout de suite séduits par la beauté du village, mais aussi par l’organisation communautaire. Ici la religion est dans nos cœurs, chrétiens comme musulmans, pratiquent une acceptation de l’autre sans conditions. D’ailleurs dans chacune de nos familles, il y a aussi bien des chrétiens et musulmans. Mieux ce sont des familles mixtes. Il y a même des animistes, et nous vivons en paix », confie Ouseynou, habitant et guide touristique.

Joal et Fadiouth n’a pas fini de nous livrer ses secrets. Au détour des ruelles, jonchées par les coquillages, les deux « petits villages », nous livrent un charme sans précédent, animé par les magnifiques objets artisanaux des vendeurs et des populations qui vaquent tranquillement à leurs occupations, sous les regards des touristes.

Ismael Cabral Kambell

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