De cette affaire, je tire une seule conclusion que je ne dogmatise pas, loin s’en faut. Notre « science locale » court de grands risques de décrédibilisation.
Je veux pas insinuer la thèse selon laquelle les scientifiques doivent se réduire à une position de spectateurs oisifs par rapport aux grands enjeux, controverses et autres débats qui traversent leur époque et leur pays non, ce serait demander à monsieur Jourdain de s'abstenir à faire de la poésie. La politique selon Aristote est l'une des activités les plus sacerdotales qu'il nous est donné d'exercer en cité. Du fait de son caractère fondamental et transversal, elle imprègne tous les secteurs d'activité à l'échelle nationale jusqu'aux domaines apparaissant comme les plus dénués de sens et de signification. Les questions politiques dans un pays interpellent tous les citoyens, dans toutes les catégories socio professionnelles où ils peuvent se mouvoir. Les questions politiques dans une cité, pays à l'échelle macro, sont éminemment éthiques au sens aristotélicien du terme. C’est pour cette raison que selon Aristote , seuls les politiciens sont dignes d'ethique,car l'éthique en tant que morale pratique ,une praxis comme disent les marxistes ne peut constituer une désincarnation ou une abstraction ,c'est un objet d'implémentation et de mise en œuvre donc, n’est pas détachable de la cité. Dans cette perspective, que Moubarak prenne position dans le landerneau politique de son pays, est une chose qui peut s'expliquer et se justifier très amplement. Par contre, et c'est par rapport à cet angle que je vais tirer à boulet rouge sur ce que je suis tenté d'appeler son impudence et imprudence intellectuelles, il n'a pas le droit, jouissant de sa crédibilité connue et reconnue de grand économiste souvent sollicité pour donner son avis docte sur certaines tendances de notre économie ,qu'elles soient pessimistes ou optimistes, d’exploiter tendancieusement les biais cognitifs des sénégalais en distillant dans leur esprit dégarni et sans système de défense des informations ,j'allais dire de la communication dont il est le seul convaincu de son exactitude et de son sérieux. Monsieur le brillant économiste, faites attention à ne pas entacher de boue la science dont vous êtes porteur et à la faveur de laquelle les sénégalais vous réputent et vous respectent. Dans le contexte actuel de notre vie politicienne, lés hommes de science , plus que tout le monde, doivent faire l'effort et se faire violence même pour garder une neutralité axiomatique dans toute forme d'analyse et de consultation qu'ils donnent, leur réputation est à ce prix. Dans un moment de trouble, où les impertinences vont dans tous les sens, ceux qui sont crédités du titre d'hommes de sciences doivent se retenir de prendre parti clanique ment. Car la science au delà du fait qu'elle est un instrument de savoir et surtout de maitrise de notre destin, peut aussi servir de fonction cathartique à même de mettre tout le monde d'accord dans une perspective de retrouvailles des esprits et des cœurs. Ne pas le comprendre, c'est verser dans le scientisme qui ne promeut pas l'esprit scientifique. Au contraire, il le réduit, l’affaiblit et le ravale au rang de simple opinion. Sacrilège suprême pour un intellectuel aspirant à des titres, le Nobel pourquoi pas? Les polémiques d'opinion pour un scientifique, c'est comme les raouts de salon pour les prélats, elles sont pervertissant es. L'opinion et la science se révulsent comme deux pôles de sens contraire. Car la science pense, alors que l'opinion comme disait Bachelard pense mal, il poursuit pour dire qu'elle ne pense même pas. Mais vous, monsieur Lô, vous voulez penser non, scientifiquement s'entend…….