Membre de la Mouvance présidentielle, le député Aliou Dia rappelle les urgences au sein des alliés du chef de l’Etat. Interrogé sur les remous qui secouent l’Alliance Sopi pour toujours, le Secrétaire général de la Convergence pour le renouveau et la citoyenneté invite tous les responsables à se retrouver autour de l’essentiel, la réélection de Me Wade en 2012.

Votre parti a récemment signé un partenariat avec le Pds. Quels sont les axes de cette collaboration ?

Mon parti est né six mois avant les élections législatives de juin 2007. Nous avions préféré aller aux élections sans coalition pour nous mesurer pour savoir si nous avons la capacité de bénéficier des suffrages à l’Assemblée comme nous l’avons été avec l’Urd. Les Sénégalais nous ont fait confiance. Personne ne discute plus de notre représentativité. Nous ne sommes pas un parti qualifié de « cabine téléphonique ». Nous sommes allés avec nos propres moyens. Quand Me Wade s’est présenté à la présidentielle, nous l’avons soutenu. Nous n’allons pas nous contredire en 2012. Nous ne serons pas candidat, mais nous ne pouvons pas dire que nous nous étions trompés en 2007. Nous allons donc soutenir Me Wade. Quand nous avons fait le bilan du mandat du président, nous estimons qu’il faut permettre à Me Wade de terminer ses grands travaux. C’est pourquoi nous avons signé un accord de partenariat pour que le Pds comprenne que nous n’allons pas nous dissoudre dans aucun parti, mais nous travaillerons avec le Pds pour préparer la réélection de Me Wade.

Pourquoi le choix de Habib Sy pour parapher le partenariat ?

Il n’y a pas eu de dessous. Il y a juste une bonne coïncidence. Habib Sy, directeur de Cabinet du président de la Républiquen est originaire du Djoloff. Si un autre était à la place, ça allait être la même chose. Mais le choix de Habib Sy renforce notre collaboration avec le Pds. La décision de voter pour la président Wade aide Habib Sy. Le ministre d’Etat est responsable de la Mouvance présidentielle dans le département de Linguère avec Djibo Kâ ; si je les rejoints, on n’aura pas besoin de faire campagne dans le Djoloff. Habib va tout faire pour que le partenariat soit effectif à la base.

Djibo Kâ a récemment dit que vous vous êtes retrouvés. Pouvez-nous faire l’économie de cette rencontre ?

Avant que je ne signe le partenariat avec le Pds, je me suis retrouvé avec Djibo Kâ. Avant d’être hommes politiques, Djibo Kâ et moi sommes des parents. Tout nous unit. Politiquement, on était ensemble, mais à un certain moment, nous n’avions plus les mêmes positions politiques. C’est pourquoi, j’avais quitté. Il y avait des zones d’ombre dans nos relations, mais nous avons levé ces malentendus.

Quelles sont ces zones d’ombre ?

Nous n’avions plus la même vision. Nous n’avions plus la même façon de faire la politique. Je ne partageais pas sa décision de soutenir Abdou Diouf entre les deux tours. Dans les premiers jours de l’alternance, nous n’avions pas les mêmes analyses. Avec le temps, nous avons constaté que ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise. Chacun a fait des efforts, mais beaucoup de personnes n’avaient pas compris. Certains avaient pensé que nous avons fusionné. Non, ce n’est pas le cas. Djibo Kâ conserve son parti moi je garde le mien. Nous sommes ensemble dans le Sopi.

Quel commentaire faites-vous des querelles au sein de l’Alliance Sopi pour toujours ?

Je souhaite voir tous les responsables se retrouver autour de l’essentiel. La réélection de Me Wade doit être l’unique objectif pour tous les alliés. Je suis sûr le Pr Iba Der Thiam et mon frère Mamadou Diop « Decroix » mesurent la tache qui compte actuellement dans le camp du Sopi. Je suis certain que le moment venu, tout le monde va se retrouver.

Vous êtes dans la mouvance, d’aucuns y voient une voix de moins pour l’opposition parlementaire…

Je ne le crois pas. Quand j’ai voté pour Wade en 2007, cela ne m’a pas empêché d’aller dans le groupe de l’opposition. Et quand il faut dire non je serais le premier à le dire. S’il faut dire non, je serais le premier à le dire.

A quelques semaines de l’hivernage, êtes-vous satisfait de la situation du monde rural ?

Les dispositions sont prises au plan local. Les paysans ont fini de défricher. Ils se sont préoccupés cette année de leurs réserves semencières personnelles. Ils attendent maintenant le complément que l’Etat doit donner en termes de semences, d’intrants et de matériel agricole. Le conseil interministériel confirmant ce complément a été convoqué le 1er juin. Les dispositifs annoncés cette année sont ceux de l’année dernière. Pour les semences concernant la variété arachide, l’Etat avait donné 50.000 tonnes. Cette année encore 50.000 tonnes seront cédées aux paysans. Cela est satisfaisant. Cette année, on a fait une production record de 1 million 300 mille tonnes. Et le stock qui avait été donné était 50.000 tonnes. Si le Tout Puissant nous gratifie de très fortes pluies comme l’année dernière, certainement nous pourrions espérer avoir encore une production record. Pour l’engrais, il y a une amélioration. L’année dernière, l’Etat avait donné 50.000 tonnes. Cette année, il y a 51.000 tonnes. Pour le matériel agricole, il n’y en avait plus depuis deux ans. Cette année, il y aura des motoculteurs, des motopompes et des tracteurs que nous attendons. Pour les céréales, l’Etat va encore donner 15.000 tonnes.

Malgré les efforts fournis par le gouvernement, la situation des paysans ne semble pas changer. Qu’est-ce qui explique cela ?

Si on mesure les efforts de l’Etat, on peut croire qu’il n’y a pas d’impacts sur la vie des paysans ou leurs pouvoirs d’achat, mais si on considère ces deux dernières années, on n’a pas parlé de soudure. Alors que chaque année, entre avril et mai, on constatait des poches de disette dans le pays. L’Etat était même obligé de débourser deux fois de suite 10 milliards FCfa pour aider les paysans en vivres de soudure. On n’a pas encore atteint le niveau de vie que l’on souhaite pour le monde rural, on peut dire que la situation est acceptable. Toutefois, il y a un problème dans la commercialisation des produits agricoles et précisément pour l’arachide et le coton.

Est-ce que la syndicalisation peut apporter quelque chose de positif dans le monde rural ?

La syndicalisation a déjà commencé à créer un paysan de type nouveau. Il y a une nette conscientisation des paysans. Ils ont pu savoir qu’ils méritent considération et qu’ils sont responsabilisés au premier dans les secteurs qui les concernent. Cette année, il y a une nette rupture dans la cession des semences. Les commissions locales de cession étaient présidées par les Présidents des communautés rurales et coordonnées par des sous-préfets. Mais cette année, ce sont les responsables du syndicat au plan local qui vont présider les commissions. Ils sont également chargés de véhiculer les informations de la base au sommet. Il y a une conscientisation des paysans. La loi d’orientation agro-sylvo-pastorale obligeait le président de la République de recevoir chaque année les responsables des organisations paysannes pour discuter sur les problèmes du monde rural, mais cette rencontre n’était pas appliquée. Avec la syndicalisation, le président a fait honneur aux paysans de les recevoir deux fois de suite.

L’opposition soupçonne des dessous politiques dans le choix des hommes chargés de diriger le syndicat à la base…

Je ne partage pas cette position de l’opposition. L’idée de créer un cadre unitaire consensuel vient du président de la République. C’est son droit le plus absolu. Etant le garant de notre Constitution, sa mission régalienne est de donner à chaque citoyen son droit. Les paysans ont voulu rompre d’avec l’idée de les assister ou les aider. Ils veulent qu’on parle avec eux en termes de droits. Pour réclamer leurs droits, ils se retrouvent dans un cadre où ils peuvent revendiquer.

Les différentes organisations se sont réunies pour dire que c’est une occasion pour nous unir. On aura une voix prépondérante et nos doléances seront prises en compte. Il y avait 6 plates-formes syndicales reconnues. Les 5 plates-formes sont dans le syndicat. Seul le Cncr est en marge, mais des fédérations membres de cette instance sont parties prenantes du syndicat.
 

Babacar Dione

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