Le conseil rural de Barkédi, dans le département de Linguère (nord) est préoccupé par la vente clandestine d’alcool, principalement aux jeunes de ce village, situation qui a grandement favorisé un climat d’insécurité ponctué de bagarres et de troubles.
Son président, Adramé Sow, est d’ailleurs le premier à monter au créneau pour sonner l’alerte. ‘’En tout cas, cette vente d’alcool existe ici à Barkedji, et cet alcool est vendu clandestinement, principalement à des jeunes. Et ca crée une insécurité physique et terrible en occasionnant des bagarres et des troubles. Et il ne faut pas aussi oublier l’eau de roche, communément appelée +boul falé+’’, a-t-il déclaré.
Aussi ‘’une bataille des autorités et des familles’’ est-elle nécessaire ‘’ pour freiner ce fléau’’, a-t-il indiqué, soulignant que ‘’le sous- préfet de Barkedji a tout fait mais rien n’a changé’’.
Pour le conseiller rural Samba Dalal Sow, le coupable est tout trouvé. ‘’Dans le village, il y a des boutiquiers qui [ouvrent] tard dans la nuit et ceci pour pouvoir vendre l’eau de roche ou +boul falé+ à des jeunes qui n’ont aucune responsabilité’’.
Mais les boutiquiers ne sont pas les seuls à s’adonner à cette activité. ‘’Certains vendent l’alcool chez eux et d’autres ont des sacs en bandoulière dans lesquels on retrouve de l’alcool. Il y a eu une opération de la gendarmerie, mais rien n’a été réglé’’, s’est-il désolé.
Selon lui, pour régler ce problème, il faut que les autorités prennent leurs responsabilités et agissent en collaboration avec les populations.
Awa Dembal Sow, conseillère rurale, elle, est ébahie par cette vente clandestine d’alcool à Barkedji.
‘’Jadis, nous n’avions jamais connu cela. Aujourd’hui à Barkédji, pour être un businessman ou manger des plats succulents, il faut vendre de l’alcool. Il faut que les autorités nous aident parce que ces vendeurs d’alcool qui sont là n’ont aucune licence’’, a-t-elle plaidé.
Pour Ibra Kambel, lui aussi conseiller rural, la vente d’alcool est une réalité à Barkédji. ‘’Je ne sais où ça se vend mais l’alcool est là. En marchant dans le village, on se rend compte de son existence à travers des sachets et des bouteilles vides’’, explique-t-il.
Le conseiller Dioubeyrou Dalorou abonde dans le même sens que ses collègues. Selon lui, ceux qui ‘’s’adonnent à cette activité’’ le font sans pour autant avoir une licence. ‘’On les connaît, ils sont là’’, dit-il.
Cette vente d’alcool constitue ‘’un problème fondamental qui nous tient à cœur’’, affirme Samba Bada Sow, un habitant du village, estimant que ceux qui exercent cette activité sont dans l’illégalité, car n’ayant pas l’autorisation requise pour le faire.
Le conseiller rural Mamadou Papa estime que ‘’le plus grand problème c’est le boul falé’’. ‘’Si vraiment on pouvait empêcher cette vente, ça ferait notre affaire parce que toutes ces bagarres et coups sont dus à ce phénomène’’, a-t-il fait remarquer.
Mais pour Dembadou Sambouldou, un habitant du village, si la vente de l’alcool est un phénomène réel à Barkédji, il y a encore pire que l’alcool : le yamba ou chanvre indien.
Il accuse un trafiquant installé dans une localité située à une vingtaine de kilomètres de Barkédji de ravitailler les consommateurs de la localité. ‘’Je peux même vous dire que c’est x’’, soutient-il.
Pour Bouna Sémou Daff, ‘’tout le monde sait que la vente d’alcool est là à Barkédji. Même si tu envoies un enfant, il sait où ça se vend, et les autorités le savent. C’est triste ! Même devant les mosquées, on retrouve des sachets vides’’, déclare-t-il.
Le témoignage de Diène Diouf, infirmier chef de poste de Barkédji depuis 2008, est on ne peut plus éloquent.
‘’Je suis à Barkédi. Je dis que 80% des coups et blessures que je reçois dans mon poste sont dus à l’alcool. Je donne l'exemple de Samaly, où une personne ivre, qui est entrée dans une maison en semant des troubles, a été abattue. Je lance un appel à cette autorité locale qui est là pour empêcher cette vente d’alcool. Vraiment, nous sommes fatigués. Il y a même des personnes qui accompagnent leur malade et sèment le trouble. D’ailleurs, j’ai eu à faire emprisonner deux personnes pour des cas pareils’’, a-t-il dit.