C’est verser dans la tautologie la plus crasse que d’affirmer que la charpente la plus solide de tout système démocratique est la liberté de la presse. C’est encore faire preuve d’étroitesse de vue que de vouloir réduire cette liberté à l’usage et au profit exclusif des seuls journalistes.
Le traitement de l’information, de manière juste et sans parti pris par les médias à fortiori les médias d’état, au nom de l’obligation de service public à laquelle ils doivent se soumettre, est un autre aspect qui lui est suis generis. Ce traitement est d’autant plus nécessaire et exigé, que l’accès équitable et équilibré aux médias d’état a toujours constitué la principale pomme de discorde entre le régime socialiste et l’opposition de l’époque dont le principal instigateur n’était autre que l’actuel Chef de l’état. C’est dans le souci de décrisper l’atmosphere politique trop volatile à l’époque et par voie de conséquence susciter la confiance entre différents acteurs politiques pour une démocratie apaisée qu’on a mis en place en place le Conseil National de régulation de l’audiovisuel (CNRA).Une autorité indépendante dont la mission entre autres est de veiller au respect de l’accès équitable des partis politiques, des syndicats et des organisations reconnues de la société civile aux médias d’ Etat dans les conditions fixées par les lois en vigueur.
Tous les démocrates, surtout les acteurs de l’opposition à qui la RTS avait l’habitude et l’indélicatesse de réserver des strapontins en termes de couverture médiatique de leurs manifestations, avaient salué l’existence d’une telle structure, d’une telle autorité j’allais dire qui s’inscrivait à coup sur dans une dynamique de création positive et consolidante de notre système démocratique. Depuis, cette autorité fonctionne avec des fortunes diverses même si tout le monde peut constater en s’en désolant que ses moyens d’action face aux dérives incontrôlées, voulues et joyeuses de la toute puissante RTS restent dérisoires. Certains m’apostropheront en me disant que la nature a horreur du vide ,et de façon primesautière me lanceront à la figure que son mérite est d’avoir existé. Je veux bien ,mais qu’ils me permettent à mon tour de dire qu’une autorité, c’est une force qui doit s’exercer ou courir le risque systémique de se faire gruger par les dynamiques centrifuges dont la seule et unique ambition est de brouiller les pistes et de maintenir notre démocratie dans un état de balbutiement éternel. Et je crains que la RTS soit de celles là malheureusement.
Sinon, comment pouvons nous comprendre, autrement que par l’indélicatesse et l’activisme zélé de son Directeur général, Babacar Diagne pour ne pas le nommer, que la chaine publique nationale ait appliqué « un black out » complet sur le congrès d’investiture du candidat déclaré Idrissa SECK, investi par une coalition de 40 partis politiques et des mouvements de soutien légalement constitués ?
En en décidant ainsi,Babacar Diagne ,certes, est entrain de remplir sa part de contrat à la base de son installation à la tête de cette grosse machine ,et de ce fait donner des gages de fidélité et de gratitude à ceux qui ont paraphé son contrat sur des critères autres que la compétence et le professionnalisme. Je rappelle pour rafraichir un peu la mémoire des oublieux que même l’actuel président de la république du temps où il s’activait dans l’opposition a eu à faire les frais de cet homme aux capacités d’accommodement impressionnants face au changement des régimes politiques. Ce qui me détermine à dire, peut être exagérément, qu’il représente dans le secteur de l’audiovisuel sénégalais, ce que Jean Fochivé représentait en termes de répression policière au Cameroun. Que ce bonhomme ait instrumentalisé tendancieusement un appareil public contre d’honnêtes citoyens sénégalais dont l’unique ambition est de manifester les nobles intentions qu’ils nourrissent pour leur pays, exaspèrent, mais ne surprennent personne. Car c’est dans le pedigree comportemental du monsieur. Ce qui est insoutenable c’est ,par ce geste, l’opa qu’il jette sur le droit du peuple à l’information plurielle ,autre critère d’appréciation de la validité de toute démocratie. Et aussi, le dévoiement et le travestissement du caractère de service public que recouvre les missions de la RTS, comme chaine publique appartenant à toute la nation sénégalaise ,sans exclusive. Le CNRA comme autorité de veille doit saisir l’occasion de cet opus intolérable de monsieur Diagne pour le recadrer pour une fois, autrement il pourrait être suspecté légitimement de faiblesse ou de complicité de commission maintes fois renouvelée de forfaiture de nature à saper l’équilibre de notre jeune république à la construction de laquelle les sénégalais ont consenti beaucoup de sacrifices souvent même mortels . Et pour notre part, nous le dénonçons avec les moyens que nous offrent la liberté d’expression, pilier fondamental de toute démocratie, car les mots à défaut de réparer matériellement les préjudices causés, consolent et vengent. Je préfère cette option au maniement destructif des armes qui au contraire de renforcer notre démocratie, la fragilise et l’affaiblit. En république, la seule arme tolérable et brandissable c’est la loi. Car elle est seule garante de sécurité et surtout de justice sociale et d’impartialité. C’est sans doute la raison pour laquelle ,Anatole de France disait : « La loi dans son grand souci d’égalité interdit au riche comme au pauvre de mendier du pain dans les rues et de dormir sous les ponts. » M’inspirant de la réflexion de ce grand de la pensée occidentale, je voudrais m’autoriser la question suivante .
A quand la RTS, par le caractère impartial et équidistant de ses coachs, arrivera t il à se classer premier dans la course pour une information juste, équitable et égalitaire au profit de tous ? Il nous faut très rapidement trouver une réponse à cette question, notre survie démocratique en dépend…