L’opposition et le pouvoir ont trouvé un terrain d’entente, ce jeudi 13 novembre, à Saly. Le ministre de la Culture et de la Communication et la présidente de la Commission Culture et Communication, Aïda Mbodj plaident pour une régulation de la presse en ligne.
Ils ont émis ce voeu à l’occasion de l’Atelier sur la régulation et le modèle économique organisé par l’Association des éditeurs et professionnels en ligne.
Les travaux de cette rencontre vont déboucher sur la mise en place de textes de régulation et une Charte sur l’éthique et la déontologie qui devront être versés dans le code de la presse.
A la recherche d’un statut clair, les acteurs de la presse en ligne ont échangé sur le thème «un statut clair pour un devenir meilleur de la presse en ligne».
Cette rencontre a, selon le président des Editeurs de la presse en ligne, Ibrahima Lissa Faye, «pour objectif général de poser le débat sur les véritables enjeux et perspectives de la régulation des medias électroniques au Sénégal et amener les différents acteurs à élaborer des textes concertés et acceptés par toutes les parties».
Le ministre a félicité et encouragé le président de l’APPEL et à l’ensemble de son équipe pour l’excellent travail qu’ils effectuent pour le renforcement et la professionnalisation de ce pan fondamental de la presse sénégalaise.
Mais aussi, dans son discours, il a évoqué le sens de la responsabilité en journalisme. «On ne peut pas parler de liberté de la presse sans responsabilité» a déclaré Mbagnick Ndiaye. Qui a déploré du coup le défaut de commentaires et le non-respect des règles d’éthique et de déontologie. «Les informations que vous diffusez peuvent effectivement construire, comme elles peuvent aussi détruire des vies et des familles».
Le président de l’APPEL, Ibrahima Lissa Faye, a reconnu les manquements. «Nous ne pouvons passer sous silence aujourd’hui les manquements et dérives constatés en notre sein. Pour les pallier, nous travaillons depuis deux ans sur une Charte d’éthique et de déontologie dont son élaboration et sa mise en place se feront de manière participative et inclusive», a-t-il dit.
Toutefois a-t-il précisé, cet Atelier a été initié pour trouver une solution à toutes ces critiques et placer la presse en ligne sur les rampes de la croissance. Le patron des éditeurs de la presse en ligne a listé les différentes étapes, qui devront leur permettre d’atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés.
C’est de sortir avec un texte de régulation, une charte sur l’éthique et la déontologie et un programme daté avec un cheminement logique et réaliste afin de mener les concertations sur le modèle économique.
La presse en ligne dispose d’une force de 1,5 à 2 millions de visiteurs par jour
L’Atelier de Saly a été un moment de démonstration de force pour les éditeurs de la presse en ligne. Ces derniers ont profité de la cérémonie d’ouverture dudit Atelier pour annoncer le cumul du trafic quotidien de leurs sites qui est évalué entre 1.500.000 à 2.000.000 de visiteurs par jour. Des chiffres qui ont séduit les autorités étatiques venues présider la cérémonie d’ouverture.
Le Directeur général de l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes a estimé que «le choix du thème trouve sa pertinente dans sa nature». Pour Abdou Karim Sall, «il est à la fois d’actualité et prospective».
Le Dg de l’ARTP a souligné, en référence au thème de l’atelier : «un statut clair pour un devenir meilleur de la presse en ligne», que «la réflexion est déjà entamée et devrait pousser à aborder les points sur le statut juridique de la presse en ligne, sur le partage des dividendes, des contenus, de la future neutralité de l’internet, les services au numérique, la formation et la bande passante».
Poursuivant, «nous demeurons convaincus que, de la conjugaison de nos efforts autour de la réflexion, jaillira des idées pour inscrire davantage la régulation pour un meilleur devenir de la presse en ligne».
La présidente de la Commission «Culture et Communication» de l’Assemblée nationale, la députée Aida Mbodji, a estimé «à 2 millions le nombre de personnes qui parcourent quotidiennement la presse en ligne sénégalaise».
A ses yeux, «le trafic de la presse en ligne dépasse de loin le chiffre de 1.500.000 dont ont parlé les éditeurs». La présidente Aida Mbodj a relevé la place prépondérante de la presse numérique dans le paysage médiatique sénégalais. En rapport avec les chiffres de l’ARTP qui parlent de plus de six millions de connectés au Sénégal, plus de la moitié surfent sur les sites d’information.
«Dans le sillage du développement fulgurant des TIC, elle prend progressivement le pas sur la presse dite traditionnelle. Mais, comme on le sait, tout essor, qui peut être bénéfique, doit se mouvoir dans un cadre réglementaire. Une telle rencontre au-delà de son objectif premier doit représenter une opportunité pour les acteurs de faire des propositions concrètes et objectives en vue du vote d’un Code de la presse», suggère, la présidente de la Commission «Culture et Communication» de l’Assemblée nationale.