La course à l’hémicycle est lancée, une semaine après les candidats rivalisent d’arguments pour convaincre des électeurs qui ne manifestent pas beaucoup d’engouement. Qu’à cela ne tienne, les candidats ne désarment pas et poursuivent leur campagne. Derrière cette détermination, se trouvent en ligne de mire les nombreux avantages financiers et matériels liés à la fonction de député. Certains iront jusqu’à parler de « gâteries » offertes par Abdoulaye Wade à « ses députés»

Deux semaines après l’ouverture de la campagne, les candidats investis sur les 24 listes en compétition continuent de sillonner le pays. Malgré l’ambiance de quasi-indifférence notée dans le déroulement de la campagne, les prétendants aux sièges de députés continuent à braver la chaleur et à s’époumoner pour convaincre des concitoyens peu emballés par les enjeux de cette consultation du 1er juillet prochain. Au-delà des discours sur la nécessité d’une majorité pour gouverner ou sur l’urgence d’un équilibre des pouvoirs tenus par les différents protagonistes, la motivation réelle des candidats pourrait être recherchée dans les avantages liés à l’exercice de la fonction de député.

Ces avantages sont, pour beaucoup de Sénégalais, à l’origine de cette course folle et des nombreuses difficultés constatées dans les investitures. Rien que le titre de député offre automatiquement à l’élu un salaire mensuel de 1.200.000 FCfa, compte non tenu des avantages matériels. En sus de son salaire mensuel, le député reçoit un véhicule 4X4 accompagné d’une dotation mensuelle de 250 litres de carburant et, cerise sur le gâteau : un passeport diplomatique.

Ces avantages qui ont été obtenus sous la 10ème législature, à l’avènement du régime de l’alternance, font suite à une requête des élus. Ces derniers avaient alors saisi le président de la République afin que leur traitement soit aligné sur celui de leurs collègues des autres pays de la sous-région. C’est ainsi que le traitement salarial qui était fixé à 600.000 FCfa sous le régime d’Abdou Diouf a été porté à son niveau actuel, pour les députés, par son successeur, Me Abdoulaye Wade.

Cette hausse du traitement des députés avait même fait l’objet de critiques sévères de l’ancienne ambassadrice des Etats-Unis, Marcia Bernicat. Et le site Wikileaks s’était fait l’écho du câble envoyé par Mme Bernicat à la Maison Blanche. « Les députés gagnent 2500 dollars (1.250.000) et la plupart d’entre eux n’ont pas d’autres revenus. Wade a procédé à une augmentation de 300% du salaire du député, leur a donné chacun un véhicule 4X4 et un terrain pour construire une maison », indiquait Marcia Bernicat dans son télégramme.

Ces avantages sont graduels en fonction du niveau de responsabilité du parlementaire. Pour les présidents de commission, le traitement atteint 1.600.000 FCfa tandis que la dotation en carburant est portée à 1000 litres en plus du véhicule de fonction de président de commission. Notons au passage que l’Assemblée nationale compte 11 commissions.

Les membres du bureau sont à un cran supérieur, du point de vue du traitement. Ils sont alignés sur le niveau du traitement des ministres avec un salaire mensuel de 2.000.000 FCfa avec 1000 litres de carburant, un crédit de téléphone plafonné à 500.000 FCfa sans compter les deux véhicules qui lui sont affectés. Le président de l’Assemblée nationale, du haut de son perchoir, à un salaire de 8.000.000 FCfa auquel s’ajoutent des crédits spéciaux mis à sa disposition par le Chef de l’Etat. Un «fonds de solidarité» était venu en sus, au début de la 11e Législature, mettre du beurre sur les épinards. De quoi aiguiser les appétits et susciter des envies de …député.

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