Même si les autorités mesurent tous les jours l’ampleur et la gravité du problème de l’eau, ont-elles fini d’en cerner les contours ou sont-elles encore sonnées par l’ampleur des mensonges qui ont servi jusqu’ici de nappage à ce gâteau pourri qu’il s’agit désormais d’avaler jusqu’à la dernière bouchée ? Quinze jours que le supplice dure, quinze jours d’incompétence de la SDE à régler un problème somme toute banale pour les professionnels de l’eau qu’ils se disent. Ils ne le disent pas ? Comment donc ont-ils pu obtenir ce contrat d’affermage ? Un bref retour vers le passé nous enseigne effectivement qu’à l’origine, la société qui avait remporté le contrat d’affermage, Bouygues en l’occurrence, s’y connaissait bien en hydraulique. En 2006, ils se sont retirés de cet univers.
Finagestion, société financière basée à Paris a repris le contrat. Comme le dit si bien leur patronyme, il s’agit bien d’une société financière. Ils nous ont servi de l’eau effectivement, amélioré la facturation et ont été exemplaires à bien des égards. Leurs bruits de bottes ne se sont fait entendre que lorsque le contrat d’affermage n’a pas été reconduit l’année dernière par le Premier Ministre Abdoul Mbaye qui avait certainement des raisons de se donner le temps d’y voir clair. Il les a reconduits certes mais pour quelques mois, ayant mesuré la nécessité pour le pays de s’adapter aux exigences de l’heure mais aussi à celles des stratégies du futur pour définitivement mettre le pays à l’abri des problèmes que ce secteur peut poser.
Pour des financiers dont l’indice à la bourse et la solvabilité sont figés par des stylos en granit dans des business-plan pluriannuels, cette chicherie dans la signature de l’ex-PM a pu remettre en cause leur crédibilité, pire leur survie dans un échiquier financier sans pitié. Un contrat du Sénégal non renouvelé pour une longue période fausse toutes leurs prévisions, ce faisant, tous leurs plans d’investissement sont gelés Et ceci pourrait même sonner le glas de leur existence tant ce monde vit de sang frais et pur et ne fait aucun cadeau même aux sociétés financières surpuissantes ! Nous-y voilà !
La Sones, l’autre mammouth qui se goinfre des 18 milliards que lui verse la SDE tous les ans sur les 60 milliards que celle-ci filtre des poches des Sénégalais, n’a pas su tirer la sonnette d’alarme ou alors celle-ci était muette.
Entre la SDE qui a besoin de visibilité sur le long terme pour investir et la Sones qui n’a pas les mêmes prérogatives qu’elle, le citoyen navigue dans les tubes vérolés d’un réseau plein de fistules qui menace d’éclater en amont et en aval d’un un lac de Guiers aux abois.
Ce qui nous arrive n’est ni une fatalité, ni une malédiction mais l’effet de bonhommes à col blanc qui se sont retirés dans leur tanière au premier coup de feu.
Pendant que le Directeur Général de la SDE se fait laminer en public, les actionnaires sénégalais de cette même société sont motus et bouche cousue. Ils les ont eues ces actions pour une bouchée, ne serait-ce que pour la reconnaissance du ventre, ne devraient-ils pas venir sous les projecteurs nous dire. Nous dire quoi ? Eux le savent !
Les responsabilités
L’Etat a choisi de concéder un contrat pour l’eau, c’était dans la marche du temps, c’était normal. Et l’Etat avait raison. Le monde évolue, Dakar gonfle avec moins de 1% du territoire et 60% de la population. Cette mégapole est prise à la gorge par une démographie insensée qui affole tous les compteurs.
Ce problème d’eau si nous nous en sortons indemnes, exigera une véritable réflexion sur l’aménagement du territoire et surtout sur l’agriculture.
L’exode rural a transformé Dakar en réceptacle géant de la misère de tout un peuple en quête de vie et qui pourtant pourrait développer une agriculture moderne, vivre et faire vivre ce peuple sénégalais en croissance.
Les solutions
L’ère des faux-fuyants est dépassée, le spectacle insoutenable de femmes démunies sandales déchirées, pagnes à mi- mollet et seaux vides à mi-coude à la quête d’eau a déchiré tous les cœurs, même les endurcis.
Le Quotidien titrait dans son édition du mercredi 25 septembre : Eau rage !… Complétons-le ! Eau désespoir ! Eau vieillesse ennemie ! N’ai-je pas donc pas tant vécu que pour cette infamie ? …
Sans vouloir retourner au 17ème siècle, même si le spectacle illustre parfaitement ces propos de Corneille, disons-ceci :
– Les tuyaux sont vieux ? Faut les remplacer ! D’ici là que ne crée t’on pas un circuit parallèle ?
– La SDE n’a pas de plan B ? Macky Sall sévit et sort le bâton pour sortir son peuple de cette farce.
– Il y a eu des négligences ou du sabotage, que ceux-ci soient grands ou petits n’est pas le problème, faudra confondre les coupables et les trainer devant la justice.
– La diaspora sénégalaise compte des milliers d’experts dans tous les domaines dont l’eau, réunir les experts sénégalais sur les questions essentielles de notre pays, qu’il s’agisse de l’eau, de l’énergie, de l’environnement… pour apporter des solutions durables à notre patrie.
Le choix pour la Dame de fer et Macky, dos au mur et attendus par tout un peuple, est hélas restreint.
– Traquer les individus aux costumes impeccables et aux souliers vernis roulant les ‘r’ comme ils roulent les citoyens afin de les mettre devant leurs responsabilités.
– Plonger le nez dans l’arrière-cour de cette cuisine où fourmillent techniciens de la SDE, fonctionnaires de l’Etat et de la SDE pour mettre à la poubelle tout ce qui pue.
-Trouver une solution à court terme pour sortir de cette tragédie et aussi mettre sur pied des solutions à long terme bien réfléchies.
Sunugal, notre pirogue navigue sans eau, abîmant sa foi sur une banquise sèche dont on ne voit encore l’horizon. En attendant peut-être l’obstacle qui va mettre fin à sa course folle.
Macky Sall a les moyens de régler ce problème, il en a le pouvoir, la force et son bras ne devrait point trembler. Il nous a déjà dit la semaine dernière que son souci n’est pas la réélection, ce qui devrait le mettre à l’aise.
Il nous a aussi dit qu’il est un lion, dormant ou éveillé on s’en accommode, un lion restant un lion.
Monsieur le Président de la République, sonnez donc la fin de la récréation et mettez un coup de pied dans ce lard-là ! Le pays sera là pour vous soutenir.
Oumou Wane
Présidente Africa7