Le dimanche 20 avril 2014, les populations Kabyles ont organisé plusieurs marches simultanées en Kabylie et à l’étranger en commémoration du Printemps Amazigh de 1980 et celui du Printemps Noir de 2001 avec pour mot d’ordre : droit du peuple kabyle à son autodétermination et affirmation de la solidarité de la Kabylie avec tous les peuples amazighs en lutte pour leurs droits légitimes.
Des manifestations qui se voulaient rassembleur, unitaire et pacifique par leurs organisateurs du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK) et du Réseau ANAVAD (Gouvernement Provisoire Kabyle en Exil) afin d’honorer la mémoire des victimes Amazigh du régime algérien.
C’est ainsi qu’à Ghardaïa, des milliers de Mozabites sont sortis dans la rue pour commémorer les événements d’avril 1980 et réclamer l’officialisation de la langue Tamazight alors qu’à Tizi Ouzou, Bejaïa et Bouira ils étaient des dizaines de milliers.
Toutefois c’était sans compter sur l’hostilité des dirigeants algériens, fraichement consolidés dans leur pouvoir répressif avec la réélection de Bouteflika.
Des manifestations qui ont été dispersées avec une sauvagerie et une violence inouies par les forces de sécurité, notamment à Tizi Ouzou où même 100 blindés ont été acheminés sur place pour faire face aux protestataires. Même des automitrailleuses étaient sationnées sur le boulevard Krim Belkacem. Un dispositif sécuritaire jamais vu dans une démocratie pour surveiller le bon déroulement d’une manifestation pacifique !
On déplorait plus de 100 blessés et 50 arrestations parmi les marcheurs pacifiques à Tizi Ouzou alors qu’une chasse aux manifestants se déroulait à Béjaïa. Un bilan qui pourrait s’alourdir.
Nonobstant, ces violences, il est à retenir que depuis plus de 20 ans aucune manifestation n’a pu mobiliser autant de monde en Algérie. Une mobilisation populaire que n’a pu réussir aucun candidat à la présidentielle et ce, même si on additionne tous les présents à leurs meetings.
Un nouveau désaveu à la réélection de Bouteflika !
Les responsables du régime algérien auraient été plus inspirés de déployer leurs forces sécuritaires à la pourchasse et à la neutralisation du groupe terroriste qui a tué le même jour 16 soldats (Un chiffre qui serait nettement plus supérieur selon plusieurs sources kabyles) et blessé 09 autres à Iboudrarene au pied du massif de Jurjura, à quelque 30 kms de Tizi Ouzou, que de tabasser des protestataires qui manifestaient pacifiquement.
Par cette répression féroce, les responsables algériens, qui viennent de s’accorder une rallonge de 05 années de pouvoir, ont envoyé un message clair qui ne peut souffrir d’aucune nuance quant à sa politique de déni de toutes les libertés et notamment celle relative à la revendication Amazigh.
Une sanglante répression de cette marche qui constitue un acte grave et porte atteinte au 20 avril, date historique et symbole du combat Amazigh et des libertés démocratiques et qui risque d’éclabousser Paris, Washington, Londres et Madrid.
A signaler, qu’à Paris, les Mozabites, blessés dans leur chair par les tragiques évènements de Ghardaïa, et les Chaouis des Aurès, touchés dans leur orgueil par les insultes prononcées par Sellal, le Directeur de campagne de Bouteflika, à leur encontre, étaient présent en nombre sur le parvis des Droits de l’Homme. Même à Rabat, les berbères du Maroc ont manifesté à Rabat pour soutenir leurs frères algériens et commémorer avec eux le 20 avril. A Montréal (Canada), ils étaient plus de 300 à manifester en plein centre-ville, au parc Émilie-Gamelin.
La Kabylie, et tout particulièrement Tizi Ouzou, a vécu cette journée du 20 avril 2014 dans un climat de guérilla urbaine et il est quasi impossible de se déplacer d’un endroit à un autre. La tension dans cette région reste toujours perceptible et il est à craindre une recrudéscence de la répression et des manifestations.
Une visualisation des photos et vidéos de cette journée sanglante mises en ligne sur les sites kabyles donnerait froid au dos aux lecteurs tant la mostruosité et la bestialité de la répression sont flagrantes et ne peuvent être démenties. Ces vidéos et photos tournent en boucle sur le net. La honte pour le régime algérien.
Au fait où sont passées les organisations et associations de défense des Droits de l’Homme ? Qu’en pensent la Fondation Robert Kennedy et sa Présidente Kerry Kennedy ? Silence total ! On ne coupe pas la main qui vous nourrit !
Quoiqu’il en soit, la Kabylie, Tizi Ouzou, sa capitale, et les Amazigh, bien que martyrisés, ce dimanche 20 avril 2014, par les forces de sécurité algériennes pour avoir voulu honorer leurs morts et réclamer l’autodétermination, restent toujours débout.
Farid Mnebhi