«La faim est déjà présente, dans certaines zones du Sénégal, c’est dramatique. C’est pourquoi le président de la République a particulièrement insisté pour que ce Conseil interministériel se tienne dans les meilleurs délais». Une déclaration par laquelle, le Premier ministre du Sénégal,
Abdoul Mbaye, a reconnu la faim qui sévit chez les braves paysans. Un problème qui est de loin beaucoup plus âpre que tout ce que l’on peut imaginer. Les paysans se trouvent entre le marteau de trouver à manger pour leur famille et l’enclume d’en faire de même pour le bétail.

Conséquence de la mauvaise campagne agricole de l'année dernière qui a vu les paysans se retrouver avec de faibles rendements, cette famine dans le monde rural prévaut pratiquement un peu partout dans le pays. Un constat qui a été fait, il y a quelques jours.

Fatick vit sa misère en silence
A Fatick, région d'origine du 4e président du Sénégal, Macky Sall, les villageois vivent dans la misère et la désolation. La famine s’est réellement installée. Ils sont beaucoup plus préoccupés à trouver de quoi se nourrir que de penser à autre chose. Les paysans n’ont quasiment rien vendu cette année. Et du coup, ils se retrouvent sans vivres pour nourrir leurs familles. Une situation pénible qui fait que les villageois souffrent déjà le martyr. Chaque jour, ces derniers remuent ciel et terre pour trouver de quoi se mettre sous la dent. C’est le cas de Latyr Sène, ce paysan qui habite à «Ndoss Diarraff» un village situé dans le département de Fatick. En effet, Latyr Sène marche des kilomètres, chaque lundi, pour
rejoindre le marché hebdomadaire de Niakhar. Et c’est pour vendre des matelas en paille «padiass» qu’il tisse lui-même histoire de trouver de quoi faire vivre sa petite famille. «Cette année, l’hivernage n’a pas été bon. La pluie n’était pas du tout abondante. Ce qui fait que nous n’avons pas beaucoup récolté, nous n'avons pas de quoi manger» regrette le vieil homme, le visage fatigué. Assis à même le sol, la pipe à la bouche, le teint noirci par la chaleur et le chaud soleil, le vieux paysan de dire : «nous n’avons même pas de quoi vivre. C’est pourquoi je tisse des matelas en paille que je vends ici au marché hebdomadaire tous les lundis pour avoir de quoi nourrir ma famille». Trouvé dans les lieux, Bocar Diouf un autre paysan qui habite le village de «Sanguaye» dans l’arrondissement de Niakhar vend également des «padiass» pour faire vivre sa famille.
«Puisque cette année, les récoltes n’ont pas été abondantes à cause d’une mauvaise pluviométrie, je vends des ‘padiass’. Parce que je n’ai plus de quoi faire vivre ma famille. Chaque ‘padiass’ je le vends entre 1500 et 5000francs c’est avec ça qu’on survit, ma famille et moi».
Dans le même registre, Diodio Diagne, ce vieux paysan subit déjà les conséquences de cette situation. Assis sur un banc, le visage assombri, l’esprit ailleurs, Diodio vend des cordes de bétail. Il ne veut même pas se souvenir de cette année hivernale qui n’était pas au rendez-vous. «Vraiment nous les paysans, nous sommes très fatigués. L’hivernage, de cette année, a été très mauvais, on n’a même de quoi vivre. Mon bétail est en train de mourir, parce qu’il n’y a même pas d’herbe» se lamente t-il. Aussi, indique t-il : «Le peu de mil que j’ai récolté je ne peux pas le vendre sinon ma famille risque de mourir de faim. Nous n’avons rien. C’est pourquoi et pour ne pas laisser mes enfants mourir de faim, je
viens ici pour vendre des cordes entre 100 et 500 francs. Vraiment nous sommes fatigués et l’Etat doit nous aider». Les conséquences de cette mauvaise année hivernale a atteint son paroxysme dans le monde rural. Les paysans vivent dans la misère et la famine, le bétail meurt à cause d’un manque d’herbe.

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