Le landerneau politique sénégalais s’est gavé ces derniers temps des spéculations les plus alambiquées aux théories les plus insensées autour de ce qu’il est convenu d’appeler l’acte III de la décentralisation. L’énoncé renvoie de lui-même à un 3ème acte d’une pièce de théâtre qui se joue en plusieurs étapes et on est tenté de se demander ce qui s’est passé aux actes I et II. A vrai dire ni les experts ni les politiques encore moins les militants apéristes le plus promptes à défendre urbi et orbi les prétextes du parti ne sont capables de nous proposer un dessin cohérent de cette trouvaille propre à la décentralisation. De quoi s’agit-il finalement ?


Il faut dire que l’Afrique en général et l’Afrique subsaharienne en particulier a depuis longtemps été marginalisé dans les processus de développement et les affres de l’esclavage d’abord, puis de la colonisation ensuite, ne nous ont pas permis de relever la tête pour mettre en cohérences des programmes de développement utiles pour nos peuples. C’est ainsi que 50 ans d’indépendance n’ont pas permis au Sénégal de sortir du peloton des PMA dans lequel on croirait que notre pays se complait au point de renouveler cette reconnaissance systématiquement et de façon périodique. A coté de cela et ne serait ce que pour comparer, la Corée du Sud qui était au même niveau de développement que le Sénégal en 1960 nous octroie de nos jours l’aide au développement sans lequel notre pays ne pourrait pas fonctionner de façon autonome. Pourtant il est facile de se rendre compte que ces pays pour émerger n’ont pas eu besoin de calquer pour les copier, sur les processus de développement de Pays comme la France. Il est clair que tous les processus de décentralisation en Afrique se ressemblent. Ils ont en commun la tare congénitale qui consiste à imaginer au Nord, des moyens de contraindre les états du Sud, à faire en sorte que les fruits du développement arrivent aux populations. Et comme tous les programmes pensés au Nord pour nos pays du Sud, la pertinence des idées ne collent jamais aux réalités de terrain et c’est comme cela que le PAS (Plan d’Ajustement Structurel) a été un échec. La notion de bonne gouvernance apparue depuis pour imaginer un PAS renouvelé avec des outils différents n’est qu’une cause nouvelle pour assurer un processus de décentralisation cohérent, permettant aux territoires de participer directement aux efforts de développement avec plus d’empowerment (comme le martèle la banque mondiale). Mais les même causes produisent toujours les mêmes effets, nous le savons et au nom du droit à l’émergence, il nous parait important de dire stop à ce prétexte d’acte III qui à terme ne permettra pas de réussir cette équité voulue avec la communalisation universelle.
Nous pensons que les vrais actes de salut consisteront à favoriser un leadership autonome du pouvoir dans les territoires, à faire en sorte qu’il ne soit plus possible d’avoir un Maire qui n’ait été suffisamment instruit, pour comprendre les enjeux de développement sur son territoire, à faire en sorte que les populations fassent des élections locales une véritable instance de choix de leurs élus, et de participation à la dynamique de développement de leur localité. Le chemin se fait en marchant dit on, la décentralisation voulue en termes d’autonomie, d’équité et de réalisation se fera au gré des volontés affichées de l’Etat de transférer plus de compétences et de donner des moyens conséquents aux communes pour la réalisation des objectifs de développement.  Au Sénégal, les identités territoriales sont connues depuis Ndiadiane NDIAYE, il suffit de peu pour que nos pôles régionaux de développement se mettent naturellement en marche. Cela demande plus de pragmatisme et moins de politique. 

Pape Sarr, Duc de Diappal

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