Les commentaires et les supputations vont bon train. En effet les mémoires du Président font jaser, suscitent de la colère, de l’émotion, mais aussi attirent l’attention des uns et des autres et particulièrement les hommes politiques pour ne pas citer les caciques du PS (Parti socialiste) et enfin les analystes politiques. « Tout livre est un attentat » dixit Marcel Jouhandeau (essai sur moi – même) édition Gallimard.

Qu’est – ce qui explique la posture du Président Diouf, homme politique controversé au début des années 90 par l’écrasante majorité du peuple qui ne se voyait plus dans sa politique d’austérité, de privatisation des biens de l’Etat, adossée à un plan d’ajustement structurel qui plombait à l’époque toute perspective de création d’emplois à sortir de sa réserve habituelle, de sa discrétion lui qui est un disciple de Senghor , habitué aux arcanes du pouvoir ?

Abdou le taiseux d’hier publie ses mémoires qui retracent les événements les plus marquants de sa trajectoire d’homme politique et en fait un récit riche en développement et en péripéties pour le peuple qui n’est pas dans le secret des dieux mais qui intrigue ses plus proches collaborateurs et surtout ceux qui y sont cités.

Est –il vraiment d’une maladresse insigne lorsqu’il s’est agi de relater les faits récusés les concernant, lui qui est connu comme un homme très chiche en révélations et qui parlait peu à son peuple durant son magistère et se refusait même de rompre le silence à des moments où la tension était vraiment vive.

Est –ce un règlement de compte avec ses anciens caciques, dignitaires qui lui ont tourné le dos aux élections présidentielles de l’an 2000 ? Je veux nommer Djibo leyti KA, homme politique insaisissable et souvent versatile. La posture de dernier ne lui est –elle pas resté à travers la gorge ? Le professeur Habib Thiam et le maire Maitre Mbaye Jacques DIOP proches collaborateurs ont eux aussi lâché la barque. La liste est exhaustive.

Cependant les réactions assez loufoques et disproportionnées de la part de ces trois derniers, suite à la publication uniquement des bonnes feuilles parues dans la presse, ne témoignent- elles pas à suffisance de la nature de nos hommes politiques, de ces girouettes que le Président semble insinuer à travers ses mémoires par le biais de la critique indirecte.

Quoi que l’on puisse penser de lui, il a su composer avec une oligarchie politique, économique, en lâchant du lest afin de consolider le système démocratique qui nous a valu l’alternance. La réserve et la pondération dans les propos sont des qualités intrinsèques du Président Diouf n’en déplaisent ses détracteurs et il a su laisser à son successeur un Etat, au populiste et égocentrique Maitre Wade, qui, par moments nous l’a fait regretter.

Ces révélations croustillantes partagées avec le peuple par le biais de la catharsis, avec des propos mesurés, exemptes de capacité de nuisance au pouvoir étatique et qui ne peuvent nullement contribuer à sa fragilisation, laissent transparaitre encore une fois, l’homme d’Etat, contenu et patriote convaincu. Diouf aurait pu sortir vraiment de sa réserve tel un surréaliste mais sa pondération reste et demeure dans ses mémoires, qui ma foi, parachèvent sa brillante trajectoire d’homme politique.

Et il était de son devoir de laisser à la postérité, à la jeune génération, son histoire, ses passions d’autant que «  ce sont nos passions qui esquissent nos livres, et le repos d’intervalles qui les écrit » d’après Marcel Proust. Ces écrits décriés par certains, à mon avis, sont un viatique à la génération post – indépendance d’une manière générale, et surtout au Président Macky Sall, qui doit lui rendre des hommages mérités et en tirer toutes les leçons pour ne pas se faire phagocyter par son entourage, et des hommes politiques illusionnistes.

BAH FALL

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