L’ancien président tchadien Hissène Habré, réfugié à Dakar depuis 1990 et accusé de crimes contre l’humanité, a été placé en garde à vue dimanche dans le cadre d’une enquête ouverte par un tribunal spécial devant le juger, a-t-on appris dimanche de sources concordantes.

Hissène Habré, l’ex-président tchadien vivant en exil au Sénégal, a été cueilli dimanche matin à son domicile dakarois et conduit vers une destination inconnue de ses proches, a déclaré l’un de ses avocats, El Hadji Diouf.

« Je viens d’être informé par l’épouse de Hissène Habré qu’il a été enlevé. […] C’est inacceptable », a dit Me Diouf sur la radio privée RFM.

« On vient de procéder à l’arrestation de M. Hissène Habré. On est en train de le conduire vers une destination inconnue. Je crois que les organisations de défense des droits ont l’occasion de montrer qu’elles se battent pour le respect scrupuleux des droits humains », a-t-il affirmé, dénonçant un « acharnement » qui a duré « 13 ans » sur son client.

El Hadji Diouf a ajouté : « Sommes nous dans un Etat de droit ? De quelle urgence est-on venu cueillir Hissène Habré un dimanche ? Depuis 13 ans, l’acharnement continue sur Hissène Habré. »

M. Habré a été cueilli à son domicile par sept éléments des forces de sécurité sénégalaises, a dit son épouse à la radio privée Walfadjri.

L’ancien président tchadien, qui vit en exil à Dakar depuis sa chute après huit ans de pouvoir au Tchad (1982-1990), est accusé de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture. Selon des ONG, 40.000 personnes auraient été tuées durant sa présidence.

Pour son jugement, le gouvernement sénégalais et l’Union africaine (UA) ont signé un accord, en vue de la création, au Sénégal, d’un tribunal spécial. L’accord a été approuvé le 19 décembre par les députés sénégalais.

Le Sénégal avait été mandaté en juillet 2006 par l’Union africaine (UA) pour faire juger M. Habré, mais l’ex-président sénégalais, Abdoulaye Wade, n’a jamais organisé de procès.

Son successeur, Macky Sall, qui a pris ses fonctions en avril 2012, a exclu d’extrader Hissène Habré en Belgique, pays qui le réclame. M. Sall s’était engagé à organiser un procès au Sénégal.

Des chambres africaines extraordinaires (CAE) ont été créées au sein des juridictions sénégalaises pour juger M. Habré.

La mise en place des CAE a eu lieu à la suite de la résolution 401 adoptée le 31 janvier 2012 par la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA.

Cette résolution demande au gouvernement du Sénégal d’examiner les modalités pratiques, ainsi que les implications juridiques et financières, pour la suite des crimes internationaux présumés commis sur le territoire tchadien durant la présidence Habré.

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