C’est ce Vendredi 03 octobre 2014 que les Pèlerins aux Lieux Saints de l’Islam célébreront le 1382e anniversaire du dernier Sermon que le Prophète Mouhamed (psl) prononça au neuvième jour de Zoul Hijja (mois en cours du calendrier musulman), à l’occasion de son premier et dernier pèlerinage. Ce sera pendant de la «Station d’Arafat» ("Takhawayu Arafat"), lors de laquelle des centaines de milliers de pèlerins scanderont en chœur "Labaïka Allahouma labaïk" (me voilà, Seigneur, répondant "présent" à ton Appel), dans la vallée Uranah du Mont Arafat, ce site sacré où le Prophète Mouhammad s’adressa pour la dernière fois à la Communauté musulmane. A travers un sermon testamentaire pathétique, indiquant la Voie de la Rectitude et du Salut Eternel. En ce jour béni, les autres musulmans, non partant au Pèlerinage, ont l’opportunité d’observer un jeûne surérogatoire et de méditer sur la Toute Puissance du Créateur.
Sceau des Prophètes, fondateur de la Cité-État de Médine, orateur charismatique, théologien, philosophe, mari et père modèle, il constituait l'incarnation humaine la plus élevée de la sagesse, de la vertu, de la patience, du courage, de la générosité et de l’intelligence. Il a inspiré des millions de personnes à travers le monde et à travers les siècles, au point de fasciner de grands intellectuels et penseurs internationaux non-musulmans, dont certains n’ont pas hésité à livrer de hautes appréciations sur le Prophète Mouhamed : Alphonse de Lamartine (dramaturge, romancier et homme politique français) : «Si la grandeur du but, la modestie des moyens et le gigantisme des résultats sont les trois critères du génie humain, qui ose comparer un quelconque personnage de l’histoire à Mouhamed ?» ; Mahatma Gandhi (leader pacifiste indien) : «Je suis plus que convaincu que ce n’est pas l’épée qui a fait gagner à l’Islam la place qu’elle occupe présentement. C’était la simplicité rigoureuse, l’abnégation totale du Prophète, son respect scrupuleux des promesses, sa dévotion intense, sa grande générosité de cœur envers ses compagnons et ses adeptes, son courage, sa confiance absolue en Dieu et en sa propre mission». Pour ne citer que ces exemples.
En effet, dans le Coran, Dieu dit de Mouhamed (psl) qu’il a été envoyé en témoignage de Sa Miséricorde aux peuples du monde : «Et Nous ne t’avons envoyé qu’en miséricorde pour l’univers» (Coran 21:107).
Ce dernier sermon du Prophète fut un véritable rappel, destiné aux fidèles, mais aussi une importante mise en garde adréssée à la communauté humaine, tout en confirmant la fin de sa mission prophétique. Un prêche émouvant et non-moins prémonitoire:
«Ô peuple! Écoutez attentivement, car je ne sais si, au-delà de cette présente année, je serai encore parmi vous. Écoutez donc avec attention et transmettez ce message à ceux qui n’ont pu être présents parmi nous aujourd’hui.
«Ô peuple! Tout comme vous considérez ce mois, ce jour, cette cité comme sacrés, considérez aussi la vie et les biens de chaque musulman comme sacrés. Retournez à leurs légitimes propriétaires les biens qui vous ont été confiés. Ne blessez personne afin que personne ne puisse vous blesser. Souvenez-vous qu’en vérité, vous rencontrerez votre Seigneur et qu’effectivement, Il vous demandera compte de vos actes. Dieu vous a défendu de pratiquer l’usure, donc tout intérêt non-payé est désormais annulé. Votre capital, cependant, vous revient. N'infligez ni ne faites endurer aucune injustice.
«Méfiez-vous de Satan, pour le salut de votre Religion. Il a perdu tout espoir de ne pouvoir jamais vous amener à commettre les grands péchés; attention, donc, à ne pas le suivre dans les péchés mineurs.
«Ô peuple! Il est vrai que vous avez certains droits à l’égard de vos femmes, mais elles aussi ont des droits sur vous. Souvenez-vous que c’est par la permission de Dieu que vous les avez prises pour épouses et qu’elles vous ont été confiées par Dieu. Si elles respectent vos droits, alors à elles appartient le droit d’être nourries et habillées convenablement. Traitez-les donc bien et soyez gentils envers elles, car elles sont vos partenaires et sont dévouées envers vous. Il est de votre droit qu’elles ne se lient pas d’amitié avec des gens que vous n’approuvez pas, et qu’elles ne commettent jamais l’adultère.
«Ô peuple! Écoutez bien : adorez Dieu, faites vos cinq prières quotidiennes, jeûnez pendant le mois de Ramadan, et donnez de votre richesse en zakat. Accomplissez le Hajj si vous en avez les moyens.
«Toute l’humanité descend d’Adam et d’Ève. Un Arabe n’est point supérieur à un non-Arabe, pas plus que celui-ci ne l’est envers un Arabe; les Blancs ne sont point supérieurs aux Noirs, autant ces derniers ne le sont point vis-à-vis des Blancs. Aucune personne n’est supérieure à une autre, si ce n’est en piété et en bonnes actions. Vous savez que chaque musulman est le frère de tous les autres musulmans. Vous êtes tous égaux. Vous n’avez aucun droit sur les biens d’autrui, à moins qu’on ne vous en ait fait don librement et de plein gré. Par conséquent, ne soyez pas injustes les uns envers les autres.
«Souvenez-vous, un jour vous vous présenterez devant Dieu et répondrez de vos actes. Prenez garde donc, ne vous écartez pas du droit chemin après ma mort. Ô peuple! Aucun prophète ni messager ne viendra après moi, et aucune nouvelle religion ne naîtra.
«Raisonnez bien, ô peuple, et comprenez bien les mots que je vous transmets. Je laisse derrière moi deux choses : le Coran et la Sounnah du Prophète, comme modèle. Si vous les suivez, jamais vous ne vous égarerez.
«Que ceux qui écoutent transmettent ce message à d’autres, et ceux-là à d’autres encore; afin que les derniers puissent le comprendre mieux que ceux qui m’écoutent présentement.
«Sois témoin, ô Allah, que j’ai transmis Ton message à Tes serviteurs».
Le Prophète termina ainsi son dernier sermon. Et, alors qu’il se tenait près du sommet de Arafat, le verset coranique suivant lui fut révélé par le biais de Seydina Djibril (l'Ange Gabriel): «Aujourd’hui, J’ai parfait votre religion pour vous ; J’ai accompli Mon bienfait sur vous. Et J’ai choisi l’islam comme Religion pour vous» (Coran 5:3).
Souvent repris volontiers par les Imams et Oulémas, lors de leurs prêches du Vendredi, ce sermon testamentaire se révèle être un condensé des principes fondamentaux des Droits de l’Homme ; un code d’étique, sensé régir les rapports entre les individualités, garantir les droits de la Femme, tout en préconisant des relations équilibrés entre les différents segments de la communauté humaine ; notamment par la promotion de la solidarité, du respect des différences et de la défense des plus faibles.
Bien que le Prophète (psl) ne soit plus de ce monde, son sermon d’adieu demeure toujours vivant et plus que jamais d’actualité!
Mame Mactar Guèye
Vice-président Jamra
ongjamra@hotmail.com