Ancien commandant en second de la gendarmerie nationale, le colonel Abdou Aziz Ndaw a publié un ouvrage intitulé « Pour l’honneur de la gendarmerie nationale », et dans lequel il fait des révélations explosives sur la gestion du dossier de la guerre en Casamance sous le régime Wade. Entre mensonges, manipulations, pots-de vins et, même meurtre, c’est tout un lobbying qui est ici mis à nue.

A la page 98 de l’ouvrage, publiée par nos confrères d’Enquête, il est ainsi révélé : « Jamais, à ma connaissance, le Mfdc (N.D.LR. : Mouvement des Forces démocratiques de Casamance) n'a pu occuper et fortifier des positions, violer le sanctuaire national, si ce n'est avec la complicité coupable du Général (N.d.r. : Fall) qui fait croire à l'Etat l'imminence d'un Cessez-le-feu et d'un Accord de paix (…) les services de renseignements se taisaient sur la Casamance ou bien recevaient les foudres du Général Fall, qui mentait et manipulait le chef de l'Etat. Le vieux président croyait, effectivement, que la paix était proche. Les militaires ne mourraient plus et la presse ne se faisait plus l'écho d'une Casamance meurtrie et assombrie ».

Le colonel Abdou Aziz Ndaw continue de plus belle, enfonçant le général Abdoulaye Fall qui, selon ses dires, tirait de ces manipulations une belle moisson financière : «  Deux cents millions étaient fournis mensuellement au Général et à ses neveux gendarmes qu'il employait comme agents de liaison avec la Casamance et distributeurs de liasses pour corrompre des groupes de notables et de prétendus rebelles ».

Et concernant la gestion de l'assassinat d'Omar Lamine Badji, l'ancien Président du Conseil régional de Ziguinchor, elle serait significative de la nébuleuse entretenue sciemment par l'ancien Chef d'état-major particulier du chef de l'Etat autour de la rébellion casamançaise, si on en croit les allégations du Colonel.

La gendarmerie, on le sait, avait, sous la direction du commandant de Légion, Meissa Niang, arrêté un certain Abba Diedhiou, identifié comme complice des meurtriers. Alors que le colonel Ndaw se félicitait de l'avancée significative dans ce dossier, le général Abdoulaye Fall ordonna de dessaisir les hommes de Niang, au profit de la Section de Recherches de la Gendarmerie établie à Dakar.
Il a été officiellement rapporté au colonel Ndaw qu'Abba Diedhiou est mort dans les locaux de la gendarmerie, entre les mains des éléments de la Section de Recherches. Suspecte aux yeux de l’ancien second du général Fall, cette mort d’Abba Diedhiou relevait pour le colonel soit d’actes de torture, soit d’un assassinat « pour lui clouer à jamais le bec ».

Et lorsque le Colonel donna ordre à la Légion d'ouvrir une enquête sur la mort d'Abba Diedhiou et s'en ouvrit au général Abdoulaye Fall, ce dernier lui  demanda « de le laisser faire et que lui-même conduirait cette affaire très sensible». On connaît la version officielle : Abba Diedhiou est mort en voulant sauter du véhicule de son transfèrement et se serait heurté mortellement le crâne contre la chaussée. «Aucune enquête, aucune autopsie n'était entreprise, le Général mit tout son poids dans la balance et cette affaire était classée sans suite et avec la thèse de l'accident », a déploré le colonel Abdou Aziz Ndaw.

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