Le livre "Oralité africaine : entre esthétique et poétique" est une synthèse de 200 pages, qui analyse le mythe de Ndiadiane Ndiaye (roi du djolof) et l’épopée d’El Hadji Omar Tall (résistant et soufi) en tentant d’expliquer les rapports entre l’oralité et l’écriture, selon son auteur, le professeur Samba Diop, de l’Université d’Oslo, en Norvège.

‘’C’est un ouvrage de synthèse dans lequel je reprends beaucoup de concepts et j’analyse surtout le mythe de Ndiadiane Ndiaye et l’épopée d’El Hadji Omar Tall. Ces textes servent de prétexte pour explorer d’autres sources différentes de la tradition’’, a-t-il dit, lors de la cérémonie de présentation de son ouvrage.

Selon l’auteur, le livre traite des rapports entre l’oralité et l’écriture en expliquant comment des romanciers africains, tels que Cheikh Hamidou Kane, Ousmane Sembene, Aminata Sow Fall ''recréent l’oralité dans leurs écrits''.

’’On a tendance à confondre l’oralité et l’écriture, mais c’est différent. L’oralité est faite généralement par les griots, alors que l’écriture a été amenée par l’école’’, a-t-il précisé, lors de la cérémonie, au Centre de recherches ouest africain de Dakar (WARC)

Ce livre de 200 pages, publié à la maison d'édition l’Harmattan, est composé de six chapitres séquentiels qui traitent du mythe, de l’épopée et de comment le roman africain transpose et se sert de la tradition orale.

''Il est faux de dire que les romanciers africains ne se servent que de la tradition, il y a d’autres sources pour leur inspiration, telles que le Coran, la musique, la danse'', a-t-il déclaré, rappelant que les contes de Birago Diop, écrivain et poète sénégalais, lui on été racontés par un griot.

‘’J’ai aussi parlé dans le livre de l’islam, de la question de l’idéologie, de l’action de la mémoire. Quand on récite un texte oral, comment on fait pour s’en souvenir et rester fidèle aux faits, et quelle est la fonction du mythe et de l’épopée par rapport à l’identité, à la personnalité, au clan, à la famille, à la nation, ce qui est très important’’, a détaillé l'auteur.

‘’Quand on est dans ce monde, on se pose des questions. Pourquoi on est là ? On veut donner un sens à la vie : comment est on arrivé ici, que fait-on ici’’, a-t-il expliqué.

De son point de vue, ''on retrouve les mêmes questions dans les différentes religions, et l’histoire apporte des réponses à ces interrogations’’.

Le chercheur reconnaît également avoir été confronté à un problème de traduction du wolof au français. ‘’Il est difficile de trouver le mot exact, et on est obligé de trouver une traduction de sens et de contexte’’, a-t-il expliqué.

De son côté, l’écrivain et philosophe Hamidou Dia déclare que le livre de Samba Diop, qui a comme sous titre ‘’esthétique et poétique’’, fait une réflexion sur l’épopée et le mythe, des termes importants, selon lui. ‘’C’est un travail remarquable qui devrait être lu’’, a-t-il jugé.

L’oralité en Afrique, a dit M. Dia, est une source fiable de la connaissance de notre passé et ne disparaîtra jamais, quelle que soit l’importance de l’écrit.’’L’oralité a de beaux jours devant elle, et les griots, les authentiques historiens qui sont notre mémoire, aussi, auront de beaux jours devant eux’’, a-t-il prédit.

Le philosophe s'est insurgé contre l'idée selon laquelle l'Afrique est purement un continent de l'oralité. ''Les manuscrits de Tombouctou (Mali) montrent que l’Afrique a connu et l’écriture et l’oralité’’, a-t-il affirmé.

M. Dia, qui a procédé à la présentation du livre, a par ailleurs soutenu que l’Afrique n’est pas dans la modernité et peine à y entrer, ''même si notre culture est entre les eaux occidentale et africaine''.

’’Nous devons mener une interrogation sur cela et savoir qu’est ce qui fait notre identité culturelle’’, a-t-il exhorté.

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