République, Dakar, 31/12/2012

Sénégalaises, Sénégalais,

Hôtes étrangers qui vivez parmi nous,

Je suis heureux de m’adresser à vous, au seuil du nouvel an.

En ces moments de joie et d’espérance, j’ai d’abord une pensée
affectueuse pour nos malades et pour tous ceux qui souffrent des aléas
de la vie.

Je salue avec respect, la mémoire de nos morts, dont d’illustres fils
de la Nation ravis à notre affection récemment.

Puissent  les valeurs élevées d’amour patriotique, de culte de la paix
et de la fraternité humaine qu’ils ont incarnées nous servir de
viatique sur le chemin de notre destin partagé.

Par une belle coïncidence des calendriers, qui traduit l’harmonie de
notre Nation dans sa diversité, le nouvel an correspond cette année,
quelques jours après les fêtes de noël, avec le Grand Magal de Touba,
occasion privilégiée de retrouvailles et de communion spirituelle.

Retrouvailles dans la paix et la communion, c’est notre vœu le plus
cher pour la Casamance. Et l’espoir est permis, avec la libération de
nos soldats qui étaient retenus en otage pendant plusieurs mois. Je me
réjouis, une fois de plus, de ce geste de bonne volonté.

Au nom de la Nation, je renouvelle mes sincères remerciements à tous
ceux qui ont facilité ce dénouement heureux.

Je reste, pour ma part, déterminé à poursuivre le dialogue déjà engagé
pour le règlement pacifique et durable de la crise casamançaise.

Mes chers compatriotes,

Au cours de l’année qui s’achève, nous avons vécu des moments de
tension et de fortes émotions avec une période pré électorale agitée
et de graves inondations qui ont occasionné des pertes énormes.

Mais en toute circonstance, nous avons montré que ce qui nous unit,
est plus fort que ce qui nous divise ; que nous sommes une Nation
debout, résolue à préserver ses acquis.

Face aux défis et aux épreuves, l’esprit de résilience, de solidarité
et de partage hérité de nos traditions ancestrales a prévalu. Et le
mérite en revient à chacun de vous.

Ces vertus, mes chers compatriotes, nous devons les cultiver pour
relever les défis à venir.

Restons mobilisés, parce que nous n’avons pas encore fini de solder
notre passif de ces dernières années, avec un cumul de dettes  de 3041
milliards de fcfa, dont 700 milliards au titre de la dette intérieure.
S’y ajoute un contexte sous régional de crise qui affecte négativement
notre économie.

En dépit de toutes ces difficultés, nos efforts de réduction du train
de vie de l’Etat et de rationalisation des dépenses budgétaires nous
ont permis de dégager d’importantes ressources pour assister les
populations touchées par la crise alimentaire, subventionner le prix
de l’électricité  et soutenir la campagne agricole ; le tout pour un
montant de 169 milliards.

Et avec la collaboration des partenaires, nous avons pu sauver l’école
d’une année blanche qui aurait été préjudiciable pour nos enfants et
notre pays.

Mais il nous faut, dès le mois de janvier 2013, tenir les
concertations pour stabiliser notre système éducatif et améliorer sa
qualité dans tous ses aspects.

J’accorde, à cet égard, une attention particulière à la promotion de
la formation technique et professionnelle à tous les niveaux, pour
répondre aux besoins du marché de l’emploi.

Mes chers compatriotes,

Malgré nos bonnes performances agricoles de cette année,
l’autosuffisance alimentaire reste encore un objectif à atteindre pour
notre pays.

Nous devons engager une véritable révolution agricole par un meilleur
aménagement des terres et une allocation plus conséquente de moyens
pour la maîtrise de l’eau, la sécurisation de semences de qualité, la
transformation agroalimentaire, et la mécanisation de notre
agriculture.

A ce titre, je suis heureux d’annoncer que le Gouvernement compte
acquérir plus de 1000 tracteurs et divers équipements ruraux, dans la
perspective de la prochaine campagne agricole.

Je tiens, par-dessus tout, à ce que le producteur soit rémunéré au
juste prix de son dur labeur. Voilà pourquoi nous avons porté cette
année le prix de base du kilogramme d’arachides à 190 fcfa.

L’urgence pour 2013 c’est aussi la nécessité de redonner du souffle à
notre économie, fragilisée par une année de fonctionnement au ralenti.

A cet effet, le Gouvernement a déjà mobilisé 250 milliards pour
l’apurement progressif de la dette intérieure.

Les conclusions du dernier Conseil présidentiel de l’investissement,
visant l’amélioration de l’environnement des affaires seront
appliquées, avec diligence ; en particulier pour mettre un terme aux
lenteurs inacceptables qui entravent l’octroi du permis de construire
et le transfert de propriété.

Nous allons, dans le même sens, innover en matière de financement du
développement avec le Fonds souverain d’investissements stratégiques
(FONSIS) et le Fonds de garantie des investissements prioritaires
(FONGIP).

En mobilisant des ressources additionnelles, ces mécanismes nouveaux
renforceront les capacités d’intervention de l’Etat dans les
investissements d’intérêt public et l’appui aux groupements de femmes
et de jeunes, aux petites et moyennes entreprises, ainsi qu’aux
artisans et exploitants agricoles.

Il s’agira, à terme, de générer 30 000 emplois directs par an.

Dans l’immédiat, il sera procédé au recrutement de 5 500 nouveaux
agents dans la fonction publique, dès le début de l’année 2013.

En complément des efforts de relance de l’activité économique et de
création d’emplois, le Gouvernement poursuivra sa politique de soutien
aux ménages et de lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales.

Ainsi, à la fin du mois de janvier 2013, la baisse de l’impôt sur les
salaires sera effective. Elle se traduira par des gains de 15 000 à
plus de 90 000 Fcfa par mois, selon la catégorie salariale.

Avec cette mesure, l’Etat transfère aux travailleurs 29 milliards de
Fcfa par an pour soutenir leur pouvoir d’achat.

Lutter contre la pauvreté et les inégalités sociales, c’est également
organiser la solidarité nationale pour soutenir les plus démunis parmi
nous et faciliter à tous l’accès aux soins de santé.

C’est à cette double exigence que répondent la Bourse de Sécurité
Familiale et la Couverture Maladie Universelle par une dotation
budgétaire déjà inscrite de 10 milliards de fcfa.

Dans sa phase pilote, la Bourse bénéficiera à 50 000 foyers, pour un
montant annuel de 100 000 fcfa par famille ; l’objectif étant
d’atteindre 250 000 familles en 2016.

La Couverture Maladie Universelle quant à elle, est un nouvel
instrument de solidarité nationale devant permettre à chaque
sénégalais, quelle que soit sa condition, d’accéder à un minimum de
soins.

Il sera, en outre, délivré aux personnes vivant avec un handicap, une
Carte d’égalité des chances donnant droit à des services spécifiques,
dont la gratuité des soins dans les structures publiques.

J’ajoute que nous tiendrons prochainement des concertations sur l’état
de notre système de santé.

Mes chers compatriotes,

Cette année encore, nous avons été durement éprouvés  par les
inondations. J’ai personnellement mesuré l’ampleur des dégâts en me
rendant  sur les lieux.

Vous avez été nombreux à contribuer financièrement, faire des dons en
nature, nourrir et loger des voisins sinistrés.

Je salue cet extraordinaire élan de générosité dont des sénégalaises
et sénégalais de toutes conditions, ici comme dans la diaspora, ont
fait montre pour venir en aide aux victimes.

Il nous faut, à présent, apporter une réponse durable au phénomène
récurrent des inondations. C’est l’objet du nouveau Département
Ministériel chargé de la restructuration et de l’aménagement des zones
d’inondation.

Dans le cadre du programme de réinstallation des familles déplacées,
plus de 2000 nouveaux logements sociaux seront construits dans les
prochains mois.

Cet effort sera élargi avec l’ambitieux programme d’habitat que nous
avons initié pour offrir à chaque famille la possibilité d’acquérir un
logement décent.

S’agissant du coût élevé des loyers, le Gouvernement mettra en place
une Commission de régulation pour enrayer la spéculation devenue
insupportable pour les locataires.

De même, la subvention des prix de l’électricité sera maintenue.

Au titre du programme d’électrification rurale, plus de 32.000 ménages
seront connectés au réseau avant la fin de l’année 2013.

Mes chers compatriotes,

J’ai engagé avec vous un contrat de confiance basé sur la bonne
gouvernance. Ce contrat est en cours d’exécution et je compte le
remplir fidèlement pour mettre le Sénégal nouveau en marche.

Tout comme la démocratie et le respect de l’Etat de droit, la gestion
vertueuse des affaires publiques est, plus que jamais, une exigence
citoyenne. C’est aussi un impératif économique absolu et une question
d’équité et de justice sociale.

J’ai mis en place un Office National Anti-corruption (OFNAC) doté de
larges pouvoirs de saisine et d’investigation pour traduire en actes
notre aspiration commune à une gestion saine, soucieuse de la
sauvegarde de l’intérêt public.

Dans le même esprit, la Cour des Comptes a été réformée pour renforcer
son indépendance et ses moyens d’intervention, notamment avec
l’institution d’un Parquet général.

J’ai également instruit l’Inspection générale d’Etat de publier un
rapport annuel sur l’état de la gouvernance publique. Il sera, en
outre, établi un dispositif de coordination pour assurer plus de
cohésion dans les activités des corps de contrôle de l’Etat.

Dans l’exercice de toute mission de service  public, personne ne peut
se soustraire de l’obligation de transparence et de rendre compte.

Je sais que toute dynamique de changement dérange ; parce qu’elle
ébranle des certitudes, parce qu’elle bouscule des habitudes établies
et, que, pour certains, elle remet en cause des acquis et des
privilèges indus.

Mais rien ne me détournera de l’objectif de bonne gouvernance.

Par conséquent, toutes les procédures engagées en matière d’audits et
d’enquêtes sur des ressources et biens mal acquis seront
rigoureusement menées jusqu’à leur terme. Et la justice suivra son
cours.

Mes chers compatriotes,

En Afrique et dans le monde, notre diplomatie retrouve ses marques.

Avec la rationalisation de nos Représentations diplomatiques et
consulaires et la revalorisation de certains  postes, nos moyens sont
désormais recentrés sur nos priorités essentielles.

Il s’agit de mieux protéger nos compatriotes vivant à l’étranger,
cultiver le bon voisinage et l’intégration africaine et favoriser une
coopération axée sur le développement.

Mes chers compatriotes,

L’année qui s’annonce nous ouvre de nouvelles possibilités de
poursuivre la réalisation de nos aspirations à une vie meilleure, sur
le fondement de nos acquis.

Bâtir le Sénégal de nos rêves est à notre portée.

J’ai pleinement confiance dans nos capacités d’y parvenir si nous
restons mobilisés autour des vertus du travail, du civisme et de la
discipline individuelle et collective.

C’est fort de cet espoir et de cette confiance que je vous présente
mes vœux pour le nouvel an.

Vœux de bonne santé, de longévité et de réussite, pour chacun de vous
; Vœux de paix, de cohésion nationale et de prospérité croissante pour
notre cher pays.

DEWENATI ET BONSOIR.

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