Le 23 mars 2014 a débuté la campagne électorale de la présidentielle algérienne qui sétalera sur 22 jours durant lesquels cinq candidats sillonneront le pays pour exposer leur programme.
Concernant le sixième candidat, à savoir le Président sortant Bouteflika, c’est son staff qui défendra son bilan et son programme et ce, en raison, de l’aveu même de son Ministre d’Etat Abdelaziz Belkhadem, de sa totale incapacité à se déplacer et à parler.
C’est pourquoi, la campagne du candidat-Président est menée par procuration par une équipe dirigée par son directeur de campagne, Abdelmalek Sellal, ce qui fait dire à ses opposants qu’Abdelaziz Bouteflika est devenu ventriloque.
Mais que retenir de ce début de campagne présidentielle, bien terne en termes de programme et de bilan.
Rien, sinon une lettre de Bouteflika adressée aux algériens, diffusée par l’APS le 22 mars 2014 puis lue à la télévision publique, et des déclarations creuses de son staff de campagne mais aussi des autres prétendants à la magistrature suprême.
En effet, le courrier présidentiel destiné au peuple algérien ne fait référence à aucun engagement clair pour abolir les blocages nationaux les plus vitaux et n’annonce pas les importantes mesures qu’il prendra lors de son futur mandat, notamment, par exemple, le contrôle des contrats publics. Une omission, volontaire car la conduite des affaires publiques doit demeurer un privilège politique de caste cooptée.
Toujours, dans une analyse de contenu de cette lette bouteflikienne, on relève qu’il déclare, et je le cite : «Vous tenez à ce que je voue mes dernières forces au parachèvement de la réalisation du programme pour lequel vous m’avez, à chaque fois, donné mandat». A lire cette simple phrase, on jurerait que des millions d’algériens ont investi les environs de son domicile pour l’implorer à se représenter, ce qui n’a pas été le cas. Il est vrai que le Président egyptien Nasser avait réussi ce coup d’éclat après la défaite de juin 1967 pour rester au pouvoir.
Quant aux interventions des autres candidats, elles n’apportent rien de concret, si ce n’est que poudre aux yeux lancé au peuple algérien tels que démocratie, partage du pouvoir, réforme constitutionnelle ou meilleure redistribution des richesses.
Aussi, des candidats à la Présidence algérienne qui n’exposent pas aux algériens les initiatives qu’ils comptent entreprendre pour développer des infrastructures, pour investir dans l'éducation, pour développer des secteurs nouveaux et créateurs d'emploi et de richesse sont-ils vraiment crédibles ?
De l’avis la très grande majorité des algériens considère que ces prétendants à la fonction de Président ne jouissent d’aucune crédibilité. Les manifestations qui se déroulent quotidiennement en Algérie et à l’étranger en sont les meilleures preuves. Même en Kabylie, des sit-in et manifestations sont organisés pour rejeter le régime en place.
Sur la question Amazigh, tous observent un silence radio. La langue Amazigh sera telle reconnue comme langue officielle au même titre que l’Arabe et inscrite dans la nouvelle Consitution ? Sera-t-elle enseignée dans les établissements scolaires et universitaires ? Les us et coutumes seront-ils respectés et garanties ? Les différences cultuelles, les lieux de cultes et cimetières chrétiens et juifs seront-ils protégés ?
Autant de questions qui ont été zappées par tous les candidats et ce, alors que ce sujet est d’une grande importance puisqu’il concerne près de la moitié de la population de la population algérienne.
Pour ce qui est des manifestations à l’étranger, celle de Paris du 22 mars 2014 est tout un symbole.
Un symbole de par son ampleur, plus d’un millier de protestataires, mais surtout par le trajet de son parcours, de la Place de la République, qui symbolise les luttes politiques et sociales ainsi que la démocratie, à la Place de la Victoire.
Au final, cette présidentielle algérienne est devenue passionnante par les rires qu’elle provoque à l’étranger et qui fait que nul ne voudrait en rater un épisode.
Farid Mnebhi