Le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, a été l’invité d’honneur de l’émission « Objection » diffusée sur Sud FM ce dimanche. Cela a donné l’opportunité au directeur de la radio et animateur de l’émission dominicale, Baye Oumar Guèye, d’aborder de manière franche les questions sécuritaires complexes auxquelles la sous-région ouest-africaine est confrontée, à savoir le terrorisme et l’instabilité politico-militaire.
En prenant le cas du Mali qui lutte contre le terrorisme depuis 2013 et qui a également fait face à des coups d’État, le Premier ministre se réjouit des progrès accomplis par les nouvelles autorités militaires dirigées par le président de la transition, le colonel Assimi Goïta. Selon lui, ces nouvelles autorités ont réussi là où les opérations Serval, Barkhane (menée par la France) et la Minusma (soutenue par les Nations Unies) ont lamentablement échoué.
En outre, en abordant le retrait de la récente opération de maintien de la paix des Nations Unies après le départ des troupes françaises, Choguel Maïga exprime son « étonnement » face au « double discours » du président sénégalais Macky Sall. Ce dernier se questionnait il y a quelques années sur l’inefficacité des opérations militaires internationales au Mali malgré les ressources humaines et matérielles considérables qui leur étaient allouées. Ce discours a radicalement changé lorsque les nouvelles autorités maliennes ont demandé le retrait de la Minusma.
« En 2019, le président Macky Sall a clairement exprimé, lors d’une conférence sur la sécurité à Dakar, son incompréhension face au fait qu’il y avait plus de 50 000 hommes armés sur le sol malien et que l’insécurité ne faisait qu’empirer. Je suis surpris que ce même président, cette année (2023), ait changé son discours pour affirmer que si la Minusma quitte le Mali, les Maliens ne pourront rien faire. Cependant, la situation ne peut pas empirer. Il a lui-même constaté que même avec 50 000 hommes, rien n’a changé », souligne le Premier ministre Maïga, qui émet des doutes sur l’efficacité de Serval.
« En 2013, Serval avait trois objectifs : éradiquer le terrorisme, rétablir l’autorité de l’État sur tout le territoire et mettre en œuvre les résolutions des Nations Unies. Cependant, après 7 ans, qu’observons-nous en fin de compte ? Le terrorisme s’est propagé et a atteint 80 % du territoire malien, l’autorité de l’État n’a pas été rétablie et les Français ont créé une enclave où les terroristes se sont réorganisés entre 2013 et 2015. Ensuite, ils ont lancé des attaques au centre du Mali », confie-t-il lors de son intervention sur Sud FM.
Aujourd’hui, se félicite-t-il, « notre armée est l’une des mieux équipées de la sous-région. Nous n’avons plus besoin d’autorisation ni de ressources techniques de qui que ce soit pour accéder à n’importe quelle partie de notre territoire ».