La lycéenne française de 16 ans, décédée du Covid-19, le 25 mars, pose un nouveau défi au monde médical et aux scientifiques engagés dans lutte contre cette pandémie. En effet, des médecins en Asie et en Europe, au début de la pandémie, avaient noté que le coronavirus attaquait plus les personnes d’un certain âge comme les septuagénaires (70 ans et plus). Les enfants étaient presque épargnés ainsi que des femmes dans une certaine proportion. Ce constat a été éprouvé scientifiquement. Certains «jeunes» négligents, se sentaient ainsi poussés des ailes de liberté, croyant devoir narguer la maladie et défier les autorités de leurs pays en violant les règles de confinement. Beaucoup n’ont pas pris à temps la mesure du risque. Mais aujourd’hui tout prouve que tout le monde peut être frappé. Sachons que ce vicieux virus s’attaque à des personnes de tous âges, de toutes conditions sociales et de tous sexes. La preuve, indépendamment de la jeune lycéenne, des semaines auparavant, des personnes de moins 50 ans ont aussi succombé à la maladie.
Dorénavant tenez-le pour dit et définitivement. Le coronavirus se moque éperdument de votre jeunesse. Le maître mot doit être prévention. Autant, les premières victimes qui ont succombé au coronavirus sont des personnes âgées de 70 ans et plus, autant le coronavirus ne refuse personne. Le portrait-robot de personnes décédées de cette pathologie dressée par une analyste de l’Institut supérieur de la santé italien (ISS), après examen des dossiers médicaux de 2003 morts, parle d’homme de 80 ans présentant une ou plusieurs pathologies.
Dans cette étude publiée le 19 mars par Cnews, l’âge moyen des personnes décédées en Italie et testées positives au Covid-19 est de 79,5 ans (contre 63 ans pour l’ensemble des individus infectés), les hommes représentant 70% des décès liés au virus.
Sur les quelques 2.000 morts étudiés, 707 se trouvaient dans la tranche d’âge 70-79 ans, 852 dans la tranche 80-89 ans et 198 avaient plus de 90 ans, selon un communiqué de l’ISS, qui publie régulièrement ses statistiques. Mais l’étude précise, fort à propos, que les personnes relativement moins âgées ne sont pas épargnées. «17 personnes positives au Covid-19 de moins de 50 ans sont mortes. En particulier, cinq de ces personnes avaient moins de 40 ans, toutes de sexe masculin, avec un âge compris entre 31 et 39 ans, avec de graves pathologies précédentes», précise l’ISS. Ceci avait fini de convaincre des professionnels de la santé dans l’idée que les personnes âgées étaient les plus exposées à la maladie. Malheureusement certaines personnes ont pensé que parce que «jeunes» elles seraient épargnées systématiquement ou parce qu’elles n’auraient pas d’antécédent médical. Erreur.
Désormais cette hypothèse reste fragile. En effet, plus la crise avance, plus on se rend compte des personnes de 50 ans ont non seulement été contaminées, mais bon nombre d’entre eux en sont mortes. Mieux, le pire qui a fait tomber les certitudes et inquiété davantage politiques et médecins, c’est le décès dans la nuit du 24 au 25 mars de la lycéenne française Julie (16 ans), à l’hôpital Necker de Paris. Encore que d’après ses parents, Julie n’avait de comorbidité connue ou autres. C’est à dire qu’elle ne souffrait pas d’une autre maladie qui aurait contribué à sa mort prématurée. Parce qu’en effet, l’autre «vérité scientifique» encore répandue, est que bien des personnes qui meurent du coronavirus sont souvent emportées à cause d’autres maladies dont elles souffraient avant leur infection au nouveau coronavirus.
Décédée très jeune sans antécédent de maladie connue
«Julie avait simplement une légère toux la semaine dernière. Cela a empiré ce week-end avec des glaires et, lundi, nous sommes allées voir un médecin généraliste. C’est là qu’on lui a diagnostiqué une détresse respiratoire. Elle n’avait pas de maladies particulières avant cela», a expliqué au Parisien sa sœur aînée, Manon. Il est vrai que des spécialistes sur ce point ne changent pas. Ils estiment que le cas de Julie demeure marginal.
Pour le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, l’information concernant la jeune fille est jugée «importante, puisque les formes sévères chez les sujets jeunes sont extrêmement rares». «Elles surviennent de temps en temps pour des raisons multiples. On le voit notamment dans certaines infections virales (avec) des formes extrêmement sévères exceptionnelles», a-t-il souligné sur franceinfo.
Pour le professeur Bruno Riou, directeur médical de crise de l’AP-HP (hôpitaux de la région parisienne), «même si la population des plus jeunes a un risque individuel extrêmement faible, avec le fait que la population touchée augmente, naturellement il y aura quelques patients très sévèrement atteints parmi les plus jeunes».
Par ailleurs, il est encore reconnu que le taux de mortalité au covid-19, même si son mode d’infection est rapide et facile, est malgré tout faible comparé à la grippe ou à ébola. Toutes ces idées sont désormais remises en question. La seule attitude qui vaille ce sont les gestes de prévention : distanciation sociale, gestes barrières (tousser ou éternuer dans un mouchoir tout en se couvrant le nez et la bouche), éviter tout serrage de main et d’accolades, éviter tout regroupement dans la mesure du possible, veiller à garder une distance d’au moins un mètre, notamment dans les services comme les supermarchés, banques ou autres services.
A cela, il faut ajouter le conseil du docteur le Dr Dan Bensadoun, qui préconise les rapports sexuels sans préliminaires bien que le virus ne se transmette pas par voie sexuelle, mais par la salive, entre autres. Artiste, célébrités, hommes politiques, sportifs de haut niveau, prêtres, pasteurs sont déjà morts du coronavirus. Protégeons-nous et protégeons notre entourage en restant chez nous quand notre sortie n’est pas essentielle. Moins nous sortons, moins nous nous exposons et moins nous exposons les autres. Rappelons-nous qu’on peut être infecté sans symptômes, mais en sortant on infecte d’autres personnes sans le savoir.
Par Noël SAMBOU