Le monde vit un des pires moments de son histoire au plan sanitaire, voire économique et financier. Les pays sont partagés entre espoir et craintes. Des morts sont dénombrés presque partout. L’Afrique est loin d’être épargnée par ce fléau qui a plongé beaucoup de populations dans l’incertitude totale ; il commence même à saper les fondements de l’économie mondiale ainsi que le secteur financier. Branches productives affectées, chaînes d’approvisionnement et de commercialisation à l’arrêt, places boursières aux clignotants rouges. Ceci, en raison des mesures restrictives et radicales prises par les pays, notamment ceux les plus touchés. Le monde s’enferme, les aéroports ferment, le transport aérien en zone de turbulence. Et c’est le tourisme qui en pâtît.
Bien évidemment, notre pays n’est pas épargné par le rouleau compresseur du Covid-19 qui a fini par gagner tous les maillons de la chaîne économique et financière. Acteur essentiel de l’économie nationale au regard de sa contribution à la création d’emplois, à la fiscalité et à la création de richesse, le secteur privé sera, sans nul doute, l’un des maillons les plus affectés par la pandémie. S’il ne l’est pas déjà au regard des nombreuses craintes exprimées par ses acteurs. Pour contenir les effets néfastes, sur les plans économique et financier, des membres du patronat sénégalais ont, entre autres, demandé le report des échéances des remboursements de crédits, des moratoires sur la fiscalité ou l’injection de liquidités. Des mesures qui, si elles sont appliquées, permettront aux entreprises de se relever et de repartir sur de nouvelles bases plus solides et prometteuses. De leur côté, l’Association des clients et sociétaires des institutions financières demande à l’Etat de discuter avec les principaux acteurs du monde des finances à l’application d’un délai de grâce de deux à trois mois renouvelables pour tous les travailleurs et entreprises impactées.
Ces différents appels de détresse ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd. La banque centrale, qui réunit les huit pays de l’Uemoa, est le premier à se manifester en annonçant une série de mesures. Parmi celles-ci, la mise en place d’un cadre adapté pour accompagner les entreprises affectées par les conséquences de la pandémie et qui rencontrent des difficultés pour rembourser les crédits qui leur ont été́ accordés. La Bceao sollicitera les banques pour qu’elles accordent les reports d’échéances appropriés, en particulier aux Pme/Pmi. Mieux, l’institution émettrice a pris l’initiative de faire la cotation de 1700 entreprises privées dont les effets n’étaient pas acceptés auparavant dans son portefeuille.closevolume_off
Cette action permettra aux banques d’accéder à des ressources complémentaires de 1050 milliards et aux entreprises concernées de négocier et bénéficier de meilleures conditions pour leurs emprunts. Cerise sur le gâteau, dans son adresse à la nation d’avant-hier, le chef de l’Etat, Macky Sall, annonçait l’accord d’une remise partielle de la dette fiscale constatée au 31 décembre 2019 due par les entreprises et les particuliers, pour un montant global de 200 milliards. Toutes ces mesures contribueront certainement à donner un nouveau souffle aux entreprises déjà mal en point et relancer la machine économique nationale. Le secteur bancaire et les Systèmes financiers décentralisés (Sfd) sénégalais ne doivent pas être en reste dans cet élan national de solidarité avec les entreprises, les Pme/Pmi et les particuliers.
Leur intervention dans cette situation de crise est, aujourd’hui, plus que jamais une nécessité et une urgence. Les banques et les institutions de microfinances doivent desserrer l’étau en instituant plus de flexibilité dans leur relation avec le portefeuille clientèle, notamment les entreprises et les particuliers.
Elles gagneraient à répondre favorablement aux plaidoyers des acteurs du secteur privé et ceux des particuliers (ménages) qui, il faut le reconnaître, traversent une situation inhabituelle et pleine d’incertitudes. Nous sommes dans un contexte où l’apport de tout élément de l’écosystème économique et financier est attendu à l’image de la banque centrale et de l’Etat qui ont déjà montré la voie. Que les banques et les Sfd sachent qu’en ces situations difficiles, moment ne peut être plus favorable pour aider son réseau clientèle afin de lui prouver toute sa solidarité. Dans l’hypothèse où la crise sanitaire persisterait, les entreprises verront leurs chiffres d’affaires s’effriter et les salariés leur pouvoir d’achat s’amenuiser. Accompagner les entreprises, c’est reporter ou suspendre les échéances de remboursements de prêts comme beaucoup de chefs d’entreprises et responsables d’organisations patronales l’ont demandé. L’accompagnement passe également par la suppression des pénalités sur les crédits contractés et l’injection de liquidités pour permettre aux acteurs du secteur privé d’atténuer les impacts économiques et financiers du Covid-19.
Par Abdou DIAW