Premier khalife de son père, Serigne Babacar Sy aura le privilège et la charge de gérer l’héritage cultuel de Maodo pendant plus de trois décennies. Son engagement sans failles au service de la religion en général et de la voie Tidiane en particulier, entre 1922 et 1957, fera de lui l’une des plus grandes figures de la famille Sy de Tivaouane. Un érudit aux dimensions mystiques insondables, Khalifa Ababacar Sy va rejoindre son Seigneur le 25 mars 1957.
Né en 1885, il ne faudra beaucoup de temps pour Serigne Bababcar Sy de se révéler grand savant. Ascète réputé dès son jeune âge, il parviendra à hisser haut le drapeau du savoir dans son Saint-Louis natal, à Dakar où il résidera du vivant de son père, et à Tivaouane où il s’installera définitivement. Ce digne fils de Maodo Malick Sy préservera au mieux le legs que son bien-aimé père lui aura transféré bien avant son décès même. Sa fierté d’être Tidiane n’a d’égal que son bonheur d’être né à Saint-Louis. Dans quelques de ses écrits, Al-Khalifa n’a pas manqué de chanter cette faveur d’avoir habité « Ndar », capitale du Sénégal de l’époque.
Un Khalife qui assure et rassure
Le califat de Serigne Babacar Sy n’a pas été un long fleuve tranquille. Succéder à son père à l’âge de 37 ans alors que ce dernier était déjà entouré de personnes âgées aux savoirs profonds n’était pas gagné d’avance. Voilà pourquoi le problème de la succession avait été soulevé dès les premières heures qui ont suivi la disparition de Maodo. Mais il n’aura pas fallu beaucoup de temps à Serigne Babacar, investi par son père avant même son rappel à Dieu et doté d’une érudition sans commune mesure, pour remettre de l’ordre dans les rangs des fidèles.
Quand un titre (Khalifa) se confond à un nom (Ababacar) au point qu’il devient son synonyme c’est que la mission a été remplie dans toute sa plénitude. Au Sénégal, il est indéniable que les esprits pensent de facto à Serigne Babacar quand on mentionne le seul terme de « Khalifa ». C’est parce que durant ses 35 ans de magistère, Khalifa Ababacar Sy se sera imposé en tant que défenseur de la Tariqa Tidiane et de la religion musulmane. La création des Dahiras en 1925, comme support de vulgarisation des enseignements de la Tariqa, a été d’une grande utilité.
Parallèlement à son érudition insondable, Serigne Babacar Sy s’est révélé un poète à la plume dorée. Il a consacré l’essentiel de ses écrits au prophète Mohammed, à son petit-fils Cheikh Tidiane, et aux questions relatives à la Charia islamique.
Un homme de principes
Pour mener une assemblée d’âmes sur le chemin de la droiture, il faut forcément leur inculquer des valeurs à même de leur faire respecter les recommandations divines. C’est ainsi que Serigne Babacar Sy invitera ses disciples à user de vertus cardinales pour réaliser leur vie d’ici-bas et celle de l’au-delà.
Cheikh Al-Khalifa fera ainsi 5 recommandations aux disciples afin qu’ils puissent réaliser une vie utile : sunu diine (notre religion), sunu tariqa (notre confrérie), sunu métier (notre emploi), sunu dahira (notre association confessionnelle), sunu Yoonu Tiwaaon (et nos visites à Tivaouane). Ces recommandations englobent, de l’avis du Cheikh, tout ce dont le disciple a besoin pour réussir sa vie et atteindre la félicité.
Par ailleurs, il édictera des principes cardinaux qui sonnent comme un rappel et qui devront sous-tendre toutes les actions du fidèle. Le Cheikh mettra ainsi en garde contre : le mensonge, la trahison, l’ingratitude, le vol, entre autres.
Rappelé à Dieu le 25 mars 1957
Au terme d’un califat bien réussi, Serigne Babacar Sy rendra l’âme le 25 mars 1957. Mais son legs résiste à l’usure du temps et sa popularité à la postérité témoigne, si besoin est, de la grandeur de l’homme de Dieu qu’il fut. Il suffit de l’hommage qui lui est rendu par Mame Abdou Aziz Sy Dabakh, pour se rendre compte des qualités humaines et mystiques de Khalifa, lesquelles ont été surtout chantées par son chanteur El Hadji Mbaye Dondé Mbaye.
Par Ababacar Gaye/SeneNews
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