Ingénieur électromécanicien, diplômé de l’école polytechnique de Thiès depuis 1987.

Parlez nous de l’agence nationale pour les énergies renouvelables ainsi que les conditions de sa création et sa mission ?
L’agence nationale pour les énergies renouvelables, est une agence qui a été créée pour prendre en charge la promotion et le développement des énergies renouvelables, sous toutes ses formes : l’énergie solaire, l’énergie éolienne, la biomasse, la marée motrice, la petite hydraulique. L’ambition du Gouvernement dans ce cadre est de porter à 20% en 2017, la contribution des énergies renouvelables dans le bilan énergétique national qui est actuellement de l’ordre de 0,6 %.
Nous nous y attelons, et sommes en train de mettre en place un certain nombre de stratégies pour atteindre cet objectif.

Récemment, vous avez procédé à une visite de chantier du projet d’éclairage public par voie solaire financé par l’UEMOA. Pouvez-vous revenir sur ce projet ?

L’UEMOA, à travers son programme de développement des énergies renouvelables (PRODERE), a mis une enveloppe de 18 milliards francs CFA, à la disposition des 8 pays membres de l’union, à raison de 2 milliards 250 millions de francs CFA par pays. Ce financement devrait être utilisé pour l’éclairage public par voie solaire, l’installation de lampes basse consommation et/ou encore l’installation de kits ou mini centrales solaires. Le Sénégal a fait l’option d’utiliser la totalité de son financement pour l’installation de lampadaires solaires dans la banlieue de Dakar et dans six (6) autres villes de l’intérieur du pays. Nous avons démarré le programme par une phase pilote au niveau de la commune d’arrondissement de Golf Sud sur l’axe « rond point  Case bi-Croisement Béthio ».

Cette phase pilote nous permettra de valider les options choisies ou d’apporter des modifications pour la suite du programme en cas de besoin. La seconde phase qui va démarrer fin février – début mars concernera les huit (8) autres communes d’arrondissement et les 6 autres villes de l’intérieur du Sénégal.

Quelles sont les perspectives de l’ANER?

Nous avons un programme national d’électrification par voie solaire des infrastructures sociales de base (écoles, postes de santé, lieux de cultes, éclairage public) dans1000 villages isolés et localités périurbaines répartis dans les 45 départements administratifs du Sénégal.

Nous avons également un programme national d’éclairage public par voie solaire qui va concerner l’installation de 35 000 lampadaires à travers tout le Sénégal.

En outre, il y a le projet d’autonomisation en consommation énergétique des universités du Sénégal, des grands hôpitaux, de la Présidence de la République, de l’Assemblée nationale, du Conseil économique social et environnemental, du Building administratif et d’autres édifices publiques.

Par ailleurs, nous allons mettre en place une stratégie pour encourager et accompagner les privés (ménages et PME/PMI), dans la production d’énergie d’origine renouvelable pour l’autoconsommation.

Pensez-vous que l’énergie solaire peut aider à résorber le déficit en électricité auquel notre pays est confronté ?
Je pense que l’énergie solaire comme toutes les autres formes d’énergies renouvelables, est une des solutions de la crise énergétique au Sénégal. L’installation de kits solaires au niveau des ménages ou de mini centrales solaires au niveau des PME et PMI pour l’autoconsommation, pourraient soulager la SENELEC par la réduction de la demande et par conséquent lui éviter les coûts d’investissement et production liés à l’implantation de nouvelles centrales électriques qu’elle serait amenée à mettre en place pour satisfaire toute la demande. Le développement des énergies renouvelables  peut réduire également de manière considérable la dépendance énergétique du pays vis-à-vis de l’extérieur à travers les énergies d’origines fossiles.

Je crois fortement que le solaire est la meilleure option pour l’électrification des villages enclavés.

Quelles sont les difficultés auxquelles l’ANER est aujourd’hui confrontée ?

En soi, chaque organisation fait face à un certain nombre de difficultés, et l’ANER n’est point une exception.
L’une des difficultés est la finalisation du cadre légal et réglementaire notamment dans sa partie relative à l’incitation fiscale et douanière.

Sa finalisation aura une incidence positive en facilitant l’accès aux équipements de production d’énergie renouvelable pour la consommation propre notamment.

Vous savez,  le Président de la République compte beaucoup sur les énergies renouvelables pour améliorer l’accès aux services énergétiques modernes dans le monde rural en particulier, mais aussi pour réduire la facture pétrolière et la dépendance énergétique vis-à-vis des énergies fossiles. Pour y arriver, il faut d’importants moyens financiers qu’il faut aller chercher au prés des bailleurs et autres partenaires.
Pour faire face à ces difficultés, nous disposons d’une équipe compétente et une vision claire et précise, sans oublier le soutien sans faille du gouvernement à la tête duquel il y a le Président de la République. Cela me donne entière confiance quant à la capacité de l’ANER à pouvoir surmonter ces difficultés et  matérialiser l’ambition d’un Sénégal énergétique.

Parlez-nous de vos partenaires ?

Nous avons déjà quelques partenaires telles que l’UEMOA qui a financé le programme de 1525 lampadaires solaires que nous sommes en train d’installer. Il y a également la coopération néerlandaise qui va financer dans le cadre du programme ORIO l’électrification par voie solaire de 120 postes de santé dans le milieu rural. En plus nous avons déposé des requêtes de financement de projets d’électrification d’infrastructures sociales du monde rural au prés de l’Union européenne, sans oublier une coopération allemande dans le secteur, très dynamique. Toutefois, nous continuons à rechercher d’autres partenaires.

Comment faire pour le suivi des lampadaires installés ?
C’est une excellente question. Seul un bon programme d’entretien peut conduire à un fonctionnement correct des lampadaires et à la pérennité des installations. Dans le cadre du projet en cours, l’UEMOA nous a promis un accompagnement dans la maintenance, et nous allons ensemble mettre en place un système de suivi efficace.

Comment comptez-vous personnellement marquer votre empreinte pour le développement de l’ANER ?

En tout cas une de mes ambitions personnelles, en  parfaite adéquation d’ailleurs avec les missions qui me sont assignées, est d’œuvrer sans relâche pour une amélioration substantielle des conditions d’accès énergétique dans le monde rural.

Vous savez, je viens de la zone sylvo-pastorale où la principale activité économique est l’élevage. Et la difficulté majeure dans cette zone est l’accès à l’eau pour l’abreuvage du bétail.
Le moyen principal pour l’approvisionnement en eau reste les  forages ; les pompes tombent très souvent en panne et les délais de réparation sont très longs, et l’approvisionnement en gasoil pose problème du fait de l’enclavement des villages.

J’ambitionne pour cela  de mettre en place, en collaboration avec le ministère de l’Hydraulique, un programme de remplacement des motopompes diésel par des pompes solaires dans ces zones isolées.

Finalement, je reste convaincu que le Sénégal a une grande opportunité de révolutionner sa situation énergétique et améliorer de manière substantielle les conditions de vie des populations notamment rurales mais aussi nos PME-PMI et je suis déterminé à actualiser cette conviction à la tête de l’ANER.

Masse Ndiaye, correspondant permanent à Linguère

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here