Le Gouvernement du Sénégal a mis en place une politique visant la recherche de solutions alternatives à ses problèmes d’approvisionnement en énergie, en misant sur la diversification des sources de production et particulièrement le développement des énergies renouvelables. C’est dans ce contexte, qu’est née l’Agence nationale pour les énergies renouvelables (ANER) dont la mission première est de promouvoir les énergies renouvelables au Sénégal en contribuant à l’augmentation de leur part dans le mix énergétique. Le Directeur général de l’ANER, l’Ingénieur polytechnicien en électromécanique, Djiby Ndiaye nous parle ici de son ambition de réduire considérablement la dépendance du Sénégal aux énergies fossiles. Entretien…
APS – Quel est le potentiel du Sénégal en sources d’énergie ?
Notre pays est doté d’un potentiel non négligeable en ce qui concerne les différentes sources d’énergies renouvelables parmi lesquelles on peut citer :
– le solaire, énergie issue du rayonnement du soleil ;
– l’éolienne, énergie issue du vent ;
– l’hydrolienne, énergie issue des courants sous-marins ;
– La petite hydraulique, énergie issue de la chute d’eau et des débits des cours d’eau ;
– la biomasse, énergie issue de la fraction biodégradable des produits végétaux et animaux ainsi que de leurs déchets et résidus, auxquels on ajoute les déchets industriels et municipaux.
APS – Dans quel cadre l’ANER compte t-elle concrétiser la loi qui vise les applications liées aux énergies renouvelables ?
Il convient tout d’abord de préciser qu’au-delà des applications liées aux énergies renouvelables, la loi vise également leur exploitation, leur stockage et leur commercialisation.
Pour mettre en œuvre cette loi, nous nous attelons à travailler en étroite collaboration avec le secteur privé (acteur majeur), les départements sectoriels (enseignement, santé, élevage, hydraulique, environnement, …) et les institutions de recherches mais également les structures de formation.
APS – Quels sont les missions principales de l’ANER ?
Elles sont de plusieurs ordres. D’abord mettre en place un cadre légal et réglementaire approprié pour organiser le secteur et permettre une exploitation massive du potentiel des énergies renouvelables. L’ANER est aussi chargée de mettre en place d’un cadre incitatif pour favoriser l’achat et la rémunération de l’électricité produite à partir d’énergies renouvelables et réduire progressivement l’utilisation des combustibles fossiles et offrir une alternative à la consommation massive des combustibles ligneux (bois et charbon de bois). Elle a pour mission également de favoriser tous les moyens de production, de stockage, de distribution et de consommation pour des besoins domestiques et industriels en milieu urbain tout comme en milieu rural pour ne citer que ces missions.
APS –Dans quelle mesure les énergies renouvelables constituent-elles une partie de la solution à la crise énergétique du pays ?
Le Sénégal dispose d’un grand potentiel en énergies renouvelables notamment le solaire. En effet, les études déjà conduites indiquent que notre pays dispose de 3000 heures d’ensoleillement par an et une énergie moyenne journalière d’irradiation globale de 5,8Kw/h par m2.
En ce qui concerne le potentiel éolien, les mêmes études révèlent des vitesses de vent évaluées à 6m/s à une hauteur comprise entre 30-40 mètres sur la grande côte de Dakar à Saint-Louis.
Enfin le potentiel en biomasse est aussi important pour la production de bioénergie sans parler de la petite hydraulique où un potentiel non négligeable est localisé dans le Sénégal oriental.
L’exploitation de tout ce potentiel permet de produire une quantité d’énergie considérable, ce qui pourrait atténuer de manière substantielle notre dépendance aux énergies fossile.
APS – Est-ce que vos actions sont exclusivement destinées au monde rural ?
Non, nos interventions ne se limitent pas seulement au monde rural. Nous visons également les centres urbains (en incluant bien sûr les banlieues).
A titre d’exemples, nous avons dans notre portefeuille de projets et programmes l’autonomisation de certains symboles de la République (Présidence, Primature), des infrastructures d’enseignement (universités), des établissements de santé, etc.
Nous avons également un vaste Programme national d’éclairage public par voie solaire dont la phase pilote va démarrer incessamment en collaboration avec l’UEMOA.
Je signale que pour l’éclairage public par voie solaire, nous entendons dérouler le programme avec les Collectivités locales afin que les opportunités d’emplois soient exploitées au maximum pour répondre aux préoccupations du Gouvernement.
APS – quelles sont les s actions que vous comptez effectuer dans la zone urbaine ?
Nous avons un certain nombre de projets dans le pipeline en ce moment. Je peux citer celui qui concerne l’installation de lampadaires solaires dans la banlieue de Dakar et cinq autres villes du Sénégal.
Nous projetons également dans une première phase l’autonomisation en consommation électrique des universités et des grands hôpitaux du pays en les dotant d’installations solaires. En même temps, nous voulons inciter les ménages à procéder à l’installation de panneaux solaires pour prendre en charge une partie de leur consommation électrique
La même logique va être appliquée aux PME-PMI, car si elles adoptent la solution renouvelable, cela aura une incidence positive sur leurs coûts de production à moyen et long terme. Nous sommes disposés à les assister notamment dans l’identification de partenaires aussi bien nationaux qu’internationaux.
Quant aux hôtels et boulangeries, nous allons œuvrer pour les amener à opter pour l’utilisation de chauffes eau solaires pour la production d’eau chaude.
Notre objectif, comme je l’ai indiqué plus tôt, c’est la réalisation de progrès importants et tangibles dans la production et la disponibilité de l’énergie au Sénégal.
Je suis convaincu que les énergies renouvelables peuvent constituer une planche salutaire pour le Sénégal non seulement pour assurer son développement économique, mais aussi améliorer la qualité de vie des citoyens tout en préservant notre environnement.