Dans son programme Jotna rendu public pour sa candidature à l’élection présidentielle de 2019, le Président Sonko, écrit :
« L’heure du véritable changement a sonné. Refusons de rester dans le statu quo d’un système incapacitant qui inhibe, bride la créativité et le talent qui sommeillent en chacun de nous. Nous devons choisir la vraie rupture car toute notre histoire est jalonnée par les victoires et les réussites de nos vénérés ancêtres qui ont mis fin aux ordres préétablis pour ouvrir les voies de l’avenir. Je suis parfaitement conscient de l’étendue des défis que nous aurons à relever. Je sais que le chemin sera long, parsemé d’embûches. Mais, je suis persuadé qu’avec la vision que nous partageons pour le Sénégal et l’Afrique, la détermination qui nous habite tous et notre envie de vaincre, nous viendrons à bout de toutes difficultés pour hisser notre pays sur les rampes d’un développement inclusif et durable, loin des slogans creux de l’émergence ».
La présente contribution vise à exprimer l’opinion d’un observateur de l’espace public sur cette déclaration du candidat Sonko qui a décidé de mettre son patriotisme, ses compétences et sa jeunesse au service de ses concitoyens.
En effet, ce message du jeune compatriote sur le Système ayant des implications sur le devenir du pays, il est nécessaire pour tout citoyen de comprendre son fondement et son fonctionnement en vue de pouvoir donner une appréciation sur l’option envisagée pour juguler les maux et vices qui le portent.
Il n’est pas nécessaire de revenir sur la définition du Système qui est déjà bien campée dans d’autres contributions comme celle de M Gnambi Sonko parue dans la presse la semaine dernière.
Il s’agit ici d’aborder la question d’un point de vue historique car sans une bonne connaissance de sa genèse et de son fondement, il n’est pas possible de maitriser et de juguler le Système. Sous ce rapport, il est important de relever que le Système a été installé à la faveur du néocolonialisme qui avait besoin de mettre en place un dispositif et des mécanismes pour perpétuer les intérêts de l’ancienne puissance coloniale.
La démarche a consisté dès lors à favoriser la promotion d’autorités politiques locales inféodées à des intérêts de cette puissance et de ses alliés pour orienter les politiques de nos pays dans le but unique de les maintenir le plus longtemps possible dans la dépendance. Et, c’est au moment de l’octroi de l’indépendance à nos pays dans les années 60, que le Système a été introduit et installé avec comme objectif de continuer à inspirer et à orienter les politiques publiques mises en place par nos différents gouvernements. Il a fallu, pour cela, s’assurer de la mise en place d’un dispositif institutionnel et organisationnel incrusté de conseillers techniques en charge de dicter subtilement les orientations et de faire prendre les décisions en rapport avec les intérêts de la puissance coloniale et de ses suppôts locaux. La mission de ces conseillers a été ainsi de persuader l’élite locale dirigeante de la nécessité d’accompagner le développement des pays par la mise en place de programmes de coopération économique, financière et technique. Une façon de surveiller l’exercice de la souveraineté des pays en influençant les orientations et options de gouvernance.
Ainsi, pendant les 58 ans de cet exercice de souveraineté pour notre pays, le Sénégal, au travers de différentes variantes de la gouvernance politique, économique et sociale qui ont marqué son évolution, des groupes d’intérêts se sont coalisés pour prendre le contrôle de l’Etat en tant que Système. Entretenu par l’omnipotence d’un Exécutif, puissant, conditionné et préparé à ne laisser de place à aucune des autres institutions en capacité de remettre en cause son fonctionnement au bénéfice des intérêts (extérieurs et intérieurs) qu’il représente, le Système s’est distingué par la confiscation de tous les pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire). Il a ,à cet effet, mis un ensemble de mécanismes liés à la corruption, le trucage des élections, les manipulations de la Constitution, l’achat de conscience, la répression périodique et brutale des contestataires, l’instrumentalisation de la justice, etc.
En somme qu’elles relèvent des pouvoirs législatif, judiciaire ainsi que celui décentralisé lié notamment aux collectivités territoriales, les différentes institutions de la République ont été et continuent à être globalement inféodées au pouvoir d’un Exécutif clientéliste (incarné dans nos pays par le Président de la République très souvent chef ou inspirateur du parti) qui s’en est donné les moyens aussi bien par le pouvoir d’établissement des listes aux différentes élections et des instances dirigeantes de l’Assemblée nationale, des communes etc que par la désignation ou nomination de ceux qui pilotent le pouvoir judiciaire.
Conforté par l’utilisation de différents moyens matériels et financiers (souvent non conventionnels) le Système a été élargi aux différentes sphères couvrant aussi bien les milieux religieux, économiques et culturels, qu’à la presse et la société civile en gangrénant la gouvernance de nos pays en général.
La perte de souveraineté étant sa principale caractéristique, le terreau nourricier du Système est constitué souvent de politiques et programmes inappropriés à l’intérêt général et à la volonté de la majorité des populations. Il en est ainsi du plan Sénégal Emergent (PSE) supplantant en définitive le programme «Yoonu Yookuté (PYY)» conçu, élaboré et présenté à la communauté nationale par l’équipe du candidat Macky Sall aux élections de 2012. La faveur accordée au produit d’une expertise étrangère pour un coût de 2,5 milliards francs, au détriment de celui de l’expertise nationale est l’illustration parfaite du déficit de patriotisme et de l’affaiblissement de la souveraineté nationale.
En réalité, tant que le Système existe il infuse malheureusement aux autorités politiques de nos pays un complexe d’infériorité qui fait qu’elles sont systématiquement prêtes à brandir, comme une performance, les appréciations positives des institutions internationales. Leurs pays ont beau souffrir des pires maux du sous développement, tant que les autorités africaines ont ces appréciations positives de ces institutions sur leur politique économique et sociale, tout va bien dans le meilleur des mondes possibles.
En somme, tant que le Système ne sera pas définitivement cassé et n’aura pas disparu, il sera impossible de sortir notre pays du sous développement chronique et de faire faire des progrès à notre peuple. Il est, en effet, à la base de la corruption de nos valeurs, et, avec la complicité de l’élite politique qui jouit du pouvoir, il va continuer à nous emprisonner, à nous empêcher de libérer l’énergie de notre jeunesse et de confirmer notre souveraineté sur notre pays et ses ressources et de faire le libre choix de nos partenaires au développement.
C’est à la mission de mettre fin au Système que le candidat O S, son parti et sa coalition, ont décidé de s’atteler quand ils auront la confiance des Sénégalais.
Les solutions qu’ils préconisent à cet effet, feront l’objet d’une très prochaine contribution