On dit souvent « en politique, trahison, lâcheté et hypocrisie sont des religions. C’est pour cela que nous avons de si mauvais gouvernants». Abdoulaye Wade qui est l’homme du 23 juin 2011, le jour où tout a failli changer pour le Sénégal, ce pays de la teranga, du calme et du « disso ». Un projet de loi réduisant le taux d’élection du président à 25 % introduit à l’Assemblée nationale était principalement à l’origine. Le peuple ne s’est pas laissé faire, il a transformé la capitale en un champ de bataille. Dakar était méconnaissable. Le président Wade n’a peur de rien et tous les moyens sont bons pour avoir ce qu’il veut, une personnalité machiavélique. Son passé d’opposant le prouve.

Le président Wade est le père de la démocratie sénégalaise, car si ce n’était pas à cause de sa manière de s’opposer, le multipartisme instauré par le président Diouf n’aurait peut-être jamais vu le jour. Il s’est présenté contre le président Senghor en 1978 après quatre ans d’existence de son parti. En 1981, le président Diouf devient président suite à la démission du président Senghor. Le Sénégal avait deux ans pour préparer des élections. Lors de la perquisition d’un ancien officier pour une petite affaire, une grande affaire surgira. La police trouvera chez lui des cahiers avec des écrits en arabe qui contenait les techniques de sabotages et la vie des militants du PDS dans les camps libyens. Le président Wade s’exile en France et joue la carte de victimisation. Cependant, il reconnaîtra les faits, mais il dira que c’était pour former ses gardes du corps pour le protéger. Le président Diouf gagnera les élections de 83 et malgré qu’elles soient approuvées par l’opinion publique, le président Wade dira que ces élections ne méritaient pas d’être appelées élections.

Les élections de 88 étaient spéciales au Sénégal. Le climat était très tendu avec la grogne des étudiants en 87 suite au retard de paiement de leurs bourses d’études. Iba Der Thiam qui était ministre de l’Éducation nationale était en voyage hors du Sénégal et le ministre de l’Intérieur décide de faire rentrer les policiers dans le campus universitaire. Près de 30 étudiants sont blesses, certains gravement blessés. Certains diront que le président Wade était derrière les étudiants pour que le pays soit en feu. Durant cette  année le président Wade disait qu’il ne se présenterait pas aux élections de 88 tant que le code électoral n’est pas modifié. Il change d’avis et se présente et justifie sa volte-face sur la crise politique, économique et sociale qui sévit dans le pays. Jean Colin disait tout le temps que le Sopi n’est juste qu’une illusion et que le président Wade ne peut pas changer les choses du jour au lendemain. Le ministre d’Etat dira même que : « Wade est un homme dangereux. Il n’a qu’une idée, c’est de devenir Président, il est prêt à tout sacrifier à cette idée. Il n’est pas l’homme d’un programme, mais l’homme d’une ambition personnelle. » Cette même ambition personnelle est toujours présente, celle de faire de son fils le cinquième président de la République du Sénégal. Après les élections de 88, le président Diouf le remporte et les manifestations de l’opposition ont débordé et le président Wade est emprisonné. Le président Diouf joue la carte de l’apaisement et le président Wade est condamné à un an avec sursis, il sort de prison après 72 jours de détention. Après cela, Wade va intégrer le gouvernement du président Diouf à la surprise générale de l’opposition.

Il y aura les élections de 93 avec l’assassinat du Vice-président du Conseil constitutionnel, Maitre Sèye, après que le président du Conseil ait démissionné. Les propos du président Wade envers le Conseil et son Vice-président vont lui valoir une interpellation. Il avait dit que « je ne donne aucun crédit aux décisions du Conseil constitutionnel qui se trouve sous l’influence des hommes d’Abdou Diouf, en particulier de son vice-président, Me Babacar Sèye, qui a été pendant longtemps un député socialiste. Ce n’est pas sérieux. » Après la perquisition chez Wade, ils ne trouvent rien et il est libéré. Cependant, la police met la main sur Cledor Séne, Assane Diop et Ibrahima Diakhaté. Ils avouent qu’ils ont reçu 500 000 du président Wade et 500 000 F CFA de Viviane Wade, l’épouse du président Wade. Ils vont changer la version plus tard en disant que ce sont les leaders socialistes qui les ont donnés de l’argent pour commettre ce crime et blâmer le président Wade. En 2002, le président Wade amnistiera les trois assassins.

Si le président Wade est revenu au Sénégal durant la campagne électorale, c’est pour un but bien déterminé, le président Wade est un stratège. Voulant que son fils devienne le cinquième président de la République du Sénégal, est-il mieux d’attendre cinq ans du président Sall ou d’attendre dix ans au minimum ou douze ans voire quatorze ans d’un autre candidat ? Bien sûr que cinq ans. Pensez qu’il soutiendra un autre candidat autre que le président Sall à qui il reste cinq ans. Le penser, c’est mal connaître le monsieur. Ne pas le craindre, c’est ne pas le connaitre. Une chose est sure, il empêche au président Sall de dormir. Machiavel disait « on fait la guerre quand on veut, on la termine quand on peut».

Mohamed Dia, Consultant bancaire

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