Si vous faites une prière ou exécutez un rituel pour devenir riche, n’oubliez pas de demander également à être vertueux afin de pouvoir œuvrer dans le bien. Il vaut en effet mieux être un sage milliardaire qu’un milliardaire tout court. C’est ce que fut le Sénégalais, El Hadj Djily Mbaye.

Nous n’avons pas assez rendu hommage à cet homme, qui fut à la fois un investisseur conscient du rôle qu’il jouait dans son pays, et un bienfaiteur reconnu par toutes les couches sociales. C’est pour corriger cette anomalie que Mansour Gaye a rédigé cet ouvrage, fruit de plusieurs années de recherches.

Le jeune Mansour Gaye doit être félicité pour cette initiative. Le projet est réussi. C’est un travail rigoureux et puissant qu’il nous donne à voir. On sort difficilement indemne de la lecture de son livre.

Cette biographie excellemment rédigée recèle une mine d’informations sur le célèbre natif de la région de Louga : son éducation, sa famille, ses premières activités, ses investissements, ses relations, ses bienfaits, etc. Tous les aspects de la vie du milliardaire sont passés au peigne fin.

S’il y a une seule phrase qui peut résumer le parcours du milliardaire, c’est celle-ci, puisée dans le texte : « Il a investi dans les hôpitaux pour assurer à l’homme la santé du corps, dans les écoles, pour cultiver l’esprit humain et dans les lieux de culte pour sauver des âmes ».

En réalité, Djily Mbaye a investi dans tous les domaines : immobilier, banque, pétrole, gaz, etc. À Dakar, on lui doit des immeubles et des cités bien en vue : Building des Allumettes (il y était locataire avant de l’acheter), immeuble Fayçal, Cité Djily Mbaye, Cité Fayçal, etc.

Bienfaiteur, cet homme abhorrait l’enfermement communautaire et religieux. Disciple mouride aux nombreuses contributions dans la ville sainte de Touba, il donna cent vingt millions pour la mosquée de Tivaouane et participa à l’édification des mosquées de SICAP Karack, Yoff, Gibraltar, SICAP Serigne Cheikh, etc.

Il était ami avec l’évêque Pierre Sagna de Saint-Louis. Un jour, il fit appeler son majordome chrétien, Pierre Diouf, et lui demanda ce qu’il voulait pour son village. Pierre Diouf insista sur un moulin à mil dont les femmes avaient grandement besoin. Le moulin fut acheté. L’émissaire que Djily Mbaye envoya dans le village, Kader Gaye, y tint une conférence sur le dialogue islamo-chrétien.

On pense que cet homme n’est intéressé que par la religion. Que nenni! Il n’hésita pas à mettre son château de Louga à la disposition des hôtes du Festival international de folklore de Louga (Fifol) et à contribuer aux activités de la célèbre troupe folklorique de la région, le Cercle de la jeunesse de Louga. Au plan sportif, il a construit le stade Alboury Ndiaye de Louga.

Cet homme au regard et au coeur emplis d’humanité, était également plein d’humilité. Un jour de l’année 1984, il accusa un léger retard alors qu’il devait s’envoler pour la France. Les responsables du vol, tenant compte de la stature de l’homme, décidèrent de décaler l’heure d’embarquement. Il se sentit responsable de la perturbation qui portait préjudice aux autres passagers. Aussi, sur-le-champ, il décida de l’achat d’un avion afin de ne plus incommoder des passagers. Son jet privé, le fameux Grumman American II appelé encore Gulfstream II, est acquis chez le constructeur privé américain Gulfstream Aerospace Corporation.

Mais Djily Mbaye était surtout un croyant sincère, « forgé » par les bienfaits du célèbre daara de Coki fondé par le marabout Serigne Matar Ndoumbé Diop. Il est issu d’une famille maraboutique liée à la grande famille de Touba.  Son père, Mame Cheikh Mbaye, était un mystique aux prodiges reconnus.

La foi de Djily Mbaye se reflétait dans tous les actes qu’il posait. Il savait qu’il était en mission sur cette terre. Sentant sa fin proche, il dit un jour à Paris à l’ambassadeur Moustapha Cissé : « Ma mission est terminée ! »

Ayant construit un château à milliards dans sa ville natale, il y indiqua un jour un endroit isolé et dit à l’intention des personnes présentes : « De tout le château, c’est seulement cet endroit qui m’appartient ». Eh bien, c’est à cet endroit, où son père se retirait pour des retraites spirituelles, qu’il est enterré. Il y avait lui-même enterré sa mère l’année d’avant.

Djily Mbaye est pour nous plus qu’un modèle. Voilà un homme qui n’a jamais fréquenté une école de commerce, mais qui a décidé avec sa fortune gagnée à force de labeur, d’opérer de fructueux investissements afin de réduire le chômage dans son pays. Djily Mbaye donne également l’exemple éloquent d’un homme qui avait décidé d’aller au-delà des appartenances qui enferment et qui prônait le dialogue entre les communautés, les cultures et les religions.

Aux jeunes « pressés » d’aujourd’hui, Djily Mbaye a montré que la patience et la persévérance sont la clé du succès. Son premier véhicule était une Peugeot 404, la seconde une Fiat 124, la troisième une Ford Taunus. Suivra une Mercedes qui fera place plus tard à des voitures de luxe de marques : Chevrolet, Rolls Royce, Lincoln…enfin,  une Mercedes blindée hors-série.

Le livre puissant de Mansour Gaye mérite d’être posé sur la main de chaque élève sénégalais. Que dis-je, de chaque élève africain.

Khadim Ndiaye Historien

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