Immensément éloquent, redoutablement étoffé, fortement charismatique, Ousmane Sonko, incarne sans doute le politicien de type nouveau tant rêvé. Hyper détesté par la mouvance présidentielle, l’ex inspecteur des impôts fait trembler l’establishment marron de par la subtilité de ces paroles et son talent. Son style et son mode de communication nous éloigne de cette routine politique, vieille de plus de 50 ans, fortement inféodée au pouvoir. Qu’on l’aime ou pas, le leader du parti Pastef cristallise aujourd’hui l’espoir. Espoir d’une vie meilleure. Espoir d’un Sénégal meilleur tout simplement. Il est vrai qu’il ne peut pas apporter la solution à tous problèmes auxquels les sénégalais sont confrontés, mais il peut mettre le pays sur les bons rails du développement. Enfin bref, je le pense en toute objectivité.

Rassembler au-delà de l’élite intellectuelle

Des espoirs sont certes nés, mais des défis majeurs restent à relever. Le leader des patriotes a beaucoup de pain sur la planche. Si beaucoup d’intellectuels -fortement concentrés à Dakar et dans la diaspora – adhérent à son discours, son véritable challenge reste à convaincre les autres catégories professionnelles plus représentatives, notamment celles qui ont un niveau d’instruction faible. En effet, selon les statistiques officielles, plus de la moitié des sénégalais sont analphabètes, c’est à dire ne savant ni lire, ni écrire dans une autre langue (y compris les langues nationales).

La grande bataille de Dakar, de Thiès et de Touba

Selon l’historique des élections passées, près d’un électeur sur 4 vote à Dakar. La région de Diourbel (portée essentiellement par Touba) représente environ 16% de l’électorat alors que Thiès se situe à 14%. Ces trois régions réunies concentrent à elles seules près de 55% de l’électorat. Celui qui gagne à l’échelle nationale, c’est donc celui qui fait un bon score dans ces bastions électoraux. Pour tenir tête à Macky, Sonko doit y déployer une armada de forces sans nullement minimiser le poids de la ruralité dans l’électorat. L’ histoire montre qu’un président sortant, qui dispose déjà de nombreux instruments et leviers de chantage politique, fait souvent un razzia auprès des électeurs des campagnes qui cumulent les vulnérabilités. Le vote en milieu rural a ses propres réalités.

Un électorat confus

En plein doute, avec des incertitudes politiques à l’horizon, l’électorat est chamboulé et hésitant bien qu’il soit difficile de comprendre comment les sénégalais votent. Les probables inéligibilités de Khalifa Sall et de Karim pourraient jouer en sa faveur. La nature ayant l’horreur du vide. Le leader de Pastef, en s’appuyant sur une grande coalition, doit à jamais profiter de cette situation confuse pour se positionner comme une alternative crédible lors de la prochaine échéance présidentielle. Une loi en politique : ce qui fait la force d’un bon candidat, c’est également sa capacité à rassembler toutes les franges de la population. Seulement, l’inexpérience et le manque de lucidité politique d’une partie de ses soutiens ne rassurent certainement pas. Il y a encore beaucoup de boulot. Et puis, je ne pense pas que le radicalisme puisse triompher dans la politique moderne. Si Macron et Trump ont vaincu leurs adversaires, c’est parce que derrière, il y a une équipe et des conseillers dotés d’une grande expérience et expertise qui ont mis en place une machine électorale parfaitement huilée.

Le piège d’internet

Rappelons-le. De nos jours, l’internet n’élit pas un président au Sénégal. L’euphorie internet n’est que leurre. Le web est certes une niche électorale à tirer profit, mais dans l’environnement sénégalais, c’est un piège qui ne permet pas de voir les électeurs « cachés », plus nombreux et souvent indécis. Il faut revenir aux fondamentaux, seul le travail de terrain porte ses fruits.

M. Codé LO

Citoyen sénégalais.

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