Décidément un deuxième mandat coûte cher, très cher en Afrique. Chaque président y va avec ses propres astuces. Il y en a qui tripatouillent la constitution ou falsifient les résultats d’élections bien transparentes pour se maintenir au pouvoir. Rappelez-vous le slogan de Laurent GBAGBO en 2011 en Côte d’Ivoire: “On gagne ou on gagne”. Avant même les élections, tous les ivoiriens savaient qu’il n’allait pas respecter le verdict des urnes. Il a joué et il a perdu. Une guerre fratricide s’en est suivie et le pays a perdu plus de 3000 fils.
Plus près de chez nous, en Gambie, Yaya DJAMEH a écarté de la course ses adversaires les plus coriaces. Il n’a pas senti le vent de démocratie qui soufflait dans son pays. Au terme des élections, un simple planton de banque le détrôna. Heureusement, il y a eu plus de peur que de mal. Aucune goutte de sang n’a été versée. Sous la menace de l’ONU et surtout de son voisin Macky SALL, il prit ses clics et ses clacs et alla se refugier chez un autre dictateur, pour ne pas le nommer, Obiang NGUEMA MBASOGO. Celui-ci fait partie aujourd’hui des présidents africains qui détiennent le record de longévité au pouvoir. Il dirige son pays d’une main de fer depuis presque trente années. Il n’a rien appris de la chute de son hôte de marque. La liste n’est pas exhaustive mais on ne peut pas la clore sans évoquer le cas de Robert MUGABE. Qu’est-ce qui aurait cru qu’il allait perdre le pouvoir aussi facilement ? Il ne savait même pas ce que s’étaient des élections transparentes. Il les organisait uniquement pour se faire plébisciter par un peuple qui, en réalité, ne l’aimait pas mais l’adorait par crainte à sa police, son armée et sa gendarmerie.
Au Sénégal, maître Abdoulaye Wade a usé de tous les subterfuges imaginables pour avoir un troisième mandat : quart bloquant, invalidation de candidatures, entre autres. Son tombeur avait promis de faire un mandat de cinq ans alors qu’il n’avait même pas encore goutté aux délices du pouvoir suprême. Il a très vite organisé un référendum controversé pour rendre légitime la remise en cause de sa parole. Il est clair comme l’eau de roche qu’il est obnubilé par un deuxième mandat. Pour cela, il est prêt à toute forme d’alliance et de compromission. Il affirma :“Je réduirai mon opposition jusqu’à sa plus simple expression ”. C’est ainsi que Karim WADE fut d’abord jeté en prison puis gracié et ensuite expédié au Qatar. Il ne va pas s’arrêter là car quelques mois plus tard, ce sera le tour de Khalifa Ababacar SALL chez le coiffeur. Il continue de croupir en prison et tout semble évident que sa candidature à la prochaine élection présidentielle est compromise. Le seul challenger sérieux qui reste est Idrissa SECK. Comme on n’est pas parvenu très tôt à le conduire à Rebeuss, on profite de ses erreurs de communication pour le vilipender. Des tirs groupés sont perpétrés contre lui par le régime pour le mettre hors d’état de nuire.
L’acquisition d’un deuxième mandat rime également avec des promesses tous azimuts. De l’Enseignement Supérieur au Préscolaire, des milliards sont promis aux enseignants. Les bourses des étudiants sont augmentées, le prix des tickets de restaurants diminué. Quant aux médecins, la quasi totalité de leur plateforme revendicative est satisfaite. Plus aucun des secteurs les plus névralgiques n’exprime son ras-le-bol. Cependant d’aucuns avancent que les finances publiques risquent d’en prendre un sacré coup. Les plus pessimistes soutiennent même que l’Etat est déjà en banqueroute.
Sous un autre registre, il est regrettable de constater que certains alliés du président font dans le chantage en démissionnant de son gouvernement ou en faisant des sorties fracassantes. Les épisodes les plus récents sont la démission du ministre Mame Mbaye NIANG et le différend qui a opposé la RTS au Groupe Futurs MEDIAS pour ce qui concerne l’exclusivité de la retransmission des matchs de la coupe du monde. La TFM ne diffuserait jamais un seul match si elle appartenait à Ousmane SONKO ou à Malick GACKOU.
Seul le peuple est souverain.
SAMBA DIAMA TOP, professeur.