Selon les résultats définitifs, la coalition Benno Bokk Yakaar obtient la majorité absolue des sièges (119 sur 150 soit 79,33% des députés) à l'Assemblée Nationale. Elle obtient 87 députés sur les listes départementales et 32 autres parlementaires sur la liste nationale. Elle est suivie du PDS qui dispose de 12 sièges (9 sur la liste nationale et 3 sur les listes départementales), Bokk Gis-Gis (liste dirigée par Pape Diop) et Bes Du Ñaak (liste dirigée par Serigne Mansour Sy Djamil) arrivent 3ème ex-æquo avec 4 sièges chacune, le MRDS d’Imam Mbaye Niang et le PVD de Serigne Modou Kara obtiennent chacun 2 sièges. Ces deux partis "religieux" comme on les appelle, arrivent 5ème ex-æquo. Les listes Faxas (Khadim Thioune, fils de Béthio Thioune, guide des « tiantakounes », une branche de la confrérie mouride), URD (Djibo Kâ), AJ/PADS (Mamadou Diop Decroix), CPJE (Demba Diop), TEKKI (Mamadou Lamine Diallo), DEGGO SUXALI TRANSPORT AK COMMERCE (Alassane Ndoye) et LEERAL (Me El Hadji Diouf) obtiennent chacun un siège.
LE SCRUTIN MAJORITAIRE (LISTES DÉPARTEMENTALES)
Par département, Benno Bokk Yakaar emporte 43 départements sur 45. Les partisans du président de la République, Macky Sall, récoltent 95,5% des circonscriptions électorales contre 4,5% pour le PDS. Le parti de Wade l’emporte à Koungheul et à Kédougou. Les autres coalitions et partis n’ont gagné aucun département.
LA FORTE ABSTENTION
Aucun superlatif n’est sans doute trop fort pour qualifier le faible taux de participation des électeurs aux Législatives. 63,24% des personnes inscrites sur les listes électorales ne sont pas allés voter le 1er juillet. Les raisons de cette abstention se déclinent sous plusieurs tons. Certains électeurs se sont abstenus de voter parce que des candidats à la députation ont mené une campagne catastrophique avec des promesses farfelues ; pour d’autres, l’Assemblée Nationale est un lieu de complot contre le peuple. Cette institution fortement dévalorisée par l’ancien régime est, en effet, perçue comme un espace de lutte, de règlement de compte et de "larbinisme".
Des lois scélérates :
– La loi Ezzan pour amnistier les meurtriers de Me Babacar Sèye, vice-président du Conseil constitutionnel tué en 1993 ;
– La réduction du mandat du président de l’Assemblée Nationale pour débarquer Macky Sall ;
– Le projet de loi sur la vice-présidence et la tentative d’instaurer le quart bloquant – c’est-à-dire la possibilité d’être élu dès le premier tour avec 25 % – qui ont conduit à la révolte du 23 juin 2011
Des députés qui se battent (Famara Senghor et Me El hadji Diouf), (Doudou Wade et Aliou Sow)
Des parlementaires qui déclarent être des députés de Wade
LES RÉSULTATS DU VOTE DU 1er JUILLET
Malgré la faible participation aux élections législatives, les Sénégalais ont été cohérents en renforçant le choix présidentiel : la victoire de BBY donne les coudées franches au président Macky Sall qui a maintenant la possibilité de bien mener son programme et envoie plusieurs députés de plusieurs sensibilités à l’Assemblée Nationale. Parmi ces partis, nous avons l’APR, l’AFP, le PS, Rewmi, etc.
La décadence du PDS est confirmée. Le parti de Wade continue sa descente aux enfers : les libéraux ont perdu tous leurs bastions électoraux (Mbacké, Kébémer, Dagana, etc.).
Le faible score de Bokk Gis-Guis exprime une méfiance. Les électeurs n’ont pas accordé leur confiance à cette liste dissidente du PDS.
L’entrée des religieux à l’Assemblée Nationale peut être interprétée comme un désir de moraliser la scène politique et de mettre l’éthique au cœur des actions publiques.
Les résultats des Législatives reflètent aussi :
– la mort politique de plusieurs figures de la scène politique, et le début de réalisation de l’ « idéal » Alternance générationnelle
– la non-acceptation de farfelus ou députés fantoches dans les murs du Parlement
LA PARITÉ
Il est à noter aussi que la parité prônée par tous n’est pas effective. Nous comptons 63 femmes contre 87 hommes. Cela signifie que le mécanisme mis en place pour installer la parité au sein de l’Assemblée Nationale n’est pas productif. Nous avons 58% d’hommes et 42% de femmes. L’objectif n’est pas atteint !
CONCLUSION
Les Sénégalais ont exprimé à travers ce vote du 1er juillet un désir de rupture avec les pratiques malsaines de gestion de la chose publique. Les résultats sortis des urnes montrent aussi que les Sénégalais sont cohérents, responsables, ambitieux et veulent de l'éthique dans les actions publiques et politiques. La moralisation de la vie politique est une exigence du peuple sénégalais.
Mamadou DJIGO Ingénieur en Aménagement du Territoire Spécialiste de l’action territoriale