Depuis un certain temps, des titres de la presse internationale se fendent d’accusations malveillantes à l’encontre du Maroc, accusant injustement le Royaume d’exporter le terrorisme, notamment après les derniers attentats qui ont endeuillé l’Espagne et la Finlande.
Ces organes de presse passent totalement sous silence, dans leurs analyses, que des facteurs endogènes à la société européenne ont favorisé l’émergence d’une pensée islamiste jihadiste au sein de la communauté musulmane dans le vieux continent, spécifiquement parmi les Maghrébins, fortement présents en France, en Belgique, en Espagne, en Allemagne, aux Pays Bas et en Italie.
Pour ne citer que quelques uns de ces facteurs, on retiendra le sentiment de marginalisation ressenti par de nombreux jeunes musulmans européens, l’absence d’une politique de gestion adéquate des questions identitaire, culturelle et religieuse, ainsi que l’exacerbation de la xénophobie et du racisme dans certaines sociétés européennes, comme en témoignent les derniers succès électoraux des partis d’extrême-droite européens.
De nombreux jeunes musulmans européens, face à la problématique de l’échec scolaire et du chômage, ont aussi pris le chemin de la criminalité et de la délinquance, remplissant ainsi les milieux carcéraux en Europe où nombre d’entre eux ont été pris en main et endoctrinés par des idéologues de l’islamisme radical.
D’autres jeunes de la même obédience religieuse et de la même appartenance européenne, en proie à une crise identitaire, se sont tournés vers les lieux de culte contrôlés par les mouvements islamistes radicaux, principaux incubateurs de l’idéologie extrémiste au Maghreb et au Moyen-Orient, orientant progressivement ces nouvelles recrues vers le salafisme jihadiste (prôné par Daech et Al Qaida), qui stipule que l’Occident est responsable du déclin de la civilisation musulmane ; d’où cette violence inouïe que l’on a vécue après les attentats de Paris, fin 2015, de Bruxelles (mars 2016), de Berlin (décembre 2016), de Manchester (mai 2017) et, plus récemment, de Barcelone (aout 2017).
S’il est vrai que la plupart de ces attaques ont été planifiées par des jeunes terroristes d’ascendance maghrébine (Maroc, Algérie, Tunisie et Libye), leur seul lien avec les pays du Maghreb est l’origine de leurs parents. Ces jeunes sont généralement issus de milieux défavorisés en Europe, en échec scolaire et, pour une partie d’entre eux, plongés dans la délinquance.
Ces groupes terroristes, n’en déplaise à ces organes de presse purement subjectifs, sont totalement déconnectés du Maroc ; une réalité qu’ils occultent en mettant en exergue les origines et la nationalité marocaines des mis en cause, plutôt que d’admettre qu’il s’agit d’une dérive extrémiste dont sont coupables, avant tout, des immigrés en rupture de ban avec les sociétés d’accueil.
Il est plus que fallacieux de tenter de diaboliser le pays d’origine des terroristes en question, dès lors que le Maroc ne saurait, en aucun cas, être responsable des forfaits perpétrés de ses ressortissants ayant grandi en Espagne, en France ou en Belgique, car ce sont des citoyens européens, purs produits des sociétés dans lesquelles ils vivent.
En stigmatisant gratuitement le Maroc, on voudrait faire croire qu’il existe dans ce pays une prédisposition génétique à la violence, alors que la radicalisation des terroristes s’est faite dans leurs pays d’accueil et s’est nourrit de l’échec des politiques d’intégration, ajouté à des problèmes identitaires, aux frustrations socio-économiques, au sentiment de rejet ; des facteurs qui rendent le radicalisme islamiste plus attrayant, comme en atteste le cas récent du Marocain Abderrahmane Bouanane (23 ans), auteur de l’attaque au couteau, du 18 août 2017, dans la ville finlandaise de Turku où Bouanane a été radicalisé sur le sol finlandais, en épousant les thèses de « Daech », sous l’influence d’un prêcheur de la haine établi en Finlande.
La composante immigration est, désormais, déterminante dans le terrorisme qui affecte les pays européens où les attentats sont l’œuvre de jeunes en mal d’intégration et fortement radicalisés, soit dans les prisons, soit dans les mosquées et dans des salles de prière non autorisées, ou encore au contact avec des courtiers de l’internationale « jihadiste », rencontrés sur le net et sur les réseaux sociaux.
La radicalisation des auteurs des attentats de Barcelone dans un lieu de culte de fortune, dans la localité de Ripoll, sous l’emprise de l’imam autoproclamé Abdelbaki Essatty, aurait dû susciter davantage l’intérêt des médias, plutôt que d’aller effectuer des interviews décalées avec des proches de ces terroristes, n’ayant plus aucun lien avec ces assassins et ces barbares.
Plutôt que de se livrer à un exercice d’accusations infondées et faciles sur les origines d’un terrorisme foncièrement et exclusivement européen, ne faudrait-il pas conforter et consolider la dynamique de coopération excellente qui existe en matière de lutte antiterroriste entre le Maroc et l’Europe (et reconnue par ces mêmes pays européens !), partenariat sécuritaire qui a permis la mise en échec de plusieurs projets d’attaques terroristes planifiés par Daech.
Au final, ces terroristes maghrébins ne sont en fait que le fruit d’une politique d’intégration défaillante et ratée, marquée par une ghettoïsation et une marginalisation à outrance, et il n’est pas nécessaire d’être un fin connaisseur et spécialiste des questions migratoires pour deviner le sort de ces individus laissés pour compte, loin des programmes d’intégration effective dans le tissu social, que les responsables politiques, stratèges et faiseurs de stratégies ont inventé sans tenir compte de la spécificité de cette frange de la société.
Farid Mnebhi.