Les premiers résultats provisoires de ces élections législatives présentent le parti du guide des «Moustarchidines» comme la quatrième force politique du Sénégal. Peut-être même que si les candidats des autres listes étaient partis en ordre dispersé sans compter sur leurs coalitions, ce parti aurait pu glaner encore plus de points et se positionner comme deuxième ou troisième force politique du pays. C’est la surprise du chef. Mais c’est surtout une preuve de la défaite des partis politiques traditionnels qui ne parviennent à battre ce parti d’obédience religieuse que parce qu’ils se sont regroupés en coalitions. C’est un signal fort pour la démocratie sénégalaise qui montre ses lacunes à chaque élection.
Notre Constitution interdit la formation de partis d’obédience religieuse mais tout le monde sait que le PUR et le PVD recrutent la quasi-totalité de leurs militants auprès des «talibés» de leurs guides et aucune formation politique n’ose invoquer le caractère religieux de ces partis pour contester leur participation à des élections. Aujourd’hui il est constant que ces partis d’obédience religieuse sont en train de se positionner comme des forces incontournables grâce à leur approche religieuse de la question politique. Dans une société où les identités religieuses et confrériques sont de plus en plus marquée, l’interdiction de partis d’obédience religieuse est-il toujours pertinent si le «Dahiratoul moustarchidini wal moustarchidati» fait partie des quatre mousquetaires qui gagnent les élections ?
Notre classe politique gagnerait finalement à organiser -même tardivement- cette Conférence nationale qu’elle a toujours évité en invoquant la «maturité démocratique du Sénégal». Car nous devons réinventer notre Constitution, notre système politique et même notre idée de la République.