Le jeudi 04 mai 2017, le pouvoir algérien a déployé tous les moyens pour amener les quelque 23 millions d’Algériens à voter pour élire leurs 462 représentants à l’Assemblée Nationale.
En effet, le résultat étant connu à l’avance, il était primordial pour l’oligarchie politico-militaire algérienne de s’assurer d’un taux de participation assez élevé pour se légitimer, mais aussi pour préparer le paysage politique de l’après-Bouteflika ; résultat quelque peu obtenu avec un taux d’abstention annoncé officiellement à 12h00 heure par Alger, après un tripatouillage éhonté, de 38,25%.
Face à ce résultat tronqué, on ne peut que s’interroger sur l’honnêteté et la crédibilité de ce scrutin sans enjeu qui offre aux seuls deux partis, sous les ordres de l’armée, des services de renseignement et de la mafia financière, à savoir le Front de Libération Nationale (FLN) et le Rassemblement National Démocratique (RND), le gouvernail de l’Algérie après avoir avoir réalisé le casse électoral de cette année 2017 en faisant main basse, respectivement, sur 164 et 97 sièges et assisté dans ce hold-up par le Mouvement de la Société pour la Paix, dit HAMAS, (MSP/Front du Changement), un parti islamiste proche des frères musulmans, avec ses 33 élus, soit une majorité dictatoriale et intéressée de 294 strapontins à l’Assemblée Nationale.
Ces élections législatives, marquées par le saccage de nombreux bureaux de vote dans la Wilaya de Bouira où des affrontements entre manifestants anti-vote et gendarmes à Rafour, Est de la Wilaya de Bouira, ont eu lieu ainsi que le dépôt de 358 plaintes pour fraudes massives et délits de corruption, bafouent les principes de la démocratie, permettant au Front de Libération Nationale (FLN), parti du Président Bouteflika de conserver une large majorité, et ne reflètent en rien le choix populaire.
Ces élections serviront au final à entretenir l’illusion de la démocratie à une population algérienne, victime d’une interminable et intenable crise économique, alors que d’importantes réserves de pétrole et de gaz enrichissent toujours une oligarchie financière et militaire bien connue.
Ces élections volées au peuple algérien annoncent aussi une instabilité inquiétante de l’Algérie ainsi qu’une accentuation de la répression abominable des peuples Kabyle et M’Zab ainsi que des Algériens de confessions chrétienne et juive.
L’Algérie, rongée de l’intérieur par la faute du système Bouteflika, ne produit presque rien et survit grâce aux importations. Quant à l’argent du pétrole, il a été gaspillé et pillé, et les besoins sociaux vitaux de près de 45 millions d’habitants ne pourront bientôt plus être couverts.
Enfin, il est à noter que les autorités algériennes ont interdit l’accès au territoire algérien à des représentants des médias étrangers, notamment marocains, égyptiens et qataris, attestant par là-même, que celles-ci ne souhaitaient pas que les législatives soient couvertes par des organes de presse qui refuseront de relayer les versions officielles d’Alger.
En fait, les législatives du 4 mai 2017, une fiction politique à laquelle ont participé 63 partis politiques, confirment la faillite du modèle de régime, en place depuis l’indépendance confisquée, perpétué par Bouteflika, ainsi que le probable effondrement du système algérien après son départ dont les effets s’en ressentiront bien au-delà des frontières algériennes.
D’ailleurs, les appels au boycott ont fait florès dans les réseaux sociaux, comme en témoigne une vidéo mise en ligne, le 02 mai 2017, sur Youtube sous le titre « Algérie: Grand buzz pour la vidéo qui appelle au boycott des élections législatives ». Elle est sans commentaire sur la mal vie des Algériens.
Enfin, on ne peut faire l’impasse sur le cas de la Kabylie où les responsables algériens ont procédé à des transferts de populations d’autres Wilayas et contraint les étrangers en situation illégale à voter pour bourrer les urnes et ce, suite au boycott massif de la population Kabyle qui représente près de 30% des électeurs algériens.
Toujours en Kabylie, de nombreux journalistes de médias francophones étrangers ont été empêchés violemment par les forces de sécurité d’exercer leur métier ; une atteinte flagrante et honteuse à la liberté d’expression et au droit d’être informé.
Farid Mnebhi.