Le jeune centriste pro-européen Emmanuel Macron et la candidate de l’extrême droite anti-Europe Marine Le Pen se sont qualifiés dimanche soir pour le second tour de la présidentielle française, marquant le rejet des partis traditionnels, selon les premières estimations.

Favori de ce duel final, l’ancien ministre de l’Economie, 39 ans, devançait devant la chef du parti Front national, 48 ans, selon les estimations de trois instituts de sondage.

Le second tour de la présidentielle est prévu le 7 mai avec une prise de fonctions pour cinq ans du nouveau président courant mai. Des législatives sont ensuite programmées en juin.

La participation à 70 %

Lors du premier tour tenu sur fond de menace terroriste, la participation a avoisiné les 70 %, un des meilleurs niveaux depuis quarante ans, selon le ministère français de l’Intérieur.

Le niveau de mobilisation des 47 millions d’électeurs était l’une des clés du scrutin, alors qu’un sur quatre se disait encore indécis ces derniers jours.

Trois jours après une attaque revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique sur l’avenue parisienne des Champs-Elysées, qui a coûté la vie à un policier, 50.000 policiers et 7.000 militaires avaient été déployés pour assurer la sécurité du scrutin.

Visée depuis janvier 2015 par une série d’attaques jihadistes qui ont fait 239 morts, la France organisait cette présidentielle pour la première fois sous le régime de l’état d’urgence.

Le président socialiste François Hollande, affaibli par une impopularité record, ne se représentait pas après cinq ans au pouvoir et un bilan critiqué jusque dans son camp, notamment dans la lutte contre le chômage.

Pari gagné

La campagne présidentielle française a été riche en coups de théâtre et la plupart des ténors qui occupaient la scène politique depuis des années sont tombés les uns après les autres. Parmi eux, l’ex-président Nicolas Sarkozy et les anciens Premiers ministres conservateur Alain Juppé et socialiste Manuel Valls.

Les débats de fond ont été éclipsés pendant des mois par les affaires touchant notamment François Fillon, exclu du deuxième tour de la présidentielle. Ce dernier avait dévissé dans les sondages après la révélation fin janvier de soupçons d’emplois fictifs au Parlement au bénéfice de sa femme et de ses enfants, suivie de son inculpation pour détournement de fonds publics.

A 39 ans, Emmanuel Macron, qui se présentait pour la première fois à une élection, a gagné son pari.

Inconnu des Français il y a encore trois ans, il a mené campagne sur une ligne pro-européenne et un programme libéral, tant en économie que sur les questions de société.

Rejet des partis traditionnels

Ovni de la campagne, cet ancien conseiller de François Hollande puis ex-ministre de l’Economie (2014-2016) a construit la popularité de son mouvement « En Marche! », qui se veut « et de droite et de gauche », sur le rejet des partis traditionnels et le désir de renouvellement exprimés par les Français.

A 48 ans, Marine Le Pen, présidente du parti Front national, était donnée en tête du scrutin encore récemment par de nombreux instituts de sondage. Elle a semblé profiter de la vague populiste qui a porté Donald Trump à la Maison Blanche et conduit la Grande-Bretagne à voter pour la sortie de l’Union européenne.

Celle qui se définit comme une « patriote » veut en finir avec l’euro et la libre circulation dans l’espace européen de Schengen. Elle est visée par une enquête pour des soupçons d’emplois fictifs de collaborateurs de son parti au Parlement européen.

Les déboires de Fillon

François Fillon, 63 ans, ex-Premier ministre (2007-2012), n’est pas dans le duo de tête. Libéral assumé porteur d’un programme de coupes budgétaires, il avait vu ces derniers mois dans ses déboires judiciaires un « scandale démocratique » et un « complot », voire l’oeuvre d’un « cabinet noir » au sommet de l’Etat décidé à lui nuire.

Autre candidat en échec alors que certains le voyaient au deuxième tour, Jean-Luc Mélenchon, 65 ans, ex-socialiste devenu l’étendard de la gauche radicale sous le slogan de la « France insoumise », était un adepte revendiqué du « parler dru et crû », populiste de gauche pour ses adversaires, défenseur du peuple contre l’oligarchie pour ses partisans.
JEUNEAFRIQUE

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