Le Conseil d’administration du groupe de la Banque africaine de développement (BAD) a approuvé l’évaluation de la recevabilité à une vérification de la conformité  du projet de construction d’une centrale à charbon de 125 MW dans le village de Bargny Minam au Sénégal, financé par la Banque. En approuvant ce rapport, le Conseil d’administration a également autorisé que les experts du Mécanisme indépendant d’inspection  poursuivent  des recherches plus approfondies  pour clarifier les problèmes soulevés par les plaintes de deux groupes de plaignants au nom des membres durement touchés des communautés de Bargny au Sénégal.
Les deux groupes ont soulevé 8 questions similaires, dont : l’option politique gouvernementale jugée non viable consistant à utiliser des centrales électriques à charbon au Sénégal ; le choix du site d’accueil du projet en violation du Code national de l’environnement ; la vulnérabilité accrue des communautés exposées à la pollution de l’air et la perturbation éventuelle de leurs moyens de subsistance en raison de la proximité de la centrale à charbon de la ville et son impact négatif sur un site du patrimoine historique du pays. Ces groupes ont également mis en évidence des risques sanitaires imminents dus à la pollution de l’air imputable aux particules émises par la centrale de Sendou ; la vulnérabilité accrue de la communauté face à l’érosion côtière ; l’insuffisance des consultations publiques avec les personnes affectées par le projet (PAPs) et le non-respect des normes environnementales, sociales et des droits de la personne de la BAD. Ils pointent notamment du doigt l’absence d’un Plan d’action pour la réinstallation (PAR) visant à atténuer les impacts sociaux négatifs du projet.
Après avoir enregistré ces plaintes, la Banque s’est rendu compte qu’il était impératif de mettre en place des mesures d’atténuation suffisantes avant que la centrale ne devienne opérationnelle d’ici la fin de 2017, étant donné que la non-conformité avec la politique en matière de déplacement involontaire des populations, la gestion intégrée des ressources en eau et les procédures en matière d’études environnementales pour les opérations du secteur privé nuiraient aux communautés concernées. Les problèmes identifiés dus au non-respect des politiques de la BAD incluent notamment (a) l’ébranlement des moyens de subsistance de plus de 1000 femmes et autres travailleurs saisonniers et temporaires dont les activités de séchage et de conditionnement des poissons sont informelles ; (b) la reprise sans compensation par le gouvernement des parcelles attribuées aux résidents ; les risques sanitaires imminents dus à la pollution de l’air imputable à la centrale de Sendou ; (c) le risque de pollution des eaux de surface et souterraines ; (d) l’insuffisance des consultations publiques avec les personnes affectées par le projet (PAP).

Le projet a été approuvé par le Conseil d’administration en 2009 pour un montant de 206 millions d’euros, que la Banque cofinance avec la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) et la Nederlandse Financierings-Maatschappij voor Ontwikkelingslanden N.V. (FMO). Le financement de la BAD comprend un prêt privilégié de 55 millions d’euros et un prêt supplémentaire de 5 millions d’euros.

Le projet a été conçu sur la base de contrat de type  « construire, posséder et exploiter » et vise à produire jusqu’à 40 % de l’énergie électrique du Sénégal, un pays qui tire actuellement son électricité de centrales électriques alimentées au diesel. Le gouvernement du Sénégal (GDS) a défini une stratégie visant à diversifier et à augmenter sa capacité domestique de production d’énergie électrique en intégrant des énergies renouvelables à sa puissance de base thermique conventionnelle. Ce sera la première centrale à charbon du Sénégal.

Le charbon sera importé par voie maritime  et déchargé au port de Dakar d’où il sera acheminé par camions au site de stockage de charbon de la centrale. Le projet vise à produire au moins 925 GWh d’électricité par an. L’énergie électrique alimentera le réseau interconnecté national de la SENELEC, la Société d’électricité publique  du Sénégal. Le projet comprend l’aménagement, la conception, l’acquisition, la construction, l’exploitation et l’entretien de la centrale électrique à charbon sur un site de 22 hectares. La production d’électricité pourra passer subséquemment à 250 MW grâce à un projet de deuxième phase dont les préparatifs n’ont pas encore commencé. Le projet prévoit la construction d’une ligne de transmission de 225 kV sur 1,6 km et un poste d’interconnexion associé pour relier  la centrale à SENELEC.
Il convient de rappeler que le projet se situe à environ 600 mètres de l’océan Atlantique et près de deux communautés, la ville de Bargny, située à 2 km au nord-ouest et un village de pêcheurs de 600 habitants, Minam, au sud.

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