Face aux multiples urgences du pays, la méthode du gouvernement est d’agir par ordre de priorité, selon Serigne Mbaye Thiam, le ministre de l’Enseignement supérieur et porte-parole du gouvernement. Il a expliqué, hier, lors d’un forum, les nouveaux principes qui vont guider l’action gouvernementale, basés sur l’éthique, la sobriété et l’efficacité.
Le Sénégal est sorti grandi de la présidentielle du 25 mars dernier, en réalisant sa seconde alternance politique, démontrant ainsi, à la face du monde sa culture démocratique. Pour autant, le pays reste confronté à d’immenses défis : réformes institutionnelles, judiciaires, consolidation du dialogue social ou encore satisfaction de la lancinante question de la demande sociale.
Des questions urgentes auxquelles il faut trouver rapidement des solutions. « Tout est urgence dans ce pays », a estimé le professeur Penda Mbow, hier, au cours du forum organisé par la Fondation Konrad Adenauer Stiftung, sur le thème : « Le Sénégal entre la présidentielle et les législatives : défis et perspectives ». L’historienne, qui a introduit le thème : « Défis et perspectives de la demande sociale », a déploré que l’accès à l’eau potable soit encore un problème au Sénégal. Selon le conférencier, outre l’accès à l’eau, le système de transport n’est pas performant. Le cadre de vie aussi se dégrade à cause de l’insalubrité et l’insécurité, surtout en milieu urbain.
L’ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne au Sénégal, Christian Clages, a demandé au gouvernement de « faire des efforts » dans les secteurs sociaux prioritaires à savoir l’énergie, l’éducation, la formation, la santé et l’emploi.
Définir un ordre de priorité
des urgences
Serigne Mbaye Thiam, ministre de l’Enseignement supérieur et Porte-parole du gouvernement a indiqué que ces urgences ne doivent pas constituer « une échappatoire » pour le nouveau régime. Mieux, a-t-il ajouté, « une fois qu’on a accédé au pouvoir, il ne sert à rien de se lamenter. On a conquis le pouvoir pour régler des problèmes ». Selon lui, il faut mettre par ordre de priorité les urgences. Cela explique, a-t-il dit, que les premières mesures prises par le gouvernement aient porté sur la réduction de la taille du gouvernement, la baisse des prix des denrées de consommation courante, etc. Toutefois, Serigne Mbaye Thiam a indiqué que ces efforts du gouvernement ne peuvent prospérer sans la définition de « politiques durables et soutenables ».
Réformes constitutionnelles hardies
Au plan institutionnel, même si le besoin de réformer a toujours été une demande des partis politiques et même des acteurs des Assises nationales, le constitutionnaliste Ismaïla Madior Fall souligne que le contenu de ces réformes n’a jamais été défini au Sénégal. « On réforme plus ou moins en surface », a-t-il déclaré. Le Pr. Fall a soutenu que le président de la République restera une institution forte dans notre pays, le Parlement ne sera jamais un contre-pouvoir et l’indépendance de la justice ne sera jamais totale et entière.
A la place des réformes générales, intemporelles et personnelles, Ismaïla Madior Fall milite pour des réformes qui posent les vraies questions. L’économiste Pape Ibrahima Bèye a recommandé que l’Etat soit dans une logique d’anticipation et d’évolution permanente. Cela permettra la modernisation de l’Etat, de la Justice et la mise en place d’une administration vertueuse.
Sur ces différentes questions, Serigne Mbaye Thiam a révélé que cinq principes qui guideront la conduite de l’action gouvernementale ont été adoptés. Il s’agit de l’éthique qui doit être au cœur du pacte républicain, de la transparence dans un service public de qualité, la concertation et la participation citoyenne ainsi que l’efficacité qui doit permettre la satisfaction des besoins des populations.
Maguette NDONG