Au Sénégal, une fin de carême chrétien sans Ngalakh est simplement inimaginable vous dira-t-on au pays de la téranga. Ce plat à base de mil, de pâte d’arachides et de « bouye » (fruit du baobab), au goût de yaourt à la cacahuète est distribué par les familles chrétiennes le vendredi Saint (marquant la fin du carême) aux voisins musulmans. Une tradition de partage propre aux Sénégalais, et qui symbolise l’unité.
Nous sommes au marché Castor, il est 10h. Comme chaque matin à cette heure, ce célèbre marché de la capitale sénégalaise accueille grand nombre de personnes. La particularité de ce jeudi est que nous sommes à la veille du vendredi Saint, marquant la fin du carême pour les millions de chrétiens sénégalais. Les préparatifs vont bon train, mais surtout, on est venu s’approvisionner en mil, pâte d’arachides et de bouye, comme l’indique Madame Marie Jeanne. « C’est important pour nous de préparer du Ngalakh, que nous partagerons par la suite avec notre famille et notre voisinage. Le Christ nous enseigne le partage, donc entant que chrétien, c’est important de montrer notre attachement à ces enseignements, mais surtout de fêter avec nos frères musulmans, car le Sénégal est un pays d’hospitalité et de paix. Cette façon de faire nous l’avons appris de nos ancêtres », confie-t-elle.
« Si nous sénégalais continuons avec cet esprit de partage, notre pays ne pourra jamais connaître de problèmes religieux comme on en rencontre ailleurs. Dans chaque famille chrétienne, il y a un musulman comme dans chaque famille musulmane, il y a un parent chrétien. C’est toujours avec plaisir que nous recevons notre part de ngalakh. Moi, je suis un grand consommateur et j’espère que cette année, j’en aurais assez », argumente, tout sourire, monsieur Ndiaye, un musulman commerçant au marché castor.
Il faut dire que le Sénégal est un Etat laïque à dominance musulmane, et en ce week-end pascal, les chrétiens ont l’occasion de consolider les liens de bons voisinages avec leurs frères musulmans qui à leur tour, le leur rendent bien lors de la fête de la tabaski. L’échange lors de ces fêtes montre bien la fraternité entre les deux religions. « Je crois que la tradition de partage qui existe au Sénégal est une bonne chose. Il permet d’avoir un climat calme, surtout dans un contexte où les gens deviennent de plus en plus méfiants. C’est aussi une bonne chose pour le tourisme, et les autres activités qui nécessitent des déplacements des populations. Le partage est une valeur que nous devons continuer à promouvoir dans notre pays, c’est un atout majeur », explique Ismaël Cabral Kambell de la plateforme Jumia Travel, acteur du tourisme.
Au Sénégal, chaque famille chrétienne à son petit secret culinaire du ngalakh. Pour la circonstance la famille en prépare une importante quantité (plusieurs dizaines) qu’elle partage avec tout le voisinage, une bouillie très légère qui fait la joie des grands comme des plus petits. Mais attention, comme on le dit au pays de la téranga, « Défal ndank si ngalakh bi bala moulay yobou ardo », ce qui veut dire « mange le ngalakh doucement, sinon le ngalakh va te manger ».
Marie Josèphe / Jumia Travel
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